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sur 1013 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avoue avoir un faible pour les sagas familiales et celle-ci, ancrée au coeur des grands événements du 20ème siècle, entre l'Europe et l'Amérique du Sud, était particulièrement alléchante. J'avais par ailleurs lu des interviews de l'auteur, Miguel Bonnefoy, que j'avais trouvé pétillant et plein d'esprit, ce qui ne s'est pas démenti lors ma lecture.
J'ai apprécié son style, mêlant le romanesque à la narration de faits réels tragiques de l'Histoire, ainsi que la construction du roman : chaque personnage se retrouve confronté à un choix décisif qui se répercutera sur la prochaine génération.

Cependant, bien que le destin de cette famille soit captivant et riche en rebondissements, les personnages ne m'ont pas fait vibrer, à mon grand regret. Ceux-ci sont tellement habités par leurs passions et leurs convictions, qu'ils en deviennent un peu hermétiques aux autres. J'ai eu l'impression qu'ils évoluaient côte à côte, sans véritables interactions, chacun restant dans son monde, à l'écart dans une bulle. Il y a d'ailleurs très peu de dialogues entre les personnages et l'auteur laisse peu de place aux sentiments. Ce parti pris, qui contribue à renforcer leur singularité et à bâtir la légende de ces ancêtres d'exception, me les a rendus peu attachants.

Je suis donc un peu déçue de ne pas avoir eu le coup de coeur attendu pour cette lecture, mais la qualité d'écriture me pousse à persévérer avec cet auteur : je compte lire prochainement Sucre noir.
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Nous suivons ici 3 générations d'une famille française émigrant au Chili suite à la crise du phylloxéra au XIXe siècle. de nombreux personnages traversent l'ouvrage : le viticulteur français quittant son Jura natal un pied de vigne en poche, un musicien déjanté, un fabricant d'hosties (??. moi qui croyait qu'elles étaient confectionnées au compte-gouttes par des bonnes soeurs!), et une pilote d'avion aventureuse. Nous vivrons l'implication des enfants de la deuxième et troisième générations dans les guerres mondiales et le putsch sanglant de Pinochet en 1973.
Voilà un livre réaliste et baroque aux personnages forts, écrit d'une belle langue classique se laissant parfois aller à un réalisme fantastique typiquement sud-américain.
Un beau pont littéraire lancé de la France au Chili.
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Prenez une fresque familiale mi-sérieuse, mi-loufoque, des origines françaises portées avec fierté, un mode de vie tout ce qu'il y a de plus chilien, la trame historique du XXIe siècle et toute la violence qui y est associée, et saupoudrez le tout d'une passion pour les volatiles et d'un soupçon de magie mapuche...

Miguel Bonnefoy alterne avec brio les péripéties quotidiennes d'une foultitude de fils et de filles de différentes générations et un portrait du Chili et des nombreux immigrés européens qui y débarquèrent, les Français (les Jurassiens surtout!) n'y faisant pas exception. On y suit Lazare et sa lutte vaine pour la mère patrie assaillie par les Allemands, Thérèse et sa volière, Margot et ses rêves d'aviatrice, ou encore Ilario qui subit la cruauté extrême des admirateurs de Pinochet.

Cette multitude de personnage, tous ayant leurs grains de folie, donne une dimension fantastique au récit, et l'on s'amuse de leurs péripéties, mais j'ai tout de même eu du mal à être tenue en haleine à tout moment, et je me suis parfois ennuyée face à cette avalanche de drôleries. J'ai par contre beaucoup apprécié l'envers historique (crise du phylloxera, guerres mondiales, prémices de l'aviation, guerre civile et prise de pouvoir de Pinochet) qui raccroche le récit et les personnages au monde réel.

Je lirai probablement d'autres livres de cet auteur, même si ce n'est pas pour tout de suite !
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Héritage
Miguel Bonnefoy
roman
2018, 207 p, Rivages


C'est un court roman ; on le déguste comme un café serré dont l'arôme est puissant et qui donne une impression d'intensité dans la tasse.
Miguel Bonnefoy est un raconteur d'histoires, un conteur, et répond à la première aspiration des lecteurs : le plaisir de se faire raconter des histoires, et quelles histoires, de celles qui nous emmènent ailleurs, de par leur contenu et la langue avec laquelle elles sont contées. L'auteur, franco-vénézuélien et de père chilien, établit un pont entre l'Europe et l'Amérique du Sud, et Garcia Marquez doit l'écouter et exhaler des souffles odoriférants de réalisme magique.
L'intérêt ne faiblit jamais. L'imagination est riche. D'un style hyper nerveux, avec des comparaisons exotiques, le narrateur construit une histoire sur quatre générations, avec des personnages au tempérament fort, et qu'on ne manque pas de remarquer.
Le premier des personnages vient du Jura, d'où son nom de Lonsonier, avec un pied de vigne et débarque par hasard à Valparaíso à la fin du XIX°. Son fils aîné part en France la fleur au fusil avec ses deux frères à la guerre. Il en revient sans eux et un poumon en moins. Et surtout avec une énorme culpabité, celle d'avoir causé la mort d'un jeune Allemand qui l'avait informé d'une offensive contre la tranchée française. de retour au Chili, il trouve remède à ses souffrances en rencontrant une jeune fauconnière, fille d'un marchand de parapluies bordelais. Ils font une immense volière et une fille qui naîtra dans cette volière et servira son pays d'origine en étant aviatrice. Elle perdra dans un combat son ami le plus cher. Elle revient brisée. Une nuit le fantôme du soldat allemand apparaît, à qui elle s'unit. le fruit de cette étrange union sera un révolutionnaire torturé par les sbires de Pinochet. Il partira en France avec, comme le patriarche, un pied de vigne dans la poche et un cahier dans lequel il raconte ses tortures.
C'est une histoire de déracinés, qui n'appartiennent pas vraiment à un seul pays, qui font l'aller-retour entre deux continents.
Mais l'histoire cède le pas à la manière de la raconter. Les phrases sont rondes, charnues, et courent avec légèreté vers une suite. Les personnages secondaires sont tous intéressants. de plus, le narrateur s'appuie sur l'omniscience et la récurrence ; il informe brièvement le lecteur d'un avenir plus ou moins proche, et crée un effet d'attente.Le narrateur éprouve du plaisir à faire entendre des mots d'espagnol, termes culinaires ou phrases faciles à comprendre par tous, mais on trouve aussi quelques paroles en yiddish. Mais surtout le lecteur subit le charme à la fois du lieu, des savoirs occultes, de potions magiques, du pouvoir des plantes, de la poésie qui imprègne descriptions -le crépuscule avait la couleur des gencives de pumas-, portraits, actes de soins exotiques et sorciers. Tout est vivant, et tout participe au bruissement du monde. le lieu est plus qu'habité, et comme la colline, inspiré. On est plongé dans un merveilleux et on se laisse captiver. de toute manière, il n'y a pas moyen de résister.
Si j'étais restée un peu sur ma faim avec Sucre noir, je suis conquise par Héritage. La dédicace de ce livre m'intrigue. Est-ce qu'une suite du roman est annoncée, ou la suite, c'est Bonnefoy lui-même, partagé aussi entre deux continents?
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J'ai lu ce roman comme une épopée poétique et j'y ai pris beaucoup de plaisir. La conteuse que je suis y a trouvé toute la nourriture qu'elle affectionne : l'aventure, les" hommes" singuliers, les rencontres étonnantes. Je ne reviendrai pas sur le contenu qui a déjà été largement commenté. Je dirai simplement à tout lecteur que s'il n'a pas encore croisé la plume de Miguel Bonnefoy, il peut aller à la découverte de cet Héritage.
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A travers les quelques 206 pages de ce "roman" ( seulement!) c'est l'histoire d'une famille sur plusieurs générations que nous conte Miguel Bonnefoy.
Des personnages hauts en couleurs, décrits au poil près par l'excellente plume de l'auteur, mènent leur existence en France, au Chili, font la guerre, rencontrent celui ou celle avec lequel ils vivront, plantent des vignes...
Des vies, des batailles, des destins étonnants , un vigneron plus que centenaire, une jeune femme aviatrice, un soldat fantôme, une femme amoureuse des oiseaux....
Je me suis laissée emporter une fois de plus par l'écriture colorée de Miguel Bonnefoy, entre poésie, réalisme, voire cruauté, et une sens du détail qui me réjouit toujours autant.
Ceci sur fond d'histoire, les deux guerres, et l'avènement de Pinochet avec toutes les horreurs qui en découlent.
Un grand et très beau livre.
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Avec ce roman, Miguel Bonnefoy se révèle être un remarquable conteur qui nous emmène à la rencontre de la famille Lonsonier, une famille française qui a migré au Chili à la fin du XIXe siècle.

Le patriarche, qui a perdu toutes ses vignes en France à cause du phylloxera, est arrivé en Amérique du Sud un peu par hasard et s'est finalement installé durablement à Santiago afin de repartir à zéro.

Mais les Lonsonier n'ont jamais oublié la France et les générations successives fouleront l'une après l'autre leur terre d'origine dans des circonstances diverses.

Car, tout au long de ce siècle que nous traversons avec les membres de cette famille, deux guerres mondiales font des ravages ainsi que la dictature de Pinochet, ébranlant à chaque fois la vie des Lonsonier.

Au fil des chapitres, cette lecture trépidante s'attarde tour à tour sur un personnage. Des protagonistes truculents que l'on suit dans leurs aventures, guidés par les aléas de la vie ou par leurs actes parfois un peu démesurés.

Un voyage extraordinaire entre la France et le Chili dans lequel j'ai découvert la plume délicieuse de Miguel Bonnefoy. L'imagination fertile du romancier fait carton plein avec cette histoire portée par un souffle épique et romanesque savoureux auquel s'ajoute un soupçon de surnaturel qui s'entremêle habilement à l'ensemble.

Un roman court mais intense et très rythmé, qui fait la part belle aux femmes, à l'exil et au déracinement. Une saga familiale passionnante.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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En 1873, celui qui deviendra Lonsonier part de France où il était viticulteur dans le Jura, pour rejoindre la Californie après la grande épidémie de phylloxera du XIXe siècle. le père de Lazare accoste finalement à Valparaíso au Chili avec trente Francs et un cep de vigne en poche. C'est à Santiago du Chili qu'il va refaire sa vie, d'abord en épousant Delphine, puis en lui faisant trois fils et en reconstituant là-bas les vignes perdues de France.

Quatre générations plus tard, que sont devenus ces enfants d'émigrés ?
Lazare a connu la guerre, la moche, celle des tranchées qui le laisse à jamais exsangue et amputé à la fois d'un poumon et de sa jeunesse comme de son insouciance. Il a fait sa vie auprès de la belle et sauvage Thérèse qui aime les oiseaux autant sinon plus que les hommes.

La vie continue, arrive Margot. C'est une enfant passionnée qui rêve de devenir pilote. Pas facile quand on est une femme dans un univers d'hommes et en plus dans une discipline balbutiante. Il faut de la pugnacité pour assouvir sa passion.
Mais à son tour, portée par l'amour d'un pays qui pourtant n'est pas le sien, elle part faire la guerre en Europe, la grande cette fois. Là, elle sera une combattante de l‘ombre et c'est une femme différente, bien que saine et sauve, qui revient au pays. Un fils, Ilario Da, et une révolution plus tard, le pays sombre dans la dictature. Il faut alors essayer de vivre ou de mourir, avec ou sans gloire. Ilario est arrêté, torturé, forcé à son tour à l'exil.

L'écriture est belle, puissante et simple à la fois, les caractères sont bien trempés, le surnaturel occupe sa juste place et le rythme ne faiblit jamais. L'auteur une fois de plus nous transporte dans une saga qui, à travers plusieurs générations, mêle les traditions de deux pays, dans cette époque difficile de deux grandes guerres, aborde les affres de la dictature et ses conséquences sur tout un pays, et y pose un brin de surnaturel comme il sait si bien le faire. Une histoire qu'il connait bien et qui est aussi son propre héritage.

Les personnages hauts en couleurs nous font vivre à travers leurs familles l'histoire du Chili, ses liens avec la France et la difficile adaptation des migrants qui jamais ne renient leur pays d'origine. Il est important aussi de se souvenir que si les français accueillent sur leur sol les migrants d'aujourd'hui, de nombreuses générations ont eu par le passé à migrer à leur tour vers des terres plus ou moins hospitalières.

lire ma chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/09/25/heritage-miguel-bonnefoy/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Et si finalement nos vies n'étaient qu'un leurre, une chimère bâtie sur une mythologie familiale qui se transmettait de génération en génération subissant à chaque récit une transformation, à l'instar d'un conte que l'on dirait lors des veillées et auquel on apporterait une touche personnelle pour l'embellir grâce à un ajout discret ou un oubli quelque peu involontaire mais aussi, par l'ostracisation de celles et ceux qui dérangent, qui font honte. Parfois même, le récit ne révèle pas tous les secrets familiaux et on découvre un jour qu'un patronyme a été déformé, qu'un célèbre oncle lointain n'a jamais existé. Mais tous ces récits, véridiques, erronés ou inventés par la force des choses ou les circonstances peuvent, aux pires moments de nos existences, laisser pénétrer la lumière et l'espoir dans le tunnel infernal de la vie.
Héritage, relate cent ans de cheminement d'une famille entre la France et le Chili, de 1873 à 1973, du cancer de la vigne jurassienne appelé phylloxera aux pires tortures des geôles de Pinochet. Quand le patriarche décide de fuir la ruine, il s'embarque au Havre avec quelques pièces de monnaie et un pied de vignes qu'il a bien l'intention de planter en Californie. Mais la destinée, en décide autrement et c'est au Chili qu'il est débarqué, contre son gré. Les services de l'immigration confondent son nom et celui de sa ville d'origine, Lons-le-Saunier et c'est ainsi que sa famille portera le patronyme de Lonsonier.
L'aventure commence à une époque où tout semble possible en Amérique du Sud, terre qui fait rêver bien des aventuriers, des poètes, des artistes (on peut penser à Blaise Cendrars et à sa longue poésie intitulée « Le Panama ou les aventures de mes sept oncles »), terre d'immigration qui brasse une multitude de cultures.
Ce récit, alterne réalisme et surnaturel : la ruine familiale, la rencontre d'une sorte de sorcière qui remettra en question la destination du patriarche, les naissances et la guerre, celle des tranchées tout d'abord pour laquelle s'engageront les fils du vieux Lonsonier. Lazare, le fils rescapé fera fortune avec sa fabrique d'hostie et sa rencontre avec Thérèse, passionnée d'oiseaux, donnera naissance à Margot, dans une volière ; celle-ci pilotera des avions et participera à la seconde guerre mondiale. Autre mystère, le jeune Allemand, fantôme de Lazare et source de sa culpabilité qui sera le père d'Ilario Da, son petit-fils qui s'engagera en politique en intégrant le MIR et connaîtra la torture. Grâce à la mythologie familiale, l'oncle inconnu, celui dont on parle depuis cent ans, les derniers descendants trouveront la force de quitter le Chili et revenir à la source, une France fantasmée, le Jura, avec un pied de vigne et quelques francs pour tout bagage.
Lien : https://yzabel-resumes-et-po..
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Un très bon moment de lecture … déjà emporté par son écriture limpide, poétique de sucre noir, Miguel nous emporte cette fois ci sur les traces d'une famille franco Chilienne.
Une saga de 3 générations, la famille Lonsonier, qui à partir d'un pied de vigne feront une traversée dans le temps, de chemins chaotiques, de nouveaux lieux, d'entreprises étonnantes, de femmes combatives, aéronautique, guerres et pour terminer le cycle de tortures …

Un bémol pour moi, une histoire qui aurait mérité quelques chapitres de plus .
On ne reste pas insensible après ce récit, un dur et triste héritage, mais de l'engagement et de l'espoir!
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