Après un premier tome dont l'intrigue m'a étonnement tenu en haleine alors que je n'en attendais pas grand-chose (et qui a finalement été mon coup de coeur), c'est avec une impatience renouvelée et une excitation certaine que je me suis procuré la suite.
Toutefois, dès les premières pages un sentiment de malaise s'est emparé de moi et toute excitation et impatience ont progressivement déserté pour laisser place à l'agacement. Comme je le pressentais une fois commencé, la lecture s'est avérée laborieuse.
Nous passons d'un récit fort bien construit autour de plusieurs personnages intéressants du tome 1 (à plusieurs stades de leur vie pour voir leur évolution), à une espèce de bouillon infâme du tome 2 avec ses protagonistes insipides, mal travaillés ou qui n'évoluent plus. Là où l'on suivait, le parcourt initiatique du jeune Arlen dans sa transformation en l'Homme Rune, dans ce tome 2 il est dans une première partie complètement absent du récit, puis assujetti par le personnage de Leesha qui s'arroge surprenamment le rôle du personnage principal alors qu'elle n'a ni la complexité, ni le relief d'Arlen. Prenant trop amplement de la place dans le récit alors qu'elle n'a pas grand-chose d'intéressant à raconter contrairement à Arlen ou bien à Rojer (qui semble également complètement délaissé dans ce tome), on suit donc léthargiquement ses pérégrinations redondantes et sans réels intérêts.
On est donc témoin de Leesha qui est une femme, comme aime nous le rappeler 800 fois l'auteur dans chaque chapitre lui étant dédié, forte dont l'unique intérêt est de nous montrer comment elle sait manipuler les gens de son hameau. Chose qui était intéressante dans le tome 1, car posant les bases de son personnage, mais qui est complètement redondante au bout des 300 pages lui étant dédiées (oui c'est long) et dont on ne comprend pas bien les motivations. Son personnage n'évolue pas ou peu, et n'apporte rien de réellement intéressant au récit. D'autant plus que certaines actions qu'elle fait au cours du volume peuvent parfois faire lever les yeux au ciel tant ces dernières sont peu cohérentes ou fruit d'une volonté de l'auteur d'orienter maladroitement le récit dans un sens qui paraît peu naturel. Les rapports poussifs de l'auteur sur le fait qu'elle doit trouver un mari est bien accueillit au début de ses passages, puis devient agaçant lorsqu'il ne cesse de nous les agiter à la figure. Est-ce donc à cela qu'est réduit le personnage de Leesha ?
D'autant plus que l'on commence sur 200 pages avec le passé de l'antagoniste du héros Jardir (quoique Arlen est-il toujours le héros de cette saga ?) qui même si l'on comprend que cela soit nécessaire, car il est toujours intéressant de voir le point de vue adverse, fait le portrait d'un homme n'étant en fin de compte que le pantin de sa femme (encore un autre point que l'auteur adore nous rappeler tout le temps : la femme forte) et étant de ce point du vu là sans saveur, peu digne d'estime
(d'autant plus qu'il apparaît déjà comme un voleur et un traître dans le tome 1).
Le violoniste Rojer est très mis en arrière également, n'ayant que quelques chapitres alors qu'il m'avait bien intrigué dans le tome 1 (dont une part non négligeable lui était dédiée tout de même), de même qu'Arlen dont les passages ne sont finalement qu'un prétexte pour l'introduction du nouveau personnage féminin de Rena qui semble souffrir des mêmes tares que Leesha, la rendant au mieux sympathique, au pire exaspérante.
Pour résumé, le gros point noir de ce tome est que l'auteur ne semble pas savoir varier le caractère de ses personnages féminins. Elles ont toutes la même force d'élocution, le même passé douloureux
(viol dans ces deux cas), la même personnalité : et quand on les superpose cela donne quelque chose de sans relief et dénué d'identité propre. Rena devient Leesha et Leesha devient Inerva.
Au contraire des personnages masculins qui sont mieux définis, avec des résolutions cohérentes qui répondent à leur background. Cela ne renforce en rien le récit puisqu'il privilégie les personnages insipides dans ce tome à ceux que nous voulons réellement suivre. Je ne demande pas un traitement à la Sanderson comme pour Shallan de Roshar ou Vin des fils des Brumes, ou encore moins une Ciri de Sapkowsky. Ni une Kallan de
Goodkind ou une Teia de Weeks. Mais par les sept enfers, il convient de faire un effort pour orienter les personnages et le récit dans une direction moins poussive.