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EAN : 9782742756353
215 pages
Actes Sud (31/05/2005)
4.29/5   21 notes
Résumé :
Histoires...
histoires aurait pu être le sous-titre de ce recueil. Chacune de ces pièces, en effet, met en scène le conflit de deux personnages de grand format (Talleyrand et Fouché, Descartes et Pascal, Mme du Deffand et Julie de Lespinasse) qui vivent, inscrite dans l'Histoire, une histoire qui leur est propre. Il m'a fallu, pour les faire parler, tenter de retrouver - et sans tomber dans le pastiche - une langue française à son plus haut degré de grâce et ... >Voir plus
Que lire après Le souper (suivi de) L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal Le Jeune - L'antichambreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce recueil regroupe trois pièces contemporaines du désormais regretté dramaturge Jean-Claude Brisville dont seule la première est connue du grand public (je m'inclus dedans, enfin avant ma lecture, maintenant je les connais… hum ! Je m'égare non ?).
En dehors de leur auteur commun, ce groupement se comprend aussi par la thématique : toutes ces pièces remettent au goût du jour le théâtre de l'Histoire qui avait tendance à être passablement oubliée de nos auteurs contemporains (bon, c'est mon sentiment mais il est peut-être lié à ma méconnaissance du domaine).
Troisième point commun : chaque pièce met en scène le dialogue de deux personnages historiques de gros calibre. « le souper » met face à face Talleyrand et Fouché au moment de la Restauration, « L'entretien… » le titre présente les ressortissants n'est-ce pas ? « L'antichambre » fait dialoguer deux salonnières influentes du siècle des Lumières : Mme du Deffand et Julie Lespinasse.

Pour les qualifier d'un grand trait de feutre qui tâche, je dirais que ces pièces sont surtout des biographies déguisées. La raison qui amène ces grands personnages à se rencontrer est secondaire ; l'auteur veut surtout nous faire connaître les actes qu'ils ont commis et leur psychologie. La volonté est clairement éducative. En ce qui me concerne, la mission est réussie.
Cela est soigneusement emballé dans une langue délicieuse qui m'a forcé à arracher un nombre de citations pharaonique. L'humour n'est pas spécialement à l'honneur, hormis dans « L'antichambre » - ma préférée - où intervient un troisième larron dénommé le président Hénault dont les maladresses verbales allègent le récit.

Franchement je n'avais jamais lu ou vu de pièces de ce type auparavant. A présent j'en redemande. Jean-Claude Brisville étant malheureusement décédé l'an dernier, j'espère que d'autres prendront le relais. J'ai récemment été voir « le système » d'Antoine Rault, qui est dans le même esprit et m'a bien plu. La relève est peut-être là…
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Pouvoir, je t'aime !

Trois pièces de théâtre :réunies dans cet ouvrage dont l'auteur est Jean-Claude Brisville.

J'ai beaucoup aimé la première "Le souper" imaginant la rencontre entre Talleyrand et Fouché en juillet 1815.

Se rappelant leurs enfances, leurs carrières politiques depuis 1789, leurs trahisons et leurs mensonges, les deux personnages s'affrontent avec sarcasme, cynisme et ironie, dans un huis clos splendide, pour la quête du pouvoir à prendre après la chute de Napoléon 1er.

Fouché pense qu'il faut revenir à la république. Pour Talleyrand, il faut restaurer les Bourbons ; il a besoin de l'appui de Fouché, président du gouvernement provisoire.

Les caractères sont bien étudiés et comme je les imagine : Talleyrand, fin politique, plein d'humour monarchiste et manipulateur et Fouché, plus brut, violent et connaissant tous les secrets.

Un style parfait, des dialogues aiguisés, restituent très bien ces deux personnages historiques, si différents mais que la soif du pouvoir lie !

Le spectacle est créé le 20 septembre 1989 au Théâtre Montparnasse et les interprètes extraordinaires !
Claude Rich en Talleyrand
Claude Brasseur en Fouché
Je ne me lasse jamais de regarder cette pièce de théâtre et le film !

J'ai moins apprécié les 2 autres pièces plus énigmatiques pour moi, ne connaissant pas assez les personnages et leurs idéaux ;
"l'Entretien" de Descartes avec Pascal en septembre 1647.
et "l'Antichambre" en 1750 chez la marquise de Deffand.
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Au départ, quelques lignes De Chateaubriand. le passage fantomatique, devant le jeune aristocrate, de Talleyrand appuyé sur le bras de Fouché, en direction des appartements de Louis XVIII à Saint Denis.
A partir de ces quelques mots, Jean-Claude Brisville imagine le souper au cours duquel le premier convainc le second de prêter allégeance au roi et de lui offrir le pouvoir.
Dialogues ciselés et réparties spirituelles.
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Trois pièces de théâtre, trois périodes distinctes de l'Histoire de France, trois face-à-face d'envergure. Joie.

« le souper » : créée en 1989, elle met en scène FOUCHÉ et TALLEYRAND en 1815, après la chute de NAPOLÉON 1er et alors que FOUCHÉ est Président du gouvernement provisoire. TALLEYRAND est pour un retour de la monarchie après l'épisode napoléonien (pourquoi pas un Louis XVIII sur le trône ?) tandis que FOUCHÉ se déclare pour la République. Un entretien qui dévie sur les exactions passées des deux personnages. « Vous savez ce qu'est un mécontent, FOUCHÉ ? C'est un pauvre qui réfléchit ». Adaptée au cinéma en 1992 par Edouard MOLINARO.

« L'entretien de M. DESCARTES avec M. PASCAL le jeune » : comme son nom l'indique, face-à-face avec le « vieux » DESCARTES de 51 ans contre un jeune Blaise PASCAL de 24 ans déjà éreinté par la vie et malade. Entretien imaginaire de 1647 sur la philosophie, la vie, Dieu, les souvenirs, l'Histoire, et bien sûr des dialogues tendus sur le thème de la religion qui les oppose. Pièce créée en 1985.

« L'antichambre » : encore un dialogue imaginaire censé se tenir en 1750 (et créé là en 1991) entre deux salonnières parisiennes : l'assez défraîchie Madame Marie du DEFFAND et la toute jeune espiègle et prometteuse Julie de LESPINASSE avec parfois en arbitrage l'amant de la première, le Président HÉNAULT. Un face-à-face d'une grande violence entre deux dames que tout oppose, sauf l'immense opportunisme. Il sera question de l'affaire CALAS, de religion, mais aussi de l'Encyclopédie que préparent DIDEROT et D'ALEMBERT. Les deux femmes, dans un véritable duel, vont mener un cruel jeu de joutes oratoires (Julie : « Je vous plains », Marie : « Tenez-vous-en à l'insolence, elle vous convient mieux que la pitié »).

Trois pièces de théâtre d'allure classique et de haut vol par le ton et les dialogues cisaillés et parfaitement documentés pour replonger dans trois siècles différents mais avec des enjeux parfois similaires. Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec l'excellente émission télé historique française des années 1950 et 1960 « La caméra explore le temps » (retirée de l'antenne en 1966 pour avoir dressé un portrait trop positif (donc déplaisant au pouvoir gaulliste) des Cathares, mais ceci est une autre histoire). Donc forcément, on se régale si tant est que l'Histoire de France et ses vicissitudes nous intéressent. Trois pièces remarquables et très agréables à lire, ici compilées en un volume en 1994.
https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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Texte de la pièce de théâtre et de l'adaptation cinématographique homonymes, l'ouvrage propose de mettre en scène l'hypothétique souper entre Talleyrand et Fouché au lendemain de Waterloo et à la veille de la seconde restauration. Ces deux hommes que tout oppose (caractère, camp de ralliement...), tentent, dans une ultime rencontre, de trouver un avenir à la France déconfite par la défaite, où pourra s'exprimer les atouts des deux personnes les plus influentes du moment qui risquent néanmoins de tout perdre si elles n'arrivent pas à un compromis.
L'auteur nous fait plonger dans le machiavélisme patent des politiciens avides et ambitieux toujours sur la corde raide mais jamais en dessous.
Des dialogues à la hauteur du renom des deux personnages qui enflamment le huis-clôt d'un cabinet feutré.
Délectation garantis aussi bien à lire qu'à voir au théâtre ou en film. Les acteurs (Claude Brasseur/Fouché et Claude Rich/Talleyrand y sont somptueux).
PS: le livre est suivit de deux autres pièces de théâtre du même auteur.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
MARIE: J'ai eu vingt ans sous la Régence.
JULIE: A vous entendre, on ne peut pas penser que ce fût un bonheur pour une femme.
MARIE: A cette époque, on ne pensait pas au bonheur, mais au plaisir - pas à l'amour mais à la volupté. Tout était si facile aux hommes... il suffisait à n'importe lequel de dire trois fois à une femme qu'elle était jolie, pour qu'elle le remercie à la première, qu'elle le croie à la seconde et qu'elle le récompense à la troisième. Il nous fallait plaire à tout prix sous peine de n'être pas vues. Et c'était à la cour qu'il fallait l'être... oui parce que c'était à la cour que les hommes en nous désirant pouvaient faire de nous un peu plus que nous-mêmes.

("L'Antichambre")
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DESCARTES: Je vous entends, mais la science...
PASCAL: Elle ne nous dit rien de Dieu.
DESCARTES: Elle peut nous aider, à tout le moins, à connaître son œuvre.
PASCAL: A la connaître? Enfin , Monsieur... Ce qu'elle nous enseigne est insignifiant. Je dirais même qu'elle accroît notre ignorance en feignant de la dissiper. Outre cela qui est déjà bien dangereux, elle nous incline à l'orgueil en nous donnant à espérer que nous touchons au but alors qu'il s'éloigne toujours à chaque pas que nous faisons vers lui. Tout cela n'est qu'illusion. J'en suis persuadé: notre intelligence s'égare en de mauvais chemins. Pour ma part, je reviens au centre où est la vérité. Sa lumière.
("Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune")
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TALLEYRAND: Vous n'aurez jamais de rival à la Police, et le roi ne l'ignore pas. On a toujours besoin d'un grand ministre à la Police. Avec une bonne police, il ne peut y avoir qu'un bon Gouvernement puisque personne n'ira dire qu'il est mauvais.

FOUCHÉ: Sauf tous ceux qui sont en prison pour avoir dit qu'il n'est pas bon. Mais les gens qui sont en prison ne sont pas de bons citoyens. Donc leur avis ne compte pas.

TALLEYRAND: Qu'ils en aient un est même une insolence à l'égard du pouvoir.

("Le Souper")
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HÉNAULT: Qu'avaient-ils donc tous aujourd'hui? Chacun parlait pour soi. Personne n'écoutait personne. On se serait cru au marché.
MARIE: Oui, ou dans un "meeting", comme disent les Anglais. Voilà ce que devient la conversation lorsque chacun suit son idée. Pour moi, dès que l'une se pointe dans ma tête, je la laisse filer. J'ai horreur d'être à la remorque, même de mes idées.

("L'antichambre")
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DESCARTES — Je vous comprends quand vous me dites votre ennui, mais je ne vous suis pas lorsque vous mettez les sciences en accusation.
PASCAL — Que vous ont-elles donc enseigné ?
DESCARTES — Eh ! mais beaucoup de choses.
PASCAL — Oui, que l'univers est sans borne et que l'homme aujourd'hui ne sait plus à quel rang se mettre. Je regarde de toutes parts, et je ne vois partout qu'obscurité. Nous savons seulement que nous sommes tombés de notre place et que nous la cherchons sans succès dans les ténèbres.

(L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune)
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Vidéo de Jean-Claude Brisville
L'Antichambre de Jean-Claude Brisville. Pièce intégrale.
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