C’est à l’orée du bois de Pascolle, que les parents de Mathieu et Nicolas avaient bâti leur maison.
Oh ! Ce n’était pas vraiment une maison, c’était plutôt un assemblage curieux de morceaux de bois et de quelques pierres. Le tout était recouvert de chaume, et ma foi, on n’y était pas si mal.
Quand il pleuvait et que l’eau passait par les trous du toit, on la recueillait dans un bac en peau de chèvre et on s’en servait pour cuire la soupe. Quand il ventait, au lieu de dormir sur son matelas, il suffisait de dormir dessous. Bien sûr, le sol était un peu froid, alors on se réveillait plus tôt, et on pouvait profiter du lever du soleil.
Vous voyez, il n’y avait pas lieu de se plaindre mais certains jours pourtant, lorsque le seul repas n’était qu’une poignée de pignons de pin, Mathieu et Nicolas grognaient un peu : leurs parents travaillaient tout le jour durant, mais la terre était si mauvaise qu’ils n’arrivaient jamais à en tirer de quoi manger à leur faim.
Le jour où commença cette histoire était un jour de soleil. C’est beaucoup moins dur d’être pauvre quand il y a du soleil : on vit dehors, on trouve bien agréables les vêtements percés car ils laissent passer l’air, on sent la caresse de l’herbe sous les pieds nus, et on a tellement moins faim lorsqu’il fait chaud.
Donc Mathieu et Nicolas s’étaient installés devant la porte et tressaient des paniers d’osier qu’ils comptaient vendre au marché quand tout à coup, ils aperçurent une petite tortue verte qui passait devant eux d’un pas tranquille.
Visiblement, rien ne la pressait, elle n’avait pas de lait sur le feu et personne ne l’attendait. Elle poursuivit son chemin sans même regardes les garçons, et s’enfonça dans le bois.