Au camp, tout le monde avait peur que personne ne sache jamais ce qui s'était passé.
"Mes sœurs,
S'éloigner de Paris n'est pas se fâcher. C'est une manière de tenir à distance les souvenirs de guerre, de se consoler de la mort de son cousin, de la perte de ses sœurs de misère, de l'engloutissement de son enfance.
"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle" : ces mots de Baudelaire me poursuivent comme le thème permanent d'une année.
Votre sœur Denise qui vous aime."
La scène de mon arrestation me hante encore soixante-dix ans après, j'en fais des cauchemars. Sans doute parce que cette arrestation a marqué le début d'un voyage vers l'enfer dont la plupart d'entre nous ne sont jamais revenus.
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Tu étais sans cesse invitée mais tu ne parlais que de résistance, de tes missions. Personne n'avait rien à faire de tes deux soeurs juives déportées à Auschwitz ou à Bergen-Belsen !
Nous n'étions que des victimes, n'est-ce pas ? Milou et moi n'étions pas des combattantes prises les armes à la main. Nous n'étions que des juives !
Même après toutes ces années, je ne comprends pas pourquoi les déportés "radicaux" n'ont pas eu droit à la même considération que les résistants.
Nous n'étions pas là pour gagner notre vie mais pour attendre notre mort.
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Même après toutes ces années, je ne comprends pas pourquoi les déportés "raciaux" n'ont pas eu droit à la même considération que les résistants.
La chose peut paraître étonnante, mais dans le camp d'internement de Drancy, jusqu'au bout, on ne savait que peu de choses sur le sort des déportés. On ignorait ignorait tout des chambres à gaz et des fors crématoires.
(page 75)
Tu sais, j'y tiens énormément à cette photo ! C'est mon dernier moment d'insouciance ... C'est à ce moment-là que le paradis de mon enfance s'est envolé.
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Je n'avais qu'une idée en tête : raconter la Shoah. J'avais entamé un travail scientifique qui entendait montrer d'où venaient les femmes déportées comme moi à Auschwitz.
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