Citations sur Le souper (suivi de) L'entretien de M. Descartes avec.. (9)
TALLEYRAND: Vous n'aurez jamais de rival à la Police, et le roi ne l'ignore pas. On a toujours besoin d'un grand ministre à la Police. Avec une bonne police, il ne peut y avoir qu'un bon Gouvernement puisque personne n'ira dire qu'il est mauvais.
FOUCHÉ: Sauf tous ceux qui sont en prison pour avoir dit qu'il n'est pas bon. Mais les gens qui sont en prison ne sont pas de bons citoyens. Donc leur avis ne compte pas.
TALLEYRAND: Qu'ils en aient un est même une insolence à l'égard du pouvoir.
("Le Souper")
MARIE: J'ai eu vingt ans sous la Régence.
JULIE: A vous entendre, on ne peut pas penser que ce fût un bonheur pour une femme.
MARIE: A cette époque, on ne pensait pas au bonheur, mais au plaisir - pas à l'amour mais à la volupté. Tout était si facile aux hommes... il suffisait à n'importe lequel de dire trois fois à une femme qu'elle était jolie, pour qu'elle le remercie à la première, qu'elle le croie à la seconde et qu'elle le récompense à la troisième. Il nous fallait plaire à tout prix sous peine de n'être pas vues. Et c'était à la cour qu'il fallait l'être... oui parce que c'était à la cour que les hommes en nous désirant pouvaient faire de nous un peu plus que nous-mêmes.
("L'Antichambre")
DESCARTES: Je vous entends, mais la science...
PASCAL: Elle ne nous dit rien de Dieu.
DESCARTES: Elle peut nous aider, à tout le moins, à connaître son œuvre.
PASCAL: A la connaître? Enfin , Monsieur... Ce qu'elle nous enseigne est insignifiant. Je dirais même qu'elle accroît notre ignorance en feignant de la dissiper. Outre cela qui est déjà bien dangereux, elle nous incline à l'orgueil en nous donnant à espérer que nous touchons au but alors qu'il s'éloigne toujours à chaque pas que nous faisons vers lui. Tout cela n'est qu'illusion. J'en suis persuadé: notre intelligence s'égare en de mauvais chemins. Pour ma part, je reviens au centre où est la vérité. Sa lumière.
("Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune")
HÉNAULT: Qu'avaient-ils donc tous aujourd'hui? Chacun parlait pour soi. Personne n'écoutait personne. On se serait cru au marché.
MARIE: Oui, ou dans un "meeting", comme disent les Anglais. Voilà ce que devient la conversation lorsque chacun suit son idée. Pour moi, dès que l'une se pointe dans ma tête, je la laisse filer. J'ai horreur d'être à la remorque, même de mes idées.
("L'antichambre")
PASCAL (bas et d'un ton pathétique) — Monsieur, je suis dans une ignorance terrible, et cette partie même de moi qui pense ce que je dis ne se connaît non plus que le reste. Je ne vois que des infinis qui m'enferment comme un atome, et de moi je sais seulement que je ne suis ici qu'une ombre sans retour et de peu de durée.
(L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune)
FOUCHE (bas) — Oui, vous avez raison. Le temps nous est compté. Nous sommes vieux. Et si riches ! Et nous allons bientôt mourir !... Est-ce juste de se voir tout reprendre en un instant et d'être tout à coup comme celui qui n'a rien eu et qui n'a rien été ?
TALLEYRAND (bas) — Cultivez la mélancolie. Elle vous fait tout doucement à l'idée de la mort.
(Le souper)
"Il faut vous y faire, Fouché: l'avenir aujourd'hui est au passé."
DESCARTES — Je vous comprends quand vous me dites votre ennui, mais je ne vous suis pas lorsque vous mettez les sciences en accusation.
PASCAL — Que vous ont-elles donc enseigné ?
DESCARTES — Eh ! mais beaucoup de choses.
PASCAL — Oui, que l'univers est sans borne et que l'homme aujourd'hui ne sait plus à quel rang se mettre. Je regarde de toutes parts, et je ne vois partout qu'obscurité. Nous savons seulement que nous sommes tombés de notre place et que nous la cherchons sans succès dans les ténèbres.
(L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune)
"Pourquoi tiraillent-ils encore?
— Parce qu'ils ne sont pas contents. Et vous savez ce qu'est un mécontent, Fouché? C'est un pauvre qui réfléchit.
— Une bonne police est là pour l'empêcher de réfléchir.
— Sur ce point, je vous suis."