AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,26

sur 1804 notes
Non, ce roman n'est pas spécifique à la jeunesse !
Non! Je pense que les jeunes adolescents sont à mille lieues de comprendre les subtilités, les sous-entendus, les jeux de mots qui émaillent ce texte.
Ce roman, justement, est écrit pour ceux qui ont tout entendu à propos des camps de concentration, qui savent comment ont vécu les Juifs pendant la guerre, pour les lecteurs qui se sont alarmés, qui se sont révoltés, qui ont refusé l'inévitable.

Bruno, le narrateur, a 9 ans. Il adopte donc une manière de parler très naïve. Il est innocent, il est tenu à l'écart du mode de vie de son père, officier nazi. Pour lui, le « Fourreur » qui vient diner un soir à Berlin, dans la maison familiale, n'est qu'un grossier personnage accompagné d'une superbe dame blonde très très gentille. le déménagement à « Hoche-Vite » qui fait suite à cette visite ne le ravira pas, car il doit quitter ses 3 meilleurs amis, et d'ailleurs la maison là-bas est beaucoup moins confortable que celle de Berlin – elle ne compte que 3 étages au lieu de 5 -. Là-bas, pas d'amis ! Tous les enfants sont de l'autre côté du grillage...Ils en ont de la chance, ces enfants, ils n'ont pas besoin de changer de vêtement tous les jours, ils vivent tous en pyjama, rayé. Et ils ne doivent pas souffrir le martyre dans des chaussures trop serrées...ils marchent pieds nus.
Donc Bruno l'explorateur décide un jour de partir faire le tour de ce fameux domaine interdit. Et là, au détour du grillage, il rencontre l'amitié. Cela va changer sa vie...

Chaque phrase de ce roman n'est qu'allusion. Chaque mot bien innocent employé par Bruno renvoie à une réalité qui l'est beaucoup moins.
Et c'est cela, le plaisir du roman. Plaisir que ne pourraient pas apprécier les jeunes qui ne connaissent encore rien à ce monde infernal de 40-45, à part ceux que l'Histoire captive, ceux qui ont la chance d'avoir des grands-parents, des parents qui veulent informer les générations actuelles de l'horreur commise il y a des dizaines d'années.

« Tout cela s'est passé il y a fort longtemps, bien sûr, et rien de semblable ne pourrait plus jamais arriver.
Pas de nos jours. »
C'est là que nos jeunes doivent prendre le relais pour vivre, autrement.

Commenter  J’apprécie          14929
J'ai encore le souvenir épouvantable de la première fois où j'ai vu le film "Nuit et brouillard", à treize ans, sans aucune préparation, sans aucune explication, parce qu'un enseignant avait décrété que les élèves devaient le voir.
Si la question de la Shoah est incontournable et s'il est évidemment nécessaire d'en parler avec de jeunes enfants, des textes crus ou des images chocs ne me semblent pas souhaitables pour un premier contact. Informer et éduquer, oui, choquer et traumatiser, non !
Ce livre, que je viens de lire avec mon fils de dix ans, s'est avéré parfait pour aborder plus en douceur ce douloureux sujet. Nous y reviendrons, bien sûr, mais cette lecture a permis une première approche et a suscité les premières questions, auxquelles je me suis efforcée de répondre de la façon qui me paraissait la plus juste et la mieux adaptée aux capacité de compréhension et à la sensibilité de mon jeune auditeur.
Bruno, fils du commandant du camp d'Auschwitz, nous raconte sa vie. C'est un gentil petit garçon de neuf ans qui cherche des amis avec qui jouer. Il se lie d'amitié avec Schmuel... mais Schmuel habite de l'autre côté de la barrière, et leurs rencontres doivent rester clandestines. Les deux enfants sont très attachants, et il est très facile pour un jeune lecteur de s'identifier à eux.
J'ai trouvé ce procédé particulièrement bien choisi, et c'est ce qui fait selon moi la force du livre. Un jeune enfant se sentira bien plus concerné par ce qui peut arriver à deux personnages de son âge auxquels il s'est attaché au fil des pages, que par le destin de millions de personnes anonymes pour lui. La vérité historique n'est pas trahie, mais elle est abordée d'une façon plus compréhensible. Pour autant, pas de happy end trompeur : la fin est prévisible pour le lecteur adulte informé, mais elle pourra surprendre les plus jeunes et faire naître de nombreuses interrogations auxquelles il faut être prêt à répondre.
Le garçon en pyjama rayé est donc à mon avis un excellent livre, à condition de ne pas laisser le jeune lecteur seul face au texte et face à ses questions. Une première étape, qui devra être suivies d'autres, dans l'apprentissage d'une des périodes les plus sombres de l'Histoire.
Commenter  J’apprécie          10416
Encore un drôle de truc qui m'est arrivé, faut que je vous raconte.
Début juillet, mon amie Anne-So, vous voyez qui c'est, poste une critique sur un livre de John Boyne (c'est l'auteur) ayant pour titre La vie en fuite.
.
La coquine m'a eue et j'ajoute ce roman à mon pense-nouille, bien que peu emballée par le titre et la couverture.
J'en informe Anne-So qui me rétorque qu'il faut d'abord que je lise le garçon en pyjama rayé... Bon, OK, faisons ça.
.
Moi, pauvre innocente, je n'avais vu passer de l'auteur qu'une tortue avec un portable sur le dos, lequel était maintenu par des tendeurs.
.
Et zou qu'entre le pyjama et la tortue, je me mets en tête que j'avais affaire à un auteur de filgoudes.
J'ouvre le garçon en pyjama rayé sans prendre la peine de lire quoi que ce soit et ni une ni deux, me voilà plongée à Auschwitz.
Tu parles d'un filgoude, bien que le roman soit un peu teinté d'humour.
Il faut dire que ce livre est destiné à un jeune public.
.
Nous sommes dans la tête de Bruno, 9 ans, habitant une maison très cossue à Berlin.
Quand nous faisons sa connaissance, il trouve Maria dans sa chambre en train de faire ses valises.
.
Interloqué, il va interroger "mère", qui lui dit que toute la famille déménage, y compris sa soeur Gretel, à cause du travail de son papa.
.
La semaine précédente, le "Fourreur" était venu dîner et avait confié la direction de Hoche-Vite au charmant père de famille, celui qui a le plus bel uniforme de tous les soldats connus par Bruno.
.
La petite famille s'installe donc dans une maison moins cossue que celle qu'ils ont à Berlin, laquelle était toute proche de celle des grands-parents.
Pensez donc, celle de Hoche-Vite ne fait que trois étages contre cinq.
.
La fenêtre de la chambre du gamin donne sur le camp, bien évidemment...
Plein d'enfants habitent de l'autre côté du grillage, des ado et des adultes, mais que des hommes.
.
*******
.
J'ai bien aimé le roman. La plume est agréable, j'ai passé un bon moment.
Et c'est un peu ça le problème.
.
Je me disais que c'était pour un jeune public. Certes, mais je ne ferais pas lire ce livre à un pré-ado, parce que les choses, on en parle ou on se tait, mais on n'édulcore pas; du moins pour moi.
Et pas que pour nos chères têtes blondes, du reste. Un adulte pas trop informé pourrait croire que le camp c'était un peu comme une colo en plus dur.
J'exagère à peine, honnêtement.
.
Par contre, voir les choses au travers des yeux d'un enfant qui n'est pas au courant des atrocités se déroulant sous ses yeux, tellement inimaginables qu'à défaut d'être informé, il imagine ce qu'on lui cache avec son cerveau à lui.
Si des centaines de "travailleurs" disparaissent, c'est qu'ils sont partis travailler dans une autre ville... etc.
.
On s'attache beaucoup à Bruno et à sa soeur de trois ans son aînée.
La mère est peu présente, mais sympathique. Et le père, contre toute attente, vu qu'on ne le voit pas à l'oeuvre, on ne le déteste même pas, vu qu'on ne le voit qu'avec sa famille et encore, on l'aperçoit seulement.
.
Voilà, je vous ai livré mes pensées en vrac, comme d'habitude, à vous de voir si ce roman vous tente ou pas.
.
Un grand merci, ma chère Anne-So (dannso pour les moins intimes), j'ai apprécié ma lecture.
.
.
Commenter  J’apprécie          7884
Bruno a neuf ans. Il vit à Berlin en 1942. Comme tous les petits garçons, il admire son père. Celui ci arbore un uniforme tout neuf de Commandant et a reçu le « Fourreur » à diner, c'est vous dire que c'est quelqu'un d'important. Bruno est fier de lui.
Le revers de la médaille c'est que la famille doit quitter Berlin pour un endroit perdu en Pologne, « Hoche-Vite ».
Là, il n'y a personne pour jouer, que des soldats, et puis derrière les barrières qui jouxtent la maison beaucoup de personnes, que des hommes et des garçons. Ils sont tous en pyjama rayé.

John Boyne aborde dans ce roman jeunesse, mais que tout le monde devrait lire, les camps de concentration du point de vue de deux petits garçons de neuf ans. L'un est le fils du commandant, l'autre est détenu dans le camp. Ils vont se rencontrer et beaucoup discuter de part et d'autre de la barrière, jusqu'au jour où l'un la franchira.

Ni l'un , ni l'autre ne comprennent vraiment ce qui peut se passer, La vision de Bruno peut sembler naïve, mais personne ne veut lui en dire plus. Il est tenu à l'écart et dans son innocence d'enfant, il ne peut imaginer ce qui se produit juste à coté de lui, orchestré par son père, qui même s'il n'est pas particulièrement proche de lui, ni tendre, ni affectueux, reste son père qu'il aime. Comment un enfant aurait-il pu comprendre ce qui se passait, comment aurait-il pu imaginer l'horreur, comment aurait-il pu croire que son père soit capable de cela.

Un roman très fort, qui sera tout autant apprécié par des lecteurs adultes. Et une fin inconcevable pour les deux enfants qui sont meilleurs amis pour la vie....

Heureusement comme le conclut John Boyne :
« Et c'est ainsi que se termine l'histoire de Bruno et de sa famille. Tout cela s'est passé il y a fort longtemps, bien sûr, et rien de semblable ne pourrait plus jamais arriver.
Pas de nos jours »
Commenter  J’apprécie          7621
Comment nommer l'innommable, comment raconter l'irracontable, ? John Boyne a, je crois, trouvé un moyen . Bruno, un enfant de 9 ans, vit à Berlin dans une grande maison de 5 étages , le rêve pour le futur explorateur qu'il veut être plus tard, il a 3 amis pour la vie , Karl, Daniel et Martin . Son père a l'honneur d'être apprécié du Fourreur, cela lui vaut une nomination au grade de commandant et une mutation immédiate. La famille au complet Père, Mère, sa soeur Gretel; et lui se retrouvent dans une villa de 3 étages sans confort, isolée au milieu de rien . Bruno apprend qu'ils sont à Hoche-vite.
Il n' y comprend rien , il ne comprend pas pourquoi, derrière un grillage très haut vivent des gens en pyjama rayé avec un calot sur la tête. le temps passe, il s'ennuie, alors il part en exploration, ses pas le porteront là où il n'a pas le droit d'aller, loin le long de cette clôture et là, derrière le grillage, il va faire la connaissance de Schmmuel, même âge, né le même jour que lui, lui aussi porte un brassard au bras gauche mais le dessin n'est pas le même....
Roman destiné au plus de 12 ans .il me semble cependant que ce type de lecture demande à être accompagnée , à être expliquée , je sais bien qu'à l'heure actuelle les images circulent sur tous les écrans mais est-ce un bien ou un mal de supprimer tous les filtres, de renoncer à "protéger" nos enfants,? à chacun de faire comme il le sent ou comme il peut , le monde explose mais permettre à des enfants de continuer à rêver me semble être une des missions parentales prioritaires , bien sûr ce n'est que mon très humble avis .
Commenter  J’apprécie          741
158ème critique… que dire de plus ?

Le garçon en pyjama rayé est la dernière lecture scolaire de ma fille de 12 ans. Ce n'est pas un mauvais choix, mais je trouve regrettable qu'on leur donne ce livre sans préparation. Sans le contexte historique, il est impossible à un enfant de prendre toute la mesure du message du livre. Il reste un peu comme le petit Bruno… il ne comprend pas ce qu'il se passe.

La première question que ma fille m'a posé était de savoir si c'était une histoire vraie. Elle voulait savoir si Bruno avait vraiment existé ? S'il y avait vraiment eu des camps d'extermination ? Pourquoi les Juifs ? Des questions, encore des questions…

Mon pépé (mon grand-oncle en vérité) est né aussi un 15 avril mais en 1925 (Bruno et Schmuel sont nés le 15 avril 1935), Au moment où se déroule l'histoire, il avait 19 ans et il se trouvait dans un camp de prisonniers en Allemagne. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à lui. Encore l'autre jour je suis allée lui rendre visite et il m'a montré les photos de cette époque (il en parle très souvent), de ses amis aujourd'hui disparus.

Pour ma part j'ai trouvé cette histoire plutôt bien écrite. Ce point de vue innocent sur les atrocités d'Auschwitz était vraiment bouleversant. J'ai pleuré à la fin mais aussi quand Bruno se précipite auprès de son ami pour lui demander pardon de ne pas avoir eu le courage de prendre sa défense.

Très beau livre, mais 12 ans c'est trop jeune.


Challenge multi-défis 2018 (6)
Challenge petits plaisirs 2018 (5)
Commenter  J’apprécie          696
Avis aux détracteurs qui reprochent à l'auteur de tromper le (jeune) lecteur et d'édulcorer un sujet grave...
Je suis en complet désaccord avec eux. Je l'ai proposé il y a quelques années à mes élèves âgés de 12-13 ans... le tout (et c'est notre rôle à nous adultes, parents, professeurs, éducateurs... bibliothécaires) est de les encadrer dans cette lecture (avant, pendant et après), de la replacer dans son contexte historique et de leur expliquer toute l'Horreur qui se cache derrière ce regard d'enfant... D'autres lectures peuvent y contribuer. Je pense par exemple à "Voyage à Pitchipoï" de Jean-Claude Moscovici, "Inconnu à cette adresse" de Kressmann Taylor, "L'ami retrouvé" de Fred Uhlman et bien évidemment "Le journal d'Anne Frank".
A 12 ans, en 1980, j'ai découvert de façon assez abrupte ce qu'était la Shoah à travers la série Holocauste qu'on regardait à ving heures avec toute la famille! Et, plus de 30 ans plus tard, certaines images insoutenables viennent encore me hanter!
Je préfère la méthode douce... "Le garçon en pyjama rayé" est une porte d'entrée pour aborder avec eux ce pan de notre histoire... A nous d'aller plus loin!
Commenter  J’apprécie          670
Nous sommes en Allemagne en 1942. Bruno, neuf ans, vit à Berlin dans une grande maison « de cinq étages » au milieu d'un parc avec ses parents, sa soeur Gretel, douze ans, et la bonne, Maria. Il a trois « meilleurs amis pour la vie » et est heureux. Un jour, son père annonce à ses enfants que la famille est contrainte de déménager pour des raisons professionnelles : en effet, le Fourreur lui a confié une mission de la plus haute importance. Il se retrouve à Hoche-Vite, dans une maison moins grande et moins agréable, dans un environnement lugubre, et sans ami. de la fenêtre de sa chambre, il voit, derrière une immense barrière, de multiples baraquements habités par une foule de gens en pyjama rayé. Bruno a une âme d'explorateur et, en expédition le long de la clôture, il fait la connaissance de Shmuel, un garçon de neuf ans habitant de l'autre côté. ● Ce roman me plonge dans la perplexité, notamment en raison du public auquel il s'adresse, des enfants à partir de douze ans. Il est certain qu'un lecteur adulte comprendra très vite de quoi il retourne, mais la narration naïve, faite à hauteur d'enfant, conduit à une édulcoration de la réalité et à un flou généralisé, qui peut être nuisible à la compréhension de la vérité historique. Tout est perçu à travers l'esprit de Bruno, qui ne pense pas à mal, qui est à mille lieues de s'imaginer ce qui se passe vraiment de l'autre côté. ● Est-il souhaitable de donner aux enfants l'impression que la Shoah, c'était seulement ça ? Un petit garçon qui se promène librement dans le camp, qui peut échapper de longues heures à toute surveillance pour retrouver quelqu'un de l'autre côté de la barrière et parler avec lui comme si de rien n'était, en recevoir de la nourriture ? ● Certes, je conçois la difficulté de parler de telles horreurs à des enfants, mais je ne suis pas certain qu'on y gagne à les bercer de tels contes à dormir debout (le récit est qualifié de « fable » par l'auteur). le fait que ce livre soit conseillé au collège ne fait que renforcer ma perplexité. ● C'est un peu ce que je craignais avant le lire ce livre, et, très amateur des romans de John Boyne (Les Fureurs invisibles du coeur, L'Audacieux Monsieur Swift, par exemple), c'est la raison pour laquelle je remettais sans cesse la lecture de celui-ci précisément. le talent de conteur de l'auteur n'est nullement en cause ; son récit est bien construit, mais c'est le projet tout entier qui ne recueille pas mon adhésion. ● Combien préférable est la lecture de la mort est mon métier de Robert Merle, sur Rüdolf Höß, le commandant d'Auschwitz.
Commenter  J’apprécie          6213
A une époque, vers la fin de mon adolescence, j'ai lu beaucoup de livres qui traitaient de la Seconde Guerre Mondiale et de la Shoah…
Les années passant, même si mon intérêt sur cette période n'a pas faibli, je me suis cependant tournée vers d'autres lectures…
Je n'avais jamais lu de livre estampillé « littérature jeunesse » qui traitait ce sujet et aussi c'est avec une certaine curiosité que je me suis lancée dans cette lecture….
Le petit Bruno vit à Berlin dans les années quarante, avec sa soeur et ses parents dans une grande maison et son univers va être bouleversé le jour où son père annonce à la famille qu'ils vont déménager…Fini les jeux avec les copains, car la maison où ils vont s'installer semble se trouver au milieu de nulle part ou presque…
C'est Bruno, jeune narrateur de 9 ans qui avec ses mots nous emmène dans sa vie que nous découvrons petit à petit. Son père, ami du « Fourreur » semble travailler dans un curieux endroit pas très éloigné de la nouvelle maison où habite la famille du petit garçon.
J'ai été très touchée par l'amitié qui va se forger entre Bruno et le jeune Shmuel et surtout par la fin de cette histoire.
Un livre qui se lit rapidement, d'une seule traite (en tout cas pour moi) et dont l'on ne sort pas indifférent.


Challenge A travers l'Histoire 2021
Commenter  J’apprécie          541
Bruno est un jeune garçon allemand.
Il vient d'emménager dans un endroit qui porte un nom étrange : « Hoche-Vite ». Tout cela à cause d'un bonhomme impoli, à la moustache ridiculement petite ; le Fourreur, qui a pour le père de Bruno, de grands projets.

Il n'aime pas cet endroit qu'il ne comprend pas.
Sans doute son père a-t-il été puni pour venir travailler dans ce coin sinistre.
Il s'y passe des choses anormales.

Il s'ennuie, il explore, à l'abri des regards.
Et il trouve un trésor : un ami pour la vie.

Pourtant, qu'il est étrange cet autre garçon en pyjama rayé, derrière les barbelés.
Il s'appelle Shmuel et son nom évoque en lui le vent qui souffle.
Et quand le vent souffle, il porte vers lui les fumées grises qui sortent des grandes cheminées.

Shmuel se dévoile petit à petit à Bruno. Pourtant l'incompréhension entre les deux garçons demeure. Pour le garçon juif, les mots sont impuissants à dire l'impossible. Et Bruno, de son côté, n'est pas capable d'imaginer qu'un enfant comme lui vive dans cet enfer.

Bruno, dont le prénom évoque pour Shmuel quelqu'un qui se frotte les bras pour se réchauffer, apportera sa part d'insouciance, sa joie de vivre, pour réchauffer son ami, sans vraiment prendre conscience du monde qui l'entoure, du rôle des soldats, du rôle de son père.

Jusqu'au jour où l'un des deux prendra l'apparence de l'autre, se moquant des barbelés qui rendent les gens laids et monstrueux, rejetant l'absurdité, la folie, l'indicible.
Après tout, ils sont identiques, seuls leurs « costumes » sont différents. Les enfants savent voir au-delà des apparences.

«Ce n'est pas parce qu'un homme observe le ciel la nuit qu'il est astronome. »
Le Führer aura beau cracher sa haine, dans son uniforme épatant, le garçon en pyjama rayé, qui traîne dans la poussière, sera toujours un enfant doué de rêves et d'espoir, capable de trouver dans les heures les plus sombres, un ami pour la vie.

Cette lecture, grâce au voile d'insouciance de Bruno, préserve le jeune lecteur de la cruauté de cette histoire, de l'Histoire. Sans ce voile, « Hoche-Vite » devient Auschwitz et le « Fourreur » révèle toute sa fureur en tant que Führer démoniaque, suivi par une armée de soldats sauvages. Sans ce voile, ce serait insoutenable.


Cette citation de John Betjeman, apparaît au début de l'adaptation cinématographique de ce roman :

« L'enfance est faite de sons, d'odeurs et d'impressions, avant d'être rattrapée par les heures sombres de la raison. »

Bruno et Shmuel sont les enfants de cette Histoire sombre, où les Hommes ont perdu la raison.
Deux "Petits Princes" sur une planète sauvage...
Commenter  J’apprécie          492




Lecteurs (4741) Voir plus



Quiz Voir plus

Le garçon en pyjama rayé.

La soeur de Bruno est...

' Une source d'ennuis '
' Le bazar continu '
' Un cas désespéré '

6 questions
92 lecteurs ont répondu
Thème : Le garçon en pyjama rayé de John BoyneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..