En douze pages et 170 vers,
Bernard Bretonnière, entre humour et gravité, évoque la
cigarette : celle, qui nuit gravement, celle qui est prétexte à murmurer l'intime comme celle qui dit beaucoup sur la société. Jubilatoire, politiquement incorrecte en cette époque de chasse aux fumeurs, cette liste nous fait voir ce que nous avions sous le nez : une mythologie puissante, en voie de disparition, à protéger donc.
Et gagné par le plaisir de la lecture, on se prend à poursuivre la liste :
Celle que fume Omer Simpson qui se nomme une Laramie.
Celle, une Morley, que fume l'agent Fox Mulder dans les X-Files.
Celle, tout autant imaginaire, que l'on retrouve dans les films de
Tarantino, qui est une Red Appel.
Celle que l'on a fumé avec les cousins, pour prouver aux cousines que l'on était un homme.
Celle que l'on nous réclame, dans la rue, nous obligeant à nous excuser de ne pas fumer.
Celle qui sera interdite même dans les discothèques en janvier prochain.
Celle dont on peut se sevrer en téléphonant au 0825 309 310 (0,15 €/min).
Celle que l'on achète en cartouches à la frontière durant les vacances au Pays Basque : Fumar perjudica gravemente su salud y la de los que están a su alrededor.
Celle que le grand-père gardait éternellement à sa bouche, éteinte puisqu'il avait cessé de fumer depuis dix ans.
Celle que j'ai trouvée, par hasard, adolescent, dans la chambre de mes parents alors que ma mère honteuse faisait croire à tout le monde qu'elle avait arrêté.
Celle que je n'ai jamais fumée.
Celle que j'ai lue avec beaucoup de plaisir dans le grand petit livre de Bretonnière...
Éric
PESSAN, "Vient de paraître, supplément du Livre en Pays de la Loire" ("Encres de Loire"), n° 42, octobre 2007