Les passagers du vent, tome 2 : Le ponton

Je me suis trompé dans ma critique du tome précédent. A cause du splendide combat naval j'avais estimé que les aventures des Passagers du Vent prenaient place pendant la guerre de Sept ans. Or la première page du « Ponton » nous offre enfin une date : 1780. Nous sommes donc plutôt pendant la guerre d'indépendance des États-Unis.

Hoel le marin breton (pas français hein, breton) et le médecin major Michel de Saint Quentin sont prisonniers des Anglais dans l'infâme ponton ancré au large de Chatham. Malgré les conditions de survie immondes, les marins français (et bretons) prisonniers y ont créés un climat social délétère ; les représentants de la Royale s'y confrontent à la lie des pirates, corsaires et flibustiers. Comme le dit Michel : « en s'imposant une loi plus dure que celle de l'Anglais, ces malheureux s'imaginent rester seuls maîtres de leur destin ».
Isa a eu plus de chance. Elle est devenue la prof de français d'une jeune bourgeoise anglaise, rousse comme la bière, dénommée Mary. Cette dernière se révèle plutôt dévergondée. Elle a réussi à se faire engrosser par John, un officier, et son daddy il veut qu'elle abandonne le baby et elle, elle veut pas. Mary a une idée : comme son petit lieutenant a accès au ponton, il pourrait aider à faire évader Hoel (allez va, elle sait bien qu'Isa a cela en tête) et tous pourraient s'enfuir d'Angleterre ensemble.
Deal !

L'album nous conte donc la « vie » sur le ponton et la tentative d'évasion, en alternant les scènes sanglantes et amorales commises par des êtres qui n'ont d'humain que le nom, et les saillies comiques et blagues de bon aloi qui prouvent que la bonne humeur fait passer même les pires situations ; comme dans un bon film américain la déprime cynique n'est pas de mise. La fin aborde la traite des Noirs et la position des divers personnages vis-à-vis de l'esclavage se révèle. Hormis une Isa profondément choquée, tous les autres trouvent cela normal ou sont indifférents, positions probablement partagées par la majorité de leur contemporains. le récit reste profondément réaliste.

Durant cette lecture le temps passe en tapinois sans faire de bruit tellement c'est passionnant.

Toujours autant ravie de lire les aventures d'Isa la belle française, demoiselle de compagnie d'une charmante jeune anglaise délurée, enceinte jusqu'au cou sans être mariée, ce qui n'est pas recommandé dans la bonne société anglaise de cette fin 18ème siècle. Quant à Hoel et le Major, toujours embastillés sur un ponton prison, ils vont tenter de s'échapper pour rejoindre les belles grâce au futur papa, soldat anglais sur ce bateau. Pourront-ils se retrouver ? Et pour fuir où ? Rester en Angleterre ou tenter de prendre la mer en compagnie de contrebandiers ?
J'adore de plus en plus cette bande dessinée !
C'est bien écrit, je découvre des mots qui me font autant voyager que les Passagers du vent, les personnages sont attachants et les dessins, notamment les bateaux, sont superbes. Bref, je continue la découverte avec envie.

Alors que s'ouvre ce second tome des Passagers du Vent, ne pensez pas que vous en serez quitte de votre mal de mer car il sera encore question de navigation !

Bon, au départ, ça ne tanguera pas tant que dans le tome 1 car le bateau dans lequel vous embarquerez en tant que lecteur (et c'est bien mieux pour votre confort, croyez-moi !) ne navigue plus. Il s'agit en fait d'un ponton, l'un de ces bateaux en rade transformés par les Anglais en prisons putrides et croulantes. Et oui, nos "amis" d'Outre-Manche ont tellement la mer collée à la peau que leurs prisonniers sont relégués à fond de cales de ces lieux clos où germent les rixes et ou prolifèrent les poux ! Notre héros Hoel s'y trouve mis aux fers ; sa belle Isabeau parviendra-t-elle a l'en délivrer ?

Hum, à vous de lire !

Cependant, qu'elle parvienne ou pas à ses fins, notre héroïne intrépide à l'entêtement légendaire et au caractère aussi trempé que les voiles d'un navire en pleine tempête, embarquera bientôt, accompagnée d'une nouvelle figure féminine non moins piquante, la rousse Mary, sur la Marie-Caroline, un vaisseau négrier qui l'emportera vers des côtes lointaines et moins septentrionales... celles de l'Afrique noire !

Changement de climat garanti mais ambiance toujours aussi bien rendue, cynisme toujours aussi mordant, esthétisme des lieux et des personnages toujours aussi savoureux.

Nul doute qu'à l'issue de votre lecture, vous voudrez voguer vers le tome 3.

Isa, Hoel et le major Michel de Saint Quentin ont été recueillis par les anglais. Ils seront débarqués à Portsmouth. Emprisonnés dans un ponton ancré, Isa sera libérée et se verra confier le poste de répétitrice auprès de Mary, fille d'un riche négociant londonien. Grâce au petit ami de Mary, Isa et Hoel vont pouvoir correspondre pour mettre au point un plan d'évasion.
Deux femmes avec un très fort caractère décidées à aller jusqu'au bout quoiqu'il arrive. Un tome qui s'éloigne de la mer mais on la sent présente en arrière-plan. Des dessins toujours aussi séduisants et des textes distillés comme du nectar. Chaque personnage a sa façon de s'exprimer, de se comporter.

Après avoir été recueillis par les Anglais, Saint-Quentin et Hoel ont été placés en détention sur un ponton: un navire en cale sèche.
Pendant qu'ils croupissent dans cette geôle des plus exiguës, Isa a trouvé un poste de dame de compagnie auprès d'une attachante (et très délurée) Anglaise : Mary.
Toutes deux vont s'employer à faire évader le beau Breton et le médecin grâce, notamment, à l'amoureux de Mary, John Smolett, officier sur "le ponton".
L'histoire est excellente et très bien rythmée. Même si la base narrative est assez classique, elle évite judicieusement les lieux communs et offre de très belles scènes admirablement documentées.
Les personnages sont tous très attachants. Mary, notamment, avec son franglais délicieux, est très réussie et on développe pour elle une sympathie immédiate. Je la trouve particulièrement touchante, avec son immaturité parfaitement assumée et sa parfaite conscience de ses propres faiblesses.
Le dessin évolue déjà fort et le trait est beaucoup plus harmonieux dans ce second tome.