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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Ses sujet abondent en héros prédestinés, en scientifiques fous, en clans ou tribus cachés qui à un moment donné doivent apparaître au grand jour et combattre d'autres tribus cachées, en sociétés secrètes d'hommes vêtus de noir qui se réunissent dans des ranchs perdus dans la plaine, en détectives privés qui doivent rechercher des personnes perdues sur d'autres planètes, en enfants volés et élevés par des races inférieures pour, parvenus à l'âge adulte, prendre le contrôle de la tribu et la mener au sacrifice, en bêtes cachés et à l'appétit insatiable, en plantes mutantes, en planètes invisibles qui tout à coup deviennent visibles, en adolescentes offertes en sacrifices humains, en villes de glace habitées par une seule personne, en cow-boys qui reçoivent la visite des anges, en énormes mouvements migratoires qui détruisent tout sur leur passage, en labyrinthes souterrains où pullulent des moines guerriers, en complots pour tuer le président des Etat-Unis, en vaisseaux spatiaux qui abandonnent la Terre en flammes et colonisent Jupiter, en sociétés d'assassins télépathes, en enfants qui grandissent seuls dans des cours obscures et froides. »

Cette (longue) phrase est extraite de la notice biographique et bibliographique d'un certain J.M.S. Hill, né à Topeka en 1905 et mort à New-York en 1936, une parmi celles d'une trentaine de ces écrivains américains (du nord mais aussi, pour la plupart du sud) imaginées par Roberto Bolaño dans ce roman à dispositif.
J.M.S. Hill est censé avoir écrit, en seulement douze ans, plus de trente romans et cinquante nouvelles. En apparence les notices se succèdent, regroupées parfois par origine géographique des auteurs, parfois par similarités de genre ou de style. Il y a des poètes, des romanciers, des essayistes et des journalistes. Mais tous et toutes ont en commun des convictions fascistes qui débordent largement dans leurs vies erratiques.

Cette accumulation, jouissive, de notices telles qu'on peut en lire dans les journaux à la mort d'un écrivain, devient totalement un roman à sa toute fin. Pour aborder le cas de l'infâme Carlos Ramirez Hoffman, de rédacteur jusque-là invisible, Roberto Bolaño se fait narrateur à part entière. Mais n'oublie pas les annexes qui donnent au roman un air universitaire (index des auteurs et des oeuvres).

Evidemment toutes ces trouvailles ont que quoi donner le tournis ! Mais comment rester insensible à l'incroyable intelligence et au style flamboyant de Roberto Bolaño ? Je poursuis donc mon projet de lire petit à petit tout ce qu'il a écrit, tant son univers baroque est pour moi, et pour bien d'autres, une expérience de lecture à nulle autre pareille.
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Après "2666", et " les détectives sauvages, étoile distante et nocturne du chili" j ai lu ce texte, ou plutôt la trentaine de biographies totalement inventées par Bolano. Certaines sont très courtes, d autres plus développées.
Bio d écrivains, de poètes qui, dans leur vie, leur écrit, ont été d une manière ou d une autre, influencés par les idées nazis. Tout est une fois encore suggéré. Bolano instaure un climat particulier, malsain, que l on ressent parfaitement jusqu au terme du livre.
Il faut un talent incontestable à mon avis pour parvenir à un tel résultat.
On est juste " emporté" par sa prose hallucinatoire et les différentes histoires racontées.
J ai une préférence pour ses romans, mais rencontrer Bolano dans une vie de lecteur c est une chance, un réel plaisir. Bolano, je le pense sincèrement, était un écrivain hors normes. Exceptionnel.
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Premier grand roman de Roberto Bolaño, ce livre assez inclassable adopte la forme d'un récit fragmenté, composé de brèves histoires ou micro-récits autonomes mais enchaînés, dont les personnages fictifs (des auteurs d'inspiration nazie) sont traités biographiquement comme réels avec un ton très objectif.
Par sa composition et son écriture, ce roman met en valeur un discours narratif, où l'ironie, la cruauté et l'effet parodique se conjuguent avec une lucidité remarquable et une dimension éthique et esthétique fondamentale. le tout est jubilatoire.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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J'ai mis un certain temps à comprendre où voulait en venir Roberto Bolaño...
"La littérature nazie en Amérique" se présente comme une anthologie d'auteurs nés entre la fin du XIX e siècle et les années 50/60, hommes et femmes issus de milieux sociaux divers, que l'écrivain a regroupé en catégories aux titres parfois poétiques ("Les héros mobiles ou la fragilité des miroirs", "Mages, mercenaires, misérables"...).
En lisant les premières biographies, plus ou moins brèves, l'une occultant la précédente et la reléguant dans un oubli quasi instantané, je me suis dit que je me trouvais là face à un exercice de style qui allait vite devenir barbant. Enfin, je ne me le suis pas dit trop fort tout de même, parce que... Bolaño, quoi ! Il y avait forcément quelque chose à comprendre derrière cette suite de portraits, d'autant plus que le deuxième sentiment que leur découverte a assez rapidement suscité, est celui d'un malaise sourd mais néanmoins bien présent, qui m'a fourni l'une des clés permettant de comprendre -du moins je crois- le but de l'auteur.

Dire que l'anthologie imaginaire de Roberto Bolaño traite de la "littérature nazie" pourrait paraître erroné, dans la mesure où les oeuvres de certains des auteurs qui y sont présentés, d'après les informations qui nous communiquées, abordent des thèmes sans relation aucune avec leurs tendances politiques. Par ailleurs, les idéaux fascistes, la sympathie éprouvée par d'autres pour un Hitler ou un Mussolini, ne sont souvent évoqués que de manière anecdotique, comme des caractéristiques pittoresques et un peu ridicules de la personnalité des auteurs.

Les biographies de "La littérature nazie en Amérique" se présentent comme de froids recensements composés d'éléments factuels sur la vie et l'oeuvre des auteurs, ne comportent ni jugement ni condamnation sur leurs accointances politiques. Et même quand certains d'entre eux sont passés des idéaux aux actes, en participant par exemple aux escadrons de la mort argentins ou en s'engageant dans l'armée franquiste, c'est présenté, à l'instar de ensemble, de manière neutre.

Le lecteur pourrait s'y laisser prendre : voilà donc ces fameux auteurs nazis ? Exception faite de ceux qui, comme évoqué précédemment, ont "fait" le mal, et ne sont pas contenté de le penser ou de l'écrire, ils ne semblent ni dangereux ni vraiment mauvais. Des individus comme les autres et a fortiori comme nous, auxquels nous pourrions éventuellement reprocher nos divergences d'opinions... D'ailleurs, certains d'entre eux ont été très proches de personnalités d'extrême gauche... et voyez cet écrivain qui fit partie du Ku Klux Klan, il avait aussi des amis noirs...

Et c'est bien là le génie de la démonstration de Roberto Bolaño, qui, mine de rien, fait ainsi passer son message : en faisant de presque tous ces auteurs des individus ordinaires, il signifie que la barbarie est une possibilité enfouie en chaque homme (ou femme), et rappelle surtout qu'on ne doit transiger avec aucune forme de nazisme, de fascisme, quelles qu'en soient les manifestations, évidentes ou allusives, actes ou pensées. Démonstration, mais aussi critique féroce d'une société incapable de s'émouvoir, de se révolter face aux dites manifestations. Ce qui nous amène à une autre problématique, également soulevée ici : faut-il dissocier l'écrivain de son oeuvre, ou bien doit-on, au nom des idéaux qu'il défend, le condamner à la censure, ou tout au moins à l'opprobre ?

Le choix de Bolaño semble se porter sur la deuxième proposition. Existe-t-il une juste réponse à cette question ? "La littérature nazie en Amérique" a en tous cas le mérite de nous engager dans une réflexion non seulement sur ce point, mais aussi sur la vigilance qui est de la responsabilité de chacun d'entre nous, quant à la propagation des idéologies fascisantes.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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