AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les six compagnons, tome 1 : Les six compagnons de la.. (10)

Kafi, si on nous sépare, je te retrouverai...
Commenter  J’apprécie          40
Ce jour-là, je ne l’oublierai jamais. C’était à la fin de septembre. On avait encore l’impression du plein été, avec sa grande lumière, ses cigales qui frappaient des cymbales dans les oliviers. Au début de l’après-midi, nous étions partis, Kafi et moi, grappiller dans les vignes les raisins oubliés par les ciseaux des vendangeurs.
Commenter  J’apprécie          10
Il s’appelait Kafi, du nom d’un vieil Arabe qui me l’avait donné, six ans plus tôt, pas plus gros qu’une pelote de laine. Ce vieil Arabe, un marchand ambulant, était passé un soir, à Reillanette, chargé de tapis et d’objets de cuir et accompagné d’un chien-loup, ou plutôt d’une chienne à qui il confiait la garde de sa marchandise. L’homme avait demandé à coucher dans une grange, près de chez nous. Dans la nuit, la chienne avait eu deux petits dont l’un était mort en naissant. Le vieil Arabe ne pouvait emmener l’autre, mais il aimait les bêtes et ne voulait pas le supprimer. Il nous l’avait offert, ne demandant rien en échange, proposant même son plus beau tapis si nous gardions le petit animal. Émue, ma mère, qui savait combien j’aimais les bêtes, avait accepté le chien pour moi… et refusé le tapis, pour elle. Alors le vieil Arabe était reparti soulagé, disant que nous pourrions appeler le petit chien Kafi, comme lui-même, parce que, dans son pays, on donnait volontiers aux animaux qu’on aime bien le nom de leur ancien maître.
Commenter  J’apprécie          10
Ce jour-là, donc, nous étions partis dans les vignes. Plus vif que moi, Kafi me devançait et happait les plus beaux raisins à grands coups claquants de mâchoires. Mais je n’étais pas aussi joyeux que d’ordinaire. Je savais qu’un événement se préparait et que, peut-être, tout à l’heure, quand papa rentrerait…
Commenter  J’apprécie          10
Non, je n’étais pas pressé ; pourtant, une force irrésistible m’attirait vers Reillanette où, tout à l’heure, mon père allait descendre de l’autobus. Je pris dans mes mains la tête de Kafi et le regardai dans les yeux, pour une confidence.
Commenter  J’apprécie          10
Bien avant l’arrivée du car, je vins m’asseoir sur le banc de pierre de l’unique place du village, une place si petite que, pour tourner, l’autobus devait s’y prendre en deux fois. Kafi devinait mon émoi ; il me regardait d’un air penché, comme lorsque lui-même était inquiet. Je le caressai sur la tête, chiffonnant ses oreilles pointues tout en jetant un coup d’œil vers l’horloge du clocher. À mesure que le temps passait, mon impatience devenait presque de l’angoisse, sans que je susse pourquoi.
Commenter  J’apprécie          10
En entendant maman prendre la défense de Kafi, j’avais repris espoir. Un sanglot me secoua. Je me jetai à terre, étreignant mon chien. Il y eut un lourd silence puis mon petit frère, lui aussi, se mit à pleurer. Alors mon père se leva, posa la main sur mon épaule.
Commenter  J’apprécie          10
Quand, deux heures plus tard, je montai dans ma chambre, mon chagrin ne s’était pas apaisé et je sentais qu’il ne s’en irait jamais. D’ordinaire, Kafi couchait au pied de mon lit sur un vieux paillasson recouvrant le carrelage rouge et il ne bougeait plus jusqu’au lendemain, à mon réveil. Alors il se levait, posait sa tête sur le drap en poussant de petits grognements étouffés, attendant sa première caresse.
Commenter  J’apprécie          10
Nous quittâmes Reillanette les premiers jours d’octobre. Maman avait espéré que nous partirions plus tôt, pour que je ne manque pas la rentrée des classes, mais les locataires de la Croix-Rousse venaient seulement d’évacuer le logement.
Commenter  J’apprécie          10
Pour transporter notre mobilier, mon père ne s’était pas adressé à une entreprise de déménagements d’Avignon, mais à un maçon du voisinage qui possédait une camionnette et demandait moins cher. Si la voiture n’était pas grande, notre mobilier, lui non plus, n’était pas encombrant. Nous n’aurions là-bas ni cave, ni grenier, ni jardin, et il avait fallu se débarrasser de beaucoup de choses. J’avais été peiné en voyant disperser tous ces objets familiers, témoins de mon enfance, c’était peu de chose à côté de mon chagrin de perdre Kafi.
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (214) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quiz sur le livre "Les six compagnons dans la ville rose" de Paul-Jacques Bonzon.

    Qui est Kafi ?

    le chat de Tidou
    le chien de Tidou
    le surnom d'un ami à Tidou
    le surnom de la mère à Tidou

    10 questions
    7 lecteurs ont répondu
    Thème : Les Six Compagnons, tome 38 : Les Six compagnons dans la ville rose de Paul-Jacques BonzonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}