Camille Brissot nous propose un récit de science-fiction proche de notre époque où la réalité virtuelle s'immisce dans notre intimité.
La première de couverture m'a attiré l'oeil et j'ai d'abord pensé que cette histoire était une histoire de fantômes avec une ambiance fantastique.
Après lecture, la première impression n'est pas loin de se confirmer la dimension fantastique en moins. Point de fantômes, mais des illusions. La frontière est mince entre ces deux concepts.
La réflexion sur le deuil, sur l'acceptation de la mort est traitée ici avec beaucoup de subtilité apportant des nuances et des points de vue différents.
Chaque personnage amène sa pierre à l'édifice. Des vérités sont révélées, on passe d'illusions en désillusions et la métaphore filée des reflets est une très belle image des faux-semblants de notre monde.
Daniel est un personnage en construction/ déconstruction, un être en questions.
Autour de lui gravite peu de personnes réelles mais présentes tout de même. le plus difficile pour lui c'est de démêler le réel de l'imaginaire pour pouvoir enfin vivre.
Un de mes personnages préféré est Madame Elia, personnage terre à terre, courageux, bien ancré dans la réalité sans être insensible elle est inflexible et juste.
J'avoue que ce texte m'a beaucoup touché et je frôle le coup de coeur car je trouve essentiel qu'un récit jeunesse ouvre l'esprit sur des questions tabous telle que celle de la mort.
De nombreuses références au passage de la vie à la mort sont présentées dans ce livre et j'ai bien apprécié ces rappels parsemés de ci delà pour nous montrer le caractère universel de cette réflexion sur l'essence même de la vie et sur la mort. le mythe d'Orphée et Eurydice, Charon et sa traversée du Styx, le tableau de Böklin...
Pour ce qui est de l'écriture de l'auteur, j'aime les descriptions de la nature qui change suivant le moment de la journée ou encore suivant les saisons.
L'exploitation qui est faite du reflet, miroir trouble allié à la gémellité. le choix d'alterner dialogues, lettres, citations, descriptions, de proposer un découpage par temps forts dans le récit avec des titres intermédiaires amène un rythme, une respiration particulière au récit qui allège le propos et lui donne sens.
C'est intelligent, fluide dans l'écriture et l'on s'attache aux personnages même les plus acariâtres. J'ai énormément apprécié cette lecture qui viendra me hanter j'en suis sûre, pour mieux me raccrocher à la réalité.
Lien :
http://chrisbookine.blogspot..