Richard et Jeanne, un couple avec une fille de dix ans, sont très occupés par leur hôtel le Balbuzard mais l'achat d'un terrain pour agrandir le domaine vient perturber la suite de leurs projets. Il a suffi de la formalité que l'on ne peut contourner, la signature chez le notaire, ici Maître Isabelle Ferrière, pour que Richard et Isabelle s'enflamment immédiatement, voulant revivre leur amour de jeunesse interrompu brutalement et tragiquement par la mort du père d'Isabelle quinze ans plus tôt.
Il faut dire qu'ils se connaissaient bien car enfant, Richard passait beaucoup de temps chez les Ferrière et, après le décès de ses parents, il a été recueilli par la famille, au grand dam de la mère.
Comme la vie de Richard auprès de Jeanne manque de joie, et qu'il pense ne plus désirer sa femme, il se précipite dans les bras d'Isabelle et tente d'enfouir, sans grand succès, sa trahison et les remords qui s'ensuivent.
Françoise Bourdin parle de situations, surtout amoureuses, que tout un chacun peut rencontrer dans sa vie, ou dans la vie d'une personne de la famille, d'une connaissance. Mais tout est tellement prévisible dans cette histoire. Et ça ne fait que se répéter au fil des chapitres, l'attraction physique est irrépressible, ils sont tous très beaux, monsieur culpabilise d'avoir lâché si soudainement sa femme, sa fille et leur domaine hôtelier, Jeanne devrait reprendre son métier de décoratrice car elle a tellement de talent, la mère d'Isabelle a toujours détesté Richard, le père d'Isabelle qui chouchoutait trop Richard est mort à cause de lui…
Sur les dialogues, on sait d'avance qu'ils vont, encore et encore, s'excuser sur telle ou telle chose, se reprocher ceci, exiger cela. Les phrases explicatives qui font suite à ces dialogues, pour le cas où leurs paroles ne soient pas assez parlantes, m'ont fait lever les yeux au ciel plusieurs fois.
Passons un peu aux personnages. Isabelle, qui a repris la prestigieuse étude familiale à Tours est un canon de beauté, élégante sur ses escarpins, intelligente, sûre d'elle et pour moi, imbuvable, égoïste, odieuse. Est-ce pour nous dire que ce pauvre Richard, pris de passion, est complètement aveuglé par ses désirs charnels alors que sa femme est douce, compréhensive, compétente, belle aussi ? Malheureusement pour lui, il est décrit comme loyal, honnête et donc en proie à une sacrée culpabilité qui va occuper beaucoup, beaucoup de pages en faisant du sur-place. D'ailleurs, les caractères et les centres d'intérêt de Richard et d'Isabelle sont tellement aux antipodes, excepté au lit, que c'en est presque risible.
La mère d'Isabelle ne voit que la superbe réussite professionnelle de sa fille. On sait maintes et maintes fois qu'elle haïssait Richard (bon, là, je me répète aussi), celui qui s'était incrusté dans sa famille parfaite à cause de ses parents qui, avant de disparaître, étaient inconscients, inconstants, égoïstes. Heureusement, les parents de Jeanne relèvent un peu le niveau.
Soupirs, soupirs.
Qu'y a-t-il eu d'un peu attractif dans cette lecture ? En creusant bien, les passages sur la maison familiale du notaire et tous les objets accumulés au fil du temps mais dont on doit se séparer, quelques moments passés dans le domaine du Balbuzard et encore, ils manquent cruellement de relief même si l'idée d'un complexe en harmonie avec la nature et, pour sa construction, respectueux de l'environnement est plutôt bien choisie. J'ai remarqué que les réflexions faites sur le thème de l'écologie sont les mêmes que l'on peut éprouver ou entendre actuellement alors que ce roman a été publié en 2009. Comme quoi, l'évolution dans ce domaine est bien, bien lente et les personnes qui ne se sentaient pas concernées alors ne le sont toujours pas en 2024 !
Lu pour le challenge solidaire, je pensais, en choisissant ce titre, que l'environnement avec le château du Balbuzard et son parc hôtelier serait plus présent, plus perceptible, pour me faire oublier le côté convenu de cet abandon conjugal mais ce ne fut pas le cas. Je n'avais qu'une hâte, tourner la dernière page…