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Citations sur Le garçon en pyjama rayé (93)

Partout où ils posaient les yeux, des gens, des grands, des petits, des vieux, des jeunes. Certains en groupes, parfaitement immobiles, les mains le long du corps, tentaient de garder la tête haute, tandis qu’un soldat paradait devant eux, ouvrant et fermant la bouche à toute vitesse comme s’il leur criait dessus. D’autres, enchaînés, un peu comme des bagnards, poussaient des brouettes d’un bout à l’autre du camp, surgissant d’un endroit que Gretel et Bruno ne pouvaient voir, pour aller plus loin, derrière un baraquement, où ils disparaissaient à nouveau
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- [...] Au fait, je m'appelle Bruno.
- Moi, c'est Shmuel, dit le garçon.
Bruno plissa le front, pas certain d'avoir bien entendu.
- Comment ? demanda-t-il.
- Shmuel, répondit le garçon, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Et toi, c'est comment ?
- Bruno.
- Je n'ai jamais entendu ce nom-là, dit Shmuel.
- Et moi, je n'ai jamais entendu le tien, dit Bruno. Shmue. (il réfléchit.) Shmuel, répéta-t-il. J'aime bien le bruit que cela fait quand je dis Shmuel. On dirait le vent qui souffle.
- Bruno, dit Shmuel, en hochant joyeusement la tête. Oui, je crois que j'aime bien ton nom aussi. On dirait quelqu'un qui se frotte les bras pour se réchauffer.
- C'est la première fois que je rencontre un Shmuel.
- Il y a des dizaines de Shmuel de mon côté de la barrière, dit le garçon, des centaines probablement. J'aurais bien aimé avoir un nom à moi tout seul.
- Je n'ai jamais rencontré de Bruno, dit Bruno, à part moi, bien sûr. Je crois que je suis le seul.
- Tu as de la chance, remarqua Shmuel.
- Sans doute.
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(Pavel, un détenu du camp de "Hoche-Vite", doit éplucher les légumes chaque soir chez Bruno. Cet après-midi-là, ce dernier a fabriqué une balançoire avec un pneu et est tombé. Pavel le soigne et désinfecte sa plaie.)

-Je ne comprends pas, dit Bruno, qui voulait avoir le fin mot de l'histoire. Si vous êtes docteur, comment se fait-il que vous serviez à table ? Pourquoi ne travaillez-vous pas dans un hôpital ?
Pavel hésita longuement avant de répondre et Bruno resta silencieux, sentant confusément que la politesse exigeait qu'il attendît que Pavel fût prêt à parler.
-Avant de venir ici, j'exerçais la médecine, finit-il par dire.
-Vous vous exerciez ? demanda Bruno, qui ne connaissait pas bien le sens du terme. Vous n'aviez donc pas un bon niveau ?
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Bruno réfléchit à la bonne formulation pour ne paraître ni grossier ni désobligeant.
- Qui sont ces gens dehors ? finit-il par dire.
Père pencha la tête de côté, un peu embarrassé par la question.
- Des soldats, Bruno. Des secrétaires. Du personnel. Tu en as déjà vu.
- Non, pas ceux-là, dit-il. Les gens que je vois de ma fenêtre, dans les baraques, au loin. Ils sont tous habillés pareil.
- Ah, ceux-là, dit Père, en hochant la tête, avec un léger sourire. Ces gens... ce ne sont pas des gens, Bruno.
Bruno fronça les sourcils.
- Ce ne sont pas des gens ? demanda-t-il, doutant de ce que Père voulait dire.
- Du moins, pas comme nous l'entendons, poursuivit Père. Mais, pour l'instant, tu ne devrais pas t'en occuper. Ils n'ont rien à voir avec toi. Et tu n'as absolument rien en commun avec eux.
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- "Où était la différence exactement ? se demandait Bruno. Et qui avait décrété que les uns porteraient un pyjama rayé et les autres un uniforme ?"
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Le lieutenant Kotler hocha la tête, satisfait de la réponse. Puis il se retourna très lentement vers Shmuel, qui ne pleurait plus, mais fixait vaguement le sol, avec l'air de celui qui essaie de convaincre son âme de ne plus vivre dans son corps minuscule, mais de s'en échapper, de prendre la porte et de s'élever dans le ciel, en glissant à travers les nuages jusqu'à l'infini.
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Quelque chose de positif comme allumer une minuscule bougie dans un immense château sur une lande perdue dans la brume, par une sombre nuit d'hiver.
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« — Voici ce que je sais, commença Shmuel. Avant de venir ici, je vivais avec mon père, ma mère et mon frère, Josef, dans un petit appartement au-dessus du magasin où Papa fabriquait des montres. Nous prenions notre petit déjeuner ensemble à sept heures et, pendant que nous étions à l’école, Papa réparait les montres que les gens lui apportaient ou en faisait des neuves. Il m’en avait même offert une belle, mais je ne l’ai plus. Elle avait un cadran en or et je la remontais tous les soirs avant de me coucher, elle était toujours juste.
— Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? demanda Bruno.
— Ils me l’ont prise, répondit Shmuel.
— Qui ?
— Les soldats, bien sûr, dit Shmuel, comme si cela tombait sous le sens. Et puis les choses ont commencé à changer, reprit-il. Un jour, je suis rentré de l’école et j’ai trouvé ma mère en train de coudre des brassards dans un drôle de tissu. Dessus, elle dessinait une étoile. Comme cela.
Shmuel traça le dessin de l’étoile dans la poussière avec le doigt.

— Et chaque fois que nous quittions la maison, elle nous demandait d’enfiler notre brassard.
« — Puis, un jour, les soldats sont venus avec d’énormes camions, poursuivit Shmuel, que Gretel n’intéressait pas le moins du monde. Ils ont ordonné à tous les gens de quitter leur maison. Beaucoup ne voulaient pas partir et se sont cachés où ils le pouvaient, mais je crois qu’ils ont tous été pris finalement. Et les camions nous ont conduits à un train, et le train… (Shmuel hésita quelques secondes et se mordit la lèvre. Bruno crut qu’il allait pleurer, mais ne comprit pas pourquoi.) Dans le train,c’était horrible, reprit Shmuel. Pour commencer, nous étions dix fois trop nombreux. Il n’y avait pas d’air pour respirer. Et cela sentait horriblement mauvais. »
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- Bruno, il arrive que, dans la vie, on soit obligé de faire des choses que l'on n'a pas choisies, dit Père. (Bruno comprit qu'il commençait à se lasser de la conversation.) Et je crains que Hoche-Vite n'en soit une. Ceci est mon travail, un travail important. Pour notre pays. Pour le Fourreur. Un jour, tu comprendras.
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Ce genre de situation le mettait mal à l’aise. Parce que, au fond de lui, il savait que rien ne justifiait qu’on soit impoli avec quelqu’un, même si cette personne était à votre service. Après tout, les bonnes manières n’étaient pas faites pour les chiens.

(Folio plus, p.60)
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