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Citations sur La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe .. (24)

Michelet voyait dans l'année de la Saint-Barthélémy le tournant du siècle.Si tournant il y a eu ,il coïncide plutôt avec les année s 1578-1583 ,quand s'engagent ,avec la guerre du Portugal, les grandes luttes pour l'Atlantique et ma domination du monde.
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Les civilisations sont les personnages les plus complexes, les plus contradictoires de Méditerranée. À peine leur reconnaît-on une qualité que la qualité opposée leur est acquise. Les civilisations sont fraternelles, libérales, mais en même temps exclusives et revêches ; elles reçoivent les visites des autres, elles les rendent aussi ; pacifiques, elles sont, non moins, guerrières ; d'une étonnante fixité, elles sont en même temps mobiles, vagabondes, animées de flux et de tourbillons, dans le détail de leur vie en proie à d'absurdes mouvements "browniens". Ainsi les dunes, bien accrochées à des accidents cachés du sol : leurs grains de sable vont, viennent s'envolent, s'agglomèrent au gré des vents, mais, somme immobile d'innombrables mouvements, la dune demeure en place.

- Les civilisations -
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Mais la plupart des transferts culturels s'accomplissent sans que l'on connaisse les camionneurs. Ils sont si nombreux, les uns si rapides, les autres si lents, ils prennent tant de directions que nul ne s'y reconnaît dans cette immense gare de marchandises où rien ne demeure en place. Pour un bagage reconnu, mille nous échappe ; adresses et étiquettes manquent, et tantôt le contenu, tantôt l'emballage. Passe encore qu'on veuille tout remettre en ordre quand il s'agit d’œuvres d'art [...]. Passe encore quand il s'agit de ces biens tangibles, les mots, ceux du vocabulaire ou de la géographie : le contrôle en est possible bien sûr. Mais quand il s'agit des idées, des sentiments, des techniques, toutes les erreurs sont possibles.

- Comment voyagent les biens culturels -
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Voyage des hommes ; voyage aussi des biens culturels, les plus usuels comme les plus inattendus. Ils ne cessent de se déplacer avec les voyageurs. Apportés ici par les uns telle année, repris par les autres l'année suivante ou un siècle plus tard, sans cesse transportés, abandonnés, ressaisis, et par des mains souvent ignorantes.

- Comment voyagent les biens culturels -
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Rayonner, donner, c'est dominer. La théorie du don vaut pour les individus et les sociétés, non moins pour les civilisations. Que ce don risque d'être appauvrissement à la longue, c'est possible. Mais il signale, tant qu'il dure, une supériorité et cette constatation achève la thèse d'ensemble de ce livre : la Méditerranée reste, un siècle durant après Christophe Colomb et Vasco de Gama, le centre du monde, un univers brillant et fort. La preuve? Elle éduque les autres et leur enseigne l'art de vivre. Disons bien que c'est toute la Méditerranée qui jette alors ses lumières au-delà de ses rivages, aussi bien la musulmane que la chrétienne. Même l'Islam nord-africain, qu'on traiterait volontiers en frère pauvre, rayonne vers le Sud, vers les bordures sahariennes et à travers tout le désert jusqu'au Bled es Soudan. Quant à l'Islam turc, dont la Süleymaniyé à Istanbul est le chef d’œuvre, rayonne au loin, affirme sa suprématie, et l'architecture n'est qu'un élément d'une vaste expansion.

- Les rayonnements extérieurs -
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En vérité, au-delà des changements qui altèrent ou bouleversent les civilisations, se révèlent d'étonnantes permanences. Les hommes, les individus, peuvent les trahir : les civilisations n'en continuent pas moins à vivre de leur vie propre, accrochée à quelques points fixes, quasi inaltérables.
Pensant à l'obstacle de la montagne, J. Cvijić déclare qu'elle s'oppose "moins à la pénétration ethnique qu'aux mouvements qui résultent de l'activité humaine et aux courant de civilisation". Interprétée et peut-être modifiée, cette idée paraît juste. À l'homme, toutes les escalades, tous les transferts sont permis. Rien ne peut l'arrêter, lui et les biens, matériels ou spirituels, qu'il transporte, lorsqu'il est seul et qu'il opère en son nom. S'agit-il d'un groupe, d'une masse sociale, le déplacement devient difficile. Une civilisation ne se déplace par avec la totalité de ses bagages. En traversant la frontière, l'individu se dépayse. Il "trahit", abandonne derrière lui sa civilisation.

- Permanences et frontières culturelles -
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Pour une civilisation, vivre c'est à la fois être capable de donner, de recevoir, d'emprunter. Emprunter, tâche difficile, n'est pas capable qui veut d'emprunter utilement, pour se servir, aussi bien que le maître, de l'outil adopté. [...]
Mais on reconnaît, non moins, une grande civilisation à ce qu'elle refuse parfois d'emprunter, à ce qu'elle s'oppose à certains alignements, à ce qu'elle fait un choix parmi ce que les échangeurs lui proposent, et souvent lui imposeraient s'il n'y avait des vigilances ou, plus simplement, des incompatibilités d'humeur et d'appétit. Il n'y a que les utopistes [...] pour rêver de fondre les religions entre elles : complexes de biens, de forces, de systèmes qu'est toute civilisation. Il est possible de les mêler en partie, de déplacer de l'une à l'autre telle idée, à la rigueur tel dogme, tel rite ; de là à les confondre, le chemin est immense.

- Rayonnement et refus d'emprunter -
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Il n'y a de civilisations vivantes que capables d'exporter leurs biens au loin, de rayonner. Une civilisation qui n'exporterait pas hommes, façons de penser ou de vivre est inimaginable. Il y a eu une civilisation arabe : on sait son importance, puis son déclin. Il y a eu une civilisation grecque, elle a au moins sauvegardé sa substance. Au XVIe siècle, il existe une civilisation latine (je ne dis pas chrétienne sans plus), la plus résistante de toutes les civilisations aux prises avec la mer : rayonnante, elle s'avance à travers l'espace méditerranéen et, par-delà, vers les profondeurs de l'Europe, vers l'Atlantique et l'Ultramar ibérique.

- Rayonnement et refus d'emprunter -
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[...] presque prêt à suivre Gabriel Audisio et à penser que la vraie race méditerranéenne est celle qui peuple ces ports bigarrés et cosmopolites : Venise, Alger, Livourne, Marseille, Salonique, Alexandrie, Barcelone, Constantinople, pour ne citer que les grands. Race qui les réunit toutes en une seule. Mais n'est-ce pas absurdité ? Le mélange suppose la diversité des éléments. La bigarrure prouve que tout ne s'est pas fondu dans une seule masse ; qu'il reste des éléments distincts, qu'on retrouve isolés, reconnaissables, quand on s'éloigne des grands centres où ils s'enchevêtrent à plaisir.

- Comment voyagent les biens culturels -
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Un dernier trait singularisera ces sociétés de Méditerranée : malgré leur modernité, elles restent esclavagistes, aussi bien en Occident qu'en Orient. C'est là une étrange fidélité au passé, la marque peut-être d'un certain luxe, car l'esclave coûte cher, a ses exigences et se trouve en concurrence avec les pauvres et les misérables, même à Istanbul. C'est la rareté de la main-d’œuvre, le rendement des mines et des plantations de canne à sucre qui permettra l'esclavage à l'antique du Nouveau Monde, ce vaste et profond retour en arrière. En tout cas, l'esclavage, pratiquement effacé dans l'Europe du Nord et en France, se survit dans l'Occident méditerranéen, en Italie, en Espagne, sous forme d'un esclavage domestique assez vivace. [...] L'esclavage est une réalité de cette société méditerranéenne, dure vis-à-vis des pauvres, malgré le grand mouvement de piété et de charité religieuses qui grandira à la fin du siècle. En tout cas, il n'est pas l'apanage de l'Atlantique et du Nouveau Monde.

- Les esclaves -
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