Avant qu’il n’ait eu le temps de passer un savon à sa pauvre employée, Sanchez entendit une voix qui lui retourna les tripes et lui glaça le sang.
« Hé ! barmaid. Remplissez ce verre à ras bord. »
Sanchez porta son regard en direction de l’homme assis au comptoir. Pour la première fois depuis sa plus tendre enfance, le barman faillit se chier dessus : le Bourbon Kid était accoudé au bar, un verre de liquide doré en face de lui. Putain-de-bordel-de-merde-pourquoi-ça-tombe-toujours-sur-moi, pensa-t-il en proie à une profonde terreur.
Les mâchoires grandes ouvertes, s'apprêtent à étancher sa soif à l'une des veines gouflées du cou de JD, Kione fut soudain frappé d'une douleur infinie. Il avait déjà connu des douleurs insupportables par le passé, mais celle-ci était bien la pire de toute son existence. Il hurla, surpris, meurtri et déstabilisé. JD avait fini par trouver un couteau de cuisine aiguisé comme un rasoir, dissimulé derrière un vieux grille-pain rouillé. Du premier coup, Jd était parvenu à enfoncer profondément la lame dans l’œil gauche de Kione. En pleine pupille. Le sang gicla dans tous les sens, suivi d'un "pop" répugnant: d'une pression calculée sur le manche, JD venait d'énucléer l’œil gauche du vampire. L'organe était fermement planté au bout de la lame, avec un bout de nerf optique toujours attaché/
Pour Beth, en revanche, c'était une voix tout à fait ignominieuse, portée par une haleine méphitique qui semblait tout droit sortie des profondeurs du rectum de Satan.
Beth. On a tous des cicatrices.
Quand on avait la chance de tuer quelqu'un, il fallait toujours la saisir. Sans quoi, ce quelqu'un pouvait toujours revenir vous sucer le sang. Tuer d'abord, se poser des questions ensuite.
Fort malheureusement, il existe à Santa Mondega une longue liste de règles tacites. L'une d'elles stipule très clairement que personne ne peut rester heureux très longtemps. Quelque chose de mauvais finit toujours par se profiler à l'horizon
Maintenant, reposez cette saloperie dans son assiette. Avalez encore une seule bouchée pendant que je vous parle, et je vous fais un deuxième trou du cul.
Il rangea un ouvrage intitulé La diététique pour les nains sur la plus haute étagère du rayon "gastronomie", et retourna à l'accueil pour voir ce que Mlle Jamais-Contente lui réservait à présent.
Plus tôt dans la journée, elle lui avait passé un savon pour avoir placé un roman de Dan Brown au rayon "histoire", et, pire encore, une biographie de Barbra Streisand au rayon "humour".
Ce fut particulièrement douloureux. Rien à voir avec la banale torture du dentiste. A moins que votre dentiste ne vous refuse toute anesthésie, ne foute le feu à vos cheveux et à votre cul, et ne vous balance quelques coups de pied dans l'entrejambe avant de vous arracher les dents