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Tout et beaucoup trop a déjà été écrit sur la télévision. Dénonciation des calomnies, des manipulations, de l'asservissement, le politiquement correct rejoint la désignation de la télévision comme nouvel ennemi à abattre pour préserver une indépendance d'esprit hypothétique.


Pierre Bourdieu se situe dans un mouvement similaire. Dans une perspective sociologique, il démontre que la télévision ne peut et ne pourra jamais être le lieu d'exposition de débats constructifs à cause de son format, à cause de ses dirigeants, et à cause de sa volonté de plaire. Et pourtant, Pierre Bourdieu se distingue de la critique classique en définissant des concepts primordiaux.


Le premier : la domination des dominés.
« Mieux on comprend comment [un système] fonctionne, plus on comprend aussi que les gens qui en participent sont manipulés autant que manipulateurs. Ils manipulent même d'autant mieux, bien souvent, qu'ils sont eux-mêmes plus manipulés et plus inconscients de l'être. »


Le deuxième : la violence symbolique.
« La violence symbolique est une violence qui s'exerce avec la complicité tacite de ceux qui la subissent et aussi, souvent, de ceux qui l'exercent dans la mesure où les uns et les autres sont inconscients de l'exercer ou de la subir. »


Donner des noms à des phénomènes constitue la première étape qui permet de s'en détacher. Pierre Bourdieu ne se contente donc pas seulement de tirer une analyse de la télévision, il donne également à son lecteur les moyens de former sa propre critique. La perspective s'élargit, d'autant plus que ces concepts offrent la possibilité d'être transposés dans d'autres domaines comme la psychologie, de la psychanalyse et de la philosophie.


Pour le reste, ce pamphlet de Pierre Bourdieu n'est pas plus original qu'un autre : la télévision ne cherche pas (d'abord) à nous instruire, nous le savions déjà, mais peut-être faut-il le rappeler souvent ?
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Court essai d'une centaine de pages dans lequel Bourdieu présente rapidement les différents mécanismes qui mènent la télévision à piétiner de plus en plus la liberté de pensée : le passage à la télévision devient le seul « gage de qualité » des personnalités, la course à l'audimat mène à présenter des sujets qui ne dérangeront personne (faits divers qui suscitent l'indignation générale, résultats sportifs, voyages politiques à l'étranger sans conséquence), la course contre la montre pour être le premier à présenter un « scoop », quel que soit son intérêt réel (je me rappellerai toujours cet « envoyé spécial » lors de l'affaire DSK qui avait annoncé fièrement « c'est la première fois depuis son arrestation que DSK porte de nouveau une cravate ». Super !), les « débats » entre amis de longue date, ...

En cent pages, les idées présentées sont forcément compressées. C'est toutefois une bonne introduction sur le sujet et le livre permet de poser les bases pour une réflexion plus approfondie.
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Dans Sur la télévision, Pierre Bourdieu se livre à une passionnante étude des mécanismes à l'oeuvre derrière le petit écran, ainsi que des moeurs de l'univers télévisuel. Pour s'adresser au plus grand nombre, il s'exprime dans un langage simple, accessible de tous ( sans perdre en rigueur toutefois ).
Son analyse est très fine, explorant les mécanismes de censure à l'oeuvre dans l'univers télévisuel, les problématiques liées au traitement de certaines informations, etc. etc.
A lire pour mieux comprendre l'influence que ce média de masse peut avoir sur certaines décisions.
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Dans un essai très dense, Bourdieu condamne un système médiatique basé exclusivement sur la mesure de l'audimat, c'est-à-dire soumettant l'information à la loi du marché. Ce ne serait pas si grave si la télévision ne se présentait comme impartiale et objective et ne prenait une part si importante dans le champ journalistique, allant jusqu'à étouffer les pratiques journalistiques de la presse écrite et consacrant par sa très grande diffusion des personnalités non nécessairement reconnues par leurs pairs. C'est que plus un médium diffuse et plus il est amené à rechercher le consensus, c'est-à-dire à écarter les sujets clivants et à favoriser les "omnibus", des sujets qui n'apportent rien tels que les faits divers. Ajoutons à cela que le monde journalistique est soumis comme le reste de la société à la pression de l'urgence, il s'ensuit qu'il ne cherche pas le vrai, mais bien plutôt le rapide. Les "fast-thinkers" favorisent donc les idées reçues, celle qui ne demandent pas de temps pour être acquises. Pour parachever le tableau déjà bien noir, les journalistes, pas toujours très cultivés, vivent dans un microcosme socio-professionnel qui leur fait voir le monde à travers des "lunettes" qui leur révèle une réalité qu'ils imposent sous une forme d'objectivité comme la réalité. La pression concurrentielle et la crainte de rater des "scoops" enjoignent les lignes éditoriales à se copier les unes les autres et à ne différencier l'information que sur des vétilles invisibles au spectateur, contribuant à une information plate, vide, "omnibus", qui ne dit rien. Pire, les journalistes sont accusés ainsi de "créer" la réalité par le choix qu'ils font d'accorder du sérieux à telle ou telle personne qui se prend au sérieux. Ah, il faut encore ajouter que les débats sont souvent faussés, soit par le fait que les "invités" se connaissent et entretiennent des débats sans enjeux, soit au contraire vivent dans des mondes parallèles qui rendent le débat insensé. Alors pourquoi avec tant de médiocrité l'audience augmente-t-elle ? Et bien parce que la télévision joue sur les matières de ce qui dans le journalisme écrit est cantonné à la presse à scandale : les potins, l'exhibitionnisme, le sexe, le crime... d'où les sujets omnibus des faits divers, d'où... et la boucle est bouclée. Cette saturation de vide intellectuel ferme donc l'accès à une forme de pensée instruite et c'est ce qui rend la télévision menaçante pour les productions culturelles, mais plus encore, pour les démocraties, car tant que l'on ne parle de rien, on n'apporte pas au citoyen les outils pour acquérir l'autonomie, l'érudition et l'esprit critique dont il a besoin pour exprimer son opinion politique.

Au final, c'est l'outil même de la télévision qui est critiqué comme un fait social auquel participent consciemment ou malgré eux, ceux qui font la télé et ceux qui la regardent. Bourdieu ne semble pas enclin à admettre la possibilité d'une télévision de qualité, car c'est la télé en elle-même qui est problématique. On pense à internet qui n'est pas très différent dans son positionnement "neutre et objectif" et dont on sait que... En résumé : lisons des livres.
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Synthétique, concis, percutant.
Ce court texte issu d'un cours de sociologie tenu par l'auteur déconstruit les mécanismes sociaux, comme notamment le jeu de la concurrence, qui sous-tendent le fonctionnement du "champ journalistique", de la presse papier à la télévision.

On y comprend pourquoi la course à l'audimat (au sein du jeu de la concurrence qui ne laisse pas vraiment le choix) mène à la course au médiocre : recherche de contenus vendeurs c'est à dire spectaculaire, les scoops, consensuels de manière à intéresser tout le monde et in fine personne vraiment... en foulant au pied toute déontologie du métier de journaliste qui voudrait la recherche d'une information "pure" et non pas bassement soumises aux intérêts économiques de l'audimat et du marché publicitaire.
On voit aussi comment la télévision, en s'imposant comme média prédominant, tire l'ensemble du champ journalistique, et au delà bien des champs culturels (art, sociologie... et même science) vers le bas.

Une arme d'autodéfense intellectuelle indispensable dans le monde de l'information (et paradoxalement donc de la désinformation).
Lien : http://www.amazon.fr/review/..
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Un essai salutaire et - malheureusement - indémodable : Sur la télévision présageait le développement de la téléréalité d'aujourd'hui, de l'ineffable bêtise qu'on voit s'étaler souvent, trop souvent, sur le petit écran et questionne encore sur la place et le rôle des services publics télévisuels.
Ou comment, en donnant au public ce qu'il veut voir, on a condamné ce médias à proposer de la vulgarité à toute les sauces.
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S'il y a bien une thématique qui m'a toujours passionné, c'est bien celle du rapport entre les médias et le pouvoir politique : figurez vous, pour ceux que ca intéresse, que j'avais même fait mon mémoire de DEA sur l'indépendance du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.

En faisant pas mal de recherches ( et notamment au CSA qui m'avaient gentiment prété leurs archives), j'avais tenté de répondre à la question de savoir si à l'époque, début des années 2000, le CSA est il libre que ca du pouvoir politique ( euh je peux toujours envoyer une copie à ceux que ca interesse, mais pour les autres, sachez que ma réponse était...non) .

Et avant ce mémoire, mes cours de droit de l'audiovisuel m'avaient fait lire, de long en large, certains écrits sur le sujet, notamment évidement la bible dans le domaine, le passionnant mais complexe ouvrage de Pierre Bourdieu, Sur la télévision.

Dans ce livre, le plus connu de nos sociologues réagissait vivement au monopole d'un média dans la fabrication et la diffusion de l'information, en démonte les mécanismes de la censure invisible qui s'exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de fabrication des ces artefacts que sont les images et les discours de télévision.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pour ceux et celles qui hésitent encore entre prendre un livre et passer la soirée devant leur poste de télé, ce petit livre de Bourdieu, très simple à comprendre et très bien argumenté, pourrait vous aider à choisir. Voire à envoyer la télé par-dessus bord.

Le problème n'est pas l'objet en soi mais l'usage fait par ceux qui organisent son contenu. Bourdieu explique comment cette petite machine entrée dans chaque foyer manipule doucement ses utilisateurs. Aujourd'hui la télé est en perte de vitesse. Internet a pris le relais. Il manque Bourdieu pour nous faire un décryptage sociologique de nos "écrans de fumée".

On met des outils entre les mains de milliards d'individus mais sans un réel mode d'emploi et sans une vision critique.

Un livre qui reste d'actualité.
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Bourdieu dans une version simplifiée de son style habituel.

Ce texte, paru en 96, est intéressant à lire maintenant en 2011 et notamment à la lumière des nombreuses télé-réalité dont nous sommes abreuvés.

L'affaire DSK doit le ravir tant elle colle à son analyse. Procureur qui court après l'audience, médiatisation des acteurs, micro-trottoirs, audimat, ...

Pour le reste, Bourdieu, reste Bourdieu, à savoir que son analyse sociologique est basée sur le pouvoir et sa conquête à l'intérieur d'un champ social.

un champ social est un groupe social quis se définit par rapport à lui même : il peut être autonome (une communauté religieuse fermée, des scientifiques très spécialisés) ou non, suivant qu'il subit peu ou prou l'influence d'autres champs sociaux.

Chaque membre de ce champ s'exprime en fonction de la position du groupe/organisme auquel il appartient et en fonction de sa position à l'intérieur de ce groupe/organisme.

La télévision vient chambouler tout cela car elle intervient à l'intérieur des champs sociaux et modifie les rapports à l'intérieurs de ceux-ci.

La recherche de l'audimat pousse la télévision à transformer l'ordinaire en extraordinaire, à mettre en exergue l'anecdote au détriment de l'analyse, à jouer sur le sentiment plus que sur la raison.

l'intrusion de la TV dans les champs sociaux pousse les acteurs de ceux-ci à chercher à exister au travers de la télévision pour modifier le rapport de force et améliorer leur position.

Bourdieu s'étend egalement longuement sur l'organisation de débats (faussement vrais vs vraiment faux) les mécanismes d'auto-censure et de masquage ainsi que sur les différents biais.

Un livre court, abordable. Un moment de réflexion utile dans un monde où la TV est omniprésente.
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Excellent petit ouvrage pour toute personne curieuse de la sociologie de Bourdieu. Deux parties. La première décrit de manière très concrète le fonctionnement du champ télévisuel dans sa partie autonome, et au sein de celui de la presse en général. Fort intéressant pour toute personne qui a déja vu la télévision, c'est à dire tout le monde. La seconde partie est un excellent résumé/explication, de la main de Bourdieu même, des concepts centraux de sa théorie générale des champs. Les notions de champ, d'habitus, de pouvoir symbolique, d'illusio, de jeu et de sens du jeu, etc... sont expliquées et illustrées de manière très claire et c'est surement le meilleur ouvrage d'introduction à la sociologie de Bourdieu qu'on puisse trouver. L'analyse en terme de champ peut ensuite être utilisée pour comprendre le fonctionnement d'autres univers sociaux (à ce propos, et par exemple, lire "Les règles de l'art" pour une analyse détaillée du fonctionnement du champ de la production artistique).
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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