Bouncer, tome 10 : L'or maudit

Assez curieusement, j'ai toujours apprécié les scénarios de Jodorowsky pour "Bouncer", alors même que le bonhomme me laissait a minima dubitatif, que ce soit en BD (à l'exception des "Chevaliers d'Héliopolis" récemment), ou en matière de films ("La Montagne Sacrée" !).
Or, voici que pour ce 10ème volume, Boucq se retrouve seul aux commandes.

On peut pourtant parler d'une vraie réussite.

On avait laissé Bouncer de retour dans son saloon de Barro City (l'Infierno) après sa traversée du désert (au sens propre) et en ayant mis fin à l'existence du pénitencier hors-la-loi de Deep End.
Bien évidemment, il ne pouvait pas couler une vie paisible et quand une petite fille est sauvagement assassinée, il ne tarde pas à comprendre qu'il lui faut repartir en chasse. Et encore dans le désert en plus !

Certes, l'histoire est plus classique (je n'ose pas dire plus sage), un peu moins baroque (encore que certaines séances oniriques comme celle qui ouvre l'album, pourraient être sans problème, signées Jodo), mais il reste assez de perversion pour tenir 80 pages avec un méchant comme on (ne) les aime (pas) : El Cuchillo, au service d'une aristocrate obèse, en quête d'un trésor enfoui dans le désert de Sonora. Son interrogatoire au couteau d'une vieille indienne, mérite son inscription au classement des pires psychopathes de l'Ouest.

Côté scénario donc, c'est du tout bon, avec des influences diverses aux Westerns ou aux BD de référence (il y a un côté "Spectre aux balles d'or/Mine de l'Allemand perdu" de Giraud avec un relent du récent "Sauvage" de Yann et Meynet avec ces anciens soldats de Maximilien et même d' "Undertaker' de Dorison et Meyer avec une asiatique et un corbillard...).
Côté dessin, c'est du Boucq, ce qui signifie des planches d'anthologie, des paysages à couper le souffle, des dessins très dynamiques...mais aussi, des visages parfois assez ingrats.

La suite, vite !