Ce qu'en dit Christian Poirier
(Auteur entre autres de "L'aubier des jours", "Entre les mots entre les pierres", "Étroitesse du ténébreux", "Le bonhomme")
"... ces "Belles Déchirures" témoignage émouvant d'un cruel vécu, traduit de très belle façon par une écriture des plus agréables à lire. Beaucoup d'émotion porte ce réel qui ne peut laisser indifférent le lecteur appréciant aussi ces parenthèses descriptives servies par une longue empreinte de Poésie.
Poésie ! Poésie ! ce qu'il nous reste pour sauver le monde"
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Ce qu'en dit un lecteur :
« […] « Baptistou » ce courageux poilu nous fait vivre cette guerre comme si on y était. On est dans les tranchées, on a froid, on a peur, mais on se bat. On souffre aussi devant ce carnage que l’auteure sait si bien décrire. […]. C’est passionnant, une écriture fluide, des mots justes... »
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C’était l’été.
C’était le temps des fenaisons, c’était le temps des moissons.
C’était un merveilleux été cette année-là, pourtant une grande inquiétude régnait dans les campagnes.
Mais c’était le temps des chaleurs orageuses, des odeurs de paille blonde, d’épis lourds de promesses, l’odeur des fleurs sauvages si fragiles, de lavande et de thym, de l’herbe qui respire le vent doux et léger des nuits sombres, éclatantes d’étoiles.
Jean-Baptiste Cabluyroles fauchait le seigle d’un même mouvement régulier, large et apaisant ...
...Quand il reprit ses esprits et put enfin ouvrir les yeux, il vit penchée vers lui l’ombre qu’il avait entr’aperçue quelques instants auparavant et eut un mouvement de recul devant ce regard d’acier qui le scrutait et semblait fouiller au plus profond de sa pensée. Deux bras de fer le prirent par les épaules et l’obligèrent à se remettre sur ses pieds, qu’il avait en sang. C’est alors qu’il aperçut l’homme qui le tenait toujours appuyé à la petite porte du dernier wagon et qui lui demanda avec un fort accent germanique aux consonances métalliques, en approchant son visage du sien :
« C’est en Allebagne que fous foulez aller Monsssieu ! C’est fraiment en Allebagne ? »
« Quant au destin, n'y songez pas.
Le ciel est noir, la vie est sombre.
Hélas ! que fait l'homme ici-bas ?
Un peu de bruit dans beaucoup d'ombre. »
Août 1914
A la ferme de la Rouvière, comme partout dans les Monts dAubrac c’est le temps des moissons et les bêtes sont à l’estive.
Le tocsin qui sonne de clocher en clocher annonce la fin d’une époque heureuse.
Pour Jean-Baptiste, Lucile son épouse, le petit Pierre leur fils, la grand-mère Françoise et toute la maisonnée de la Rouvière, vient le temps des séparations, des déchirures.
Un monde disparaît dans la dévastation des armes et la fureur des hommes.