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3,56

sur 423 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme qui n'a plus rien à perdre.
Cette femme, c'est Sylvie, une cinquantenaire mère de deux enfants, qui travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc.
Au premier abord, elle a le profil d'une femme banale, sans histoire.

Le roman, écrit à la première personne, nous explique au fur et à mesure tout ce qui l'a poussée à commettre un acte grave.
La tension monte crescendo sans moment de vide.
Bien que son acte soit condamnable, il lui a permis de se sentir enfin libre, après toutes ces années à obéir et à subir dans le silence.

J'ai été complètement happée par ce livre, la narration à la première personne est un plus pour que le lecteur puisse s'imaginer à la place de Sylvie et l'aider à comprendre son geste.
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Une transgression. Un jour de novembre, les vaisseaux, artères, veines et autres capillaires de Sylvie Meyer, 53 ans, ont convergé pour former une vague monstrueuse, un tsunami vengeur, une lame de fond si puissante qu'elle ne l'arrêterait pas.
Rien que de très ordinaire chez cette mère de deux fils, cadre dans une entreprise de caoutchouc. le quotidien, la succession ininterrompue de tâches, devoirs, injonctions. Si peu de respirations. Et, derrière la façade policée, les fissures qui s‘agrègent : le mari enfui, le patron geignard se rêvant loup capitaliste, la longue litanie de jours identiques, éreintants, et la perspective de lendemains identiques.
Quand son patron lui demande, nécessité fait loi, d'établir des listes, des niches, des viviers séparant bons et mauvais travailleurs en vue d'un plan de licenciement, Sylvie s'y atèle avec professionnalisme. Elle va même y trouver la saveur grisante du pouvoir. Elle a franchit le pas de trop, celui qui fracasse l'image en elle de celle qu'elle voulait être. Sa flamme intérieure, cette femme à l'intérieur, si ténue et fragile, ce rêve d'autre chose. Et le destin bascule.
Pendant une nuit, elle séquestre son patron. Ivresse d'une force nouvelle, rédemption au forceps par l'acte transgressif. Enfin la vie qui la pénètre avec la violence d'une tempête.
88 pages de monologue. Au départ écrit pour le théâtre, le texte de Nina Bouraoui fouaille, dénude, dissèque les rouages intimes qui mènent à ce paroxysme. C'est un texte fort, brut, sans artifice, impitoyable. Certaines critiques y ont vu et encensé un texte féministe. C'est aussi juste. Mais s'il est vrai que le « secret » dévoilé dans les dernières pages corrobore cette thèse, il m'a paru comme une facilité narrative justifiant une transgression qui ne le nécessitait pas. Cela n'était pas nécessaire. La vie rétrécie de Sylvie, la mienne, celle de mes voisins, menée au rythme injonctif d'une société débilitante qui occulte le temps perdu, la saveur des paresses, la jouissance de l'inutile suffisait pleinement à ce « pétage de plombs ». Otages, le titre est écrit avec un S. Et ce S vaut pour tous, hommes ou femmes, coincés sur les rails qu'on nous trace. J'ai pensé furieusement au film The Wall, et ce morceau musical a été la bande son lancinante de ma lecture.
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Je termine à l'instant Otages, prêté par une amie. Je l'ai commencé un peu par hasard parce que j'avais envie de me plonger dans un livre court. Et puis, il y avait ce regard… le regard de cette femme en couverture m'interpellait et je me suis plongée dans son histoire.
J'en suis sortie avec les larmes aux yeux, une boule dans la gorge et des tas d'émotions indescriptibles. Pas de démonstration, pas de violence hormis celle que nous affrontons quotidiennement sans en avoir l'air mais une simple histoire de femme. Et ce sentiment d'avoir terminé une lecture qui me marquera. Après l'avoir lu, je suis allée voir les différentes critiques et chroniques et ce livre ne fait pas l'unanimité, comme beaucoup. Toujours est-il qu'il a résonné en moi (alors que je n'aime pas les livres sans dialogues d'une manière générale).
C'est un coup de coeur, un vrai, un franc.
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Enfin en Livre de Poche, ce fort intense roman de Nina Bouraoui raconte l'histoire d'une femme qui pète les plombs. A cinquante ans et maman de deux enfants, Sylvie Meyer vit dans le silence, repliée sur elle-même, insatisfaite de son existence. Son époux vient de l'abandonner et son métier reste le seul phare pour la maintenir debout. Puis, un jour, son boss la charge d'espionner les autres salariés et de lui faire un rapport. Lorsqu'il l'humilie, elle saisit un couteau et le menace. Au-delà du prétexte, ce livre offre un portrait de femme dans ce qu'il a plus fragile. La cinquantaine est pour beaucoup un passage terrible, celui de toutes les remises en question, des défis, des duels, des abandons. Il s'agit surtout du reflet de la vie quotidienne qui montre la fragilité et la vulnérabilité de certaines personnes qui pensaient avoir attient un but et pour qui, brusquement, tout s'effondre avec fracas.
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C'est un mur construit pierre après pierre, dont chacune pèse de tout le poids d'une vulnérabilité qui ne dit pas son nom. Une cloison imperméable à toute la violence du monde, celle qu'elle connait, qu'elle voit, qu'elle entend ; mais qu'elle ne laisse pas entrer en elle.
Une forteresse aussi imprenable que celle qui protège les puissants des soumis en la métaphore d'une société construite sur un rapport de force inégal qui sacrifie ses femmes en les maintenant otages d'une faiblesse construite sur une peur universelle, à la merci de tout manichéisme.
Alors elle se réfugie derrière une barrière qui la protège des autres tout en la maintenant prisonnière d'elle-même. de ses peurs et de ses souffrances. D'une tempête qu'elle encaisse pourtant à son corps défendant, sans en avoir conscience, qui s'infiltre insidieusement par chaque pore de sa peau, jusqu'à créer une brèche.
Le mur craquelle, l'exposant aux autres et à cette violence extérieure qui se fait sienne, quand sa fougue se déchaîne, déborde et ruisselle par toutes ses fêlures, battant les digues sur la mesure de toutes les claques qu'elle aura reçues ; de mépris, de soumission, d'ignorance, en flots teintés du rouge du sang versé lorsque le mal est entré en elle. Quand elle est devenue otage des autres. Otage d'elle-même.
Un déluge de colère et de vengeance qui noiera les frontières et brisera les chaînes qui enferment chacun dans son rôle.
Pour sa liberté.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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« Otages » est vraiment un superbe roman, un coup de coeur !

Nina Bouraoui est une auteure que je n'avais pas encore lue. Il aurait été dommage que je passe à côté de cette romancière talentueuse.
L'auteure, d'une jolie plume très incisive, brosse un éblouissant portrait de femme.
Nina a su, avec finesse et poésie, traiter un sujet sensible celui de la violence quotidienne faite aux femmes, toutes les violences même les plus insidieuses.
Le roman est écrit avec dynamisme, avec fièvre, comme pour mieux éclairer la personnalité énergique de l'héroïne Sylvie Meyer, une femme pressée, pressurée sans s'en rendre compte.

Sylvie Meyer, la cinquantaine, est une acharnée du travail et a délaissé sa vie de femme, sa vie sentimentale et maritale. Elle s'est faite avalée par sa vie professionnelle au rythme endiablé de la société actuelle. Travaillant dans une usine de caoutchouc, elle satisfait pleinement aux exigences de son patron. Un patron, toujours inquiet et déprimé, qui ne semble pas être à sa place et qui se repose trop souvent sur sa collaboratrice.
Sylvie Meyer, a deux enfants et avait un mari qui l'a quittée sans explication.
Une rupture dont elle semble avoir absorbé la douleur, comme anesthésiée d'un « même pas mal !».

Mais voilà, un soir son patron, qui a une grande confiance en elle, lui confie une terrible tâche. Elle devra constituer un dossier sur tous ses collègues en vue d'un plan de restructuration et en conséquence de licenciements.
Sylvie accepte cette mission…surement trop vite !
C'est alors que l'armure qu'elle avait endossée depuis tant d'années, cette carapace qui la protégeait de toutes les trop grandes sensibilités et questionnements, va commencer à se fissurer.
Petit à petit, Sylvie Meyer va se remettre en question, des souvenirs enfouis vont refaire surface, des blessures lorsqu'elle était jeune fille, mal cicatrisées dans le coeur, vont se remettent à saigner. Son âme va devenir poreuse, des sentiments de solitude, d'injustice, de regrets vont ainsi s'infiltrer en elle. Et puis arrivera cette sensation terrible de se sentir « sale ». Cette pensée de devoir composer cette « charrette », de devoir trancher qui restera ou partira dans son entreprise, lui donnera le sentiment d'être abjecte.
Lentement tout deviendra lourd, tout deviendra oppressant.
Lentement Sylvie Meyer sera emportée dans un tourbillon étourdissant d'émotions qu'elle contenait depuis trop longtemps. Lentement ses silences, son mutisme, son calme, son self contrôle et ses facultés à encaisser les coups, vont faire place à de l'angoisse, puis de la colère.

Tout basculera en un soir.
La femme s'armera d'un couteau, se rendra à l'usine pour se diriger vers le bureau de son patron, dont elle sait qu'il travaille tard.
Sylvie Meyer va alors se libérer, va briser le carcan où elle s'est sentie être prisonnière, comme prise en otage.

Le roman se termine par une lettre des plus vibrantes, émouvantes, déchirantes. Une lettre écrite par Sylvie Meyer à son mari.

Cette fiction bouleversante écrite d'un grand réalisme et d'une belle sobriété, aurait pu raconter une histoire vécue.
Un drame dur et rugueux de ces temps modernes que vivent des centaines d'hommes et de femmes. Des personnes en souffrance, qui à un moment de leur vie perdent l'équilibre et viennent se fracasser la tête sur le macadam d'un burn out ou d'une dépression grave.
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Terrible récit d' une femme à la moitié de sa vie ,
qui quittée par son mari fait un constat très dur de sa condition de femme ,de mère, d ' épouse mais aussi de travailleuse.
Elle remonte depuis son enfance où le modèle parental ne lui a pas permis d 'être libre ,d ' être dans la vérité des relations et de sa place dans le monde.
Elle affronte ses démons et veut se libérer de ses chaînes,tout en ayant un regard sans concession
sur sa vie familiale et professionnelle.
Elle a accumulée tant de frustrations ,tant de brimades, tant d ' humiliations ,tant de silences ,
tant de violences silencieuses ,tant de fatigue
qu ' elle explose de tous ses pores ,de tous ses sens.
Les mots coulent, se déversent trop longtemps retenus ,redeviennent vérité en se libérant et en la libérant.
C ' est un récit puissant qui met mal à l 'aise car il nous parle à toutes pour une raison ou une autre et s' il ne fait pas miroir il nous questionne forcément.

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Du jour au lendemain le mari de Sylvie lui dit qu'il la quitte. le savait-elle ou le pressentait-elle ? Toujours est-il qu'elle continue sa vie de mère et son travail. A son travail son employeur lui demande toujours plus. Et lorsqu'il lui demande de sélectionner les salariés dont il doit se débarrasser, Sylvie n'y arrive pas. Sans préméditation elle va séquestrée son employeur, et même s'il lui dit qu'il comprend sa fatigue elle sait qu'il n'en restera pas là. On vient la chercher chez elle, elle pense qu'elle va aller en prison. Pas de peur, juste un soulagement après toutes ces années de déni.
Un portait de femme poignant qui ne laisse pas indifférent et colle à notre monde moderne.
Juste un petit coup de "gueule", page 49 : d'avoir rencontré un homme, pas trop mal, travailleur, MOINS PIRE que les autres, mais qui semblait..." MOINS PIRE une expression à la mode !!!!
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Dérangeant? Plutôt qui porte à réfléchir, aussi bien sur le couple, le travail, la vie... même si l'on n'a pas vécu un traumatisme comme la narratrice.
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Un roman fort qui met mal à l'aise ! Il est question d'une femme, des femmes et des jeunes filles... et des maux, des violences, qu'elles ont pu vivre et ressentir, au cours de la vie...

Le climat devient lourd petit à petit... jusqu'à l'étouffement...

Ce que j'ai envie de retenir, avant tout, de ce texte puissant et très bien écrit : "Faisons attention à nos enfants, mettons les en garde et discutons avec eux ! Il faut libérer la parole !"
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