Je connais et apprécie
Claire Brétecher pour Agrippine (et un peu Cellulite). Les réflexions posées par la dessinatrice sont cash, directes, aidées en cela par un trait rapide, nerveux, simple et malgré tout très expressif. le noir et blanc convient parfaitement au propos...
Mais ici, on a de la couleur, abondamment de couleur. Et j'ai l'impression que cette complication graphique va de pair avec un flou dans le propos de l'autrice. le bolot occidental, c'est un animal qui se reproduit avec vivacité, toujours en rut, il gaspille, détruit, salit un peu tout et aime procréer contre nature avec d'autres espèces animales. Il ne respecte pas vraiment autrui non plus...
Là on en arrive à un truc qui me chipote... Les aventures lubrico-écologistes du bolot occidental ont paru dans le magazine
Le Sauvage, une révue d'écologie politique. Dargaud a repris l'édition des BD de Brétecher, d'abord publiées à compte d'auteur. Dargaud, donc, sur le site de l'éditeur, présente la BD comme "une satire mordante de l'orthodoxie de ce que l'on appelait pas encore les Verts".
Alors, je suis d'accord que la BD met en scène une réserve naturelle pour espèces menacées, dirigée par quelques babas un peu "too much", voire rigides (et dont le bolot se moque allègrement). On peut aussi considérer que les pratiques sexuelles débridées du bolot sont un pied-de-nez aux cathos et autres culs serrés. Mais je pense quand même que Dargaud s'illusionne... le véritable enjeu des aventures du bolot... c'est le comportement du bolot précisément. Je l'ai dit, il détruit la planète et si la réserve existe, c'est bien à cause du comportemen du bolot. Au passage Brétecher parle du nucléaire (et pas en termes positifis). Elle aborde aussi la condition de la femelle du bolot...
Donc on a propos embrouillé, qui permet aux adversaires de l'écologie d'encenser le bolot et d'y voir une opposition à l'écologie... donc un rejet de l'écologie, car le bolot est cool et drôle... La BD date des années 70, cela date un peu. Les écolos de l'époque étaient un peu plus "roots" et folklo que maintenant. Brétecher est une artiste complexe, classée à gauche mais résolument contre le maoïsme, ou la gauche dite caviar, intello parisienne... Ici je pense que Brétecher se moque tout autant de l'orthodoxie verte que les beauf qui voudraient un bolot comme animal de compagnie.