Je suis resté longtemps assis sur une chaise de la cuisine, face à la fenêtre, le temps de déguster ce bon café du matin, tranquillement, sans bruit, peut-être une heure. Il faisait très beau. Ce mois de mars est exceptionnel tant au niveau de l'ensoleillement que des températures. De toute façon, depuis plusieurs années, nous passons directement de l'automne au printemps. Nous ne connaissons presque plus la pluie.
Les histoires d'amour n'ont que le commencement. La suite, c'est de l'entretien.
Un policier m'a demandé quand j'avais vu monsieur Polita pour la dernière fois. Cela m'a fait penser aux séries policières que je regarde de temps en temps. Les policiers posent toujours cette question. C'est drôle de se retrouver comme dans un film.
La compagnie des oiseaux. Le vieux poirier sans plus de poires. La mare et les insectes dans un rayon. Le paysage, au fond. Une ville tout là-bas.
Parfois j'aime faire des phrases sans verbe. Cela donne un côté poétique, je trouve.
Penser au présent. Profiter du présent et des bonnes choses de la vie malgré les difficultés. Au final, le présent est une source de satisfaction puisqu'il est immobile. Tandis que le futur approche de nous et que le passé s'éloigne.
Il faut forcément se rendre à l'évidence. Vivre avec son temps, c'est vivre désormais sans mouvement. Sans circulation. On peut tout faire grâce à une simple connexion Internet.
J'imagine parfois un aquarium qui prendrait l'espace entier de la pièce et je serai dedans. Je nagerais avec les poissons. J'oublierais tout.
Mais comme nous sommes en guerre, autant dire qu'il n'y a pas à tergiverser. On a du tri à faire. Ça, on garde, et ça, on ne garde pas, point final.
Chez les poissons, tout va bien. Je laisse la lumière allumée au minimum. Cela me rassure quand je m'endors sur le canapé. Les poissons sont là, à peine éclairés. Ils sont calmes. Ils vont et viennent. Ils grignotent une herbe, nettoient les parois, fouillent dans le sable. Ils nagent lentement. Ils découvrent l'espace continuellement puisqu'ils n'ont pas de mémoire. Cela doit être un drôle d'avantage, de ne pas avoir de mémoire. Oublier tout à l'instant même. Oublier tout. Les hommes n'ont pas ce talent. Pouvoir oublier tout, tout le temps. Le temps ne passe donc plus, peut-être. Ni le temps ni la mort. Pas de passé, pas de futur. Juste une chose un peu molle, qu'on appelle le présent, qui apparaît et disparaît aussitôt. J'aimerais beaucoup oublier de cette manière. Je me sentirais plus léger. Comme un poisson dans l'eau.
Tout le monde a eu envie de tuer quelqu'un un jour ou l'autre. Nous sommes tous plus ou moins des assassins, non ? On passe ou on ne passe pas à l'acte, voilà la différence.