Même après toutes ces années, je ne comprends pas pourquoi les déportés "raciaux" n'ont pas eu droit à la même considération que les résistants.
Tu étais sans cesse invitée mais tu ne parlais que de résistance, de tes missions. Personne n'avait rien à faire de tes deux soeurs juives déportées à Auschwitz ou à Bergen-Belsen !
Nous n'étions que des victimes, n'est-ce pas ? Milou et moi n'étions pas des combattantes prises les armes à la main. Nous n'étions que des juives !
Même après toutes ces années, je ne comprends pas pourquoi les déportés "radicaux" n'ont pas eu droit à la même considération que les résistants.
Au camp, tout le monde avait peur que personne ne sache jamais ce qui s'était passé.
En 1939, l'entrée en guerre met brusquement un terme à l'enfance insouciante de Simone Veil et de ses soeurs, jusqu'alors faite de jeux, de scoutisme et de virées en bord de mer. Déchirée puis dispersée, la famille Jacob - leur nom de naissance - qui se croyait pourtant indivisible, se retrouve projetée dans différentes versions de l'enfer. Dans les camps de la mort, Simone et sa soeur soutiennent à bout de bras une mère à bout de forces. Quant à leur soeur Denise, elle oeuvre dans la Résistance, isolée à Lyon, avant d'être arrêtée et déportée à son tour. Lorsque vient la Libération et que la nation tente de se reconstruire autour du récit d'une France résistante, Denise fait de l'ombre à ses soeurs, "déportées raciales", témoins et victimes malheureuses d'atrocités que l'on préfère déjà oublier.
Cette adaptation des Inséparables de Dominique Missika retrace l'itinéraire de vie d'une famille séparée par la guerre mais unie par le coeur, dont le destin restera inscrit dans l'histoire de notre pays.
"Mes sœurs,
S'éloigner de Paris n'est pas se fâcher. C'est une manière de tenir à distance les souvenirs de guerre, de se consoler de la mort de son cousin, de la perte de ses sœurs de misère, de l'engloutissement de son enfance.
"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle" : ces mots de Baudelaire me poursuivent comme le thème permanent d'une année.
Votre sœur Denise qui vous aime."
Je n'avais qu'une idée en tête : raconter la Shoah. J'avais entamé un travail scientifique qui entendait montrer d'où venaient les femmes déportées comme moi à Auschwitz.
(page 149)
Simone se passionnait pour le droit. Quand certains avaient abandonné tout espoir et toute foi en l'humanité, elle s'enflammait à l'idée de défendre les victimes.
(page 141)
- Par contre, je n'ai jamais compris pourquoi tu dormais par terre chez tante Suzanne.
- L'habitude des camps ... je dormais au sol entre les pierres et la boue, dans le baraquement. Je n'arrivais plus à dormir dans un vrai lit.
(page 140)
Nous n'étions que des victimes, n'est-ce pas ? Milou et moi n'étions pas des combattantes prises les armes à la main. Nous n'étions que des Juives ! peu importaient notre expérience de l'enfer à Auschwitz, nos douleurs et nos souffrances ... Nous n'avions pas fait preuve de bravoure !
(page 127)