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EAN : 9782869430204
36 pages
Actes Sud (13/02/1992)
4/5   4 notes
Résumé :
Les deux philosophes les plus célèbres de leur temps se sont rencontrés à Paris, dans le couvent des Minimes, durant plusieurs heures, à huis clos, le 24 septembre 1647. Blaise Pascal avait alors 24 ans et était déjà très malade et René Descartes, 51 ans. De cet entretien historique, rien n’a filtré, sinon une ou deux notes jetées sur le papier par l’un et l’autre. Jean-Claude Brisville a imaginé librement cette conversation entre deux hommes qui se découvrent progr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Descartes a laissé une telle trace en sciences et philosophie que son nom a généré un adjectif connu même des non aficionados des maths. Pascal est un génie qui créa la première machine à calculer à dix-huit ans et dont les travaux sur le vide furent si décisifs que l'unité de pression dans le système international porte son nom.

Jean-Claude Brisville nous propose un dialogue entre ces deux monstres « sacrés ». Rassurez-vous, on n'assiste pas à un débat de matheux qui s'envoient des équations à la figure. Si le début de la pièce se rapproche d'une interview croisée qui est l'occasion de glisser des éléments biographiques marquants de nos deux hommes, l'auteur nous montre rapidement que chacun a un but précis dans cet entretien.

Descartes est âgé. Il sait que le temps qu'il pourra encore consacrer à son explication de l'Univers se réduit comme peau de chagrin. Il connaît les travaux du jeune génie qu'est Pascal et souhaite faire de lui son héritier spirituel. Il lui fournira toutes ses notes, à charge pour le jeune homme de reprendre la chevauchée vers la compréhension du Grand Mécanisme là où Descartes se sera arrêté.
Malheureusement Pascal est déjà perdu pour la science.

Il a acquis la certitude que la recherche est vaine, ne peut soulever les poils qui tapissent la Vérité du Monde. L'accès à cette Vérité passe par la prière, la vénération de Dieu, la plongée émotionnelle dans le Trois-en-Un qui seules peuvent apaiser l'esprit et dévoiler un peu la félicité qui nous attend au-delà de la vie.
Je suis resté confondu devant la personnalité de Pascal, jeune homme maladif tout entier envahi d'un fondamentalisme religieux qui fait peur, adhérant à la vision la plus noire du Christianisme dans laquelle la vie matérielle n'est que l'antichambre infernale de la félicité que représente la réunion avec le Créateur. Vivre n'est qu'horreur et souffrance. Pascal s'emporte sur Descartes, l'accusant presque de manque de foi. Pourtant il l'admire et souhaite son soutien dans un appel en faveur d'un janséniste de Port-Royal qui a maille à partir avec le Pouvoir. Car Pascal est janséniste ; il croit non seulement que la vie est pourrie, mais aussi que la Grâce de Dieu ne peut être accordée qu'à un petit nombre d'élus sur des critères insondables, damned je n'aurais pas aimé être dans sa tête.

Mais Descartes n'est pas son homme. Ce n'est pas qu'il manque de foi, c'est qu'il vit sa foi d'une façon apaisée, qui accepte que la vie offre beaucoup d'intérêt. Pour lui expliquer la mécanique du Monde est une manière de se rapprocher de Dieu. Certains scolastiques du Moyen-âge, Thomas d'Aquin en tête, professaient déjà cette compatibilité entre foi et raison. Il surfe sur ce chemin transformé en boulevard par les humanistes.

Inutile de préciser (mais je le fais quand même ;-) que je me sens plus proche de Descartes que de Pascal qui me semble avoir, dans un sens, gâché sa vie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
DESCARTES: Je ne crois pas pécher en essayant d'aller plus loin dans les mathématiques, qui me font pressentir une représentation de l'univers. Le système du monde est peut-être un système de nombres. Y aurait-il pour vous scandale à le penser?

PASCAL: Auriez-vous l'ambition d'être le constructeur d'un univers tout entier soumis à la géométrie?

DESCARTES: Puisqu'il y a de la mécanique, là-haut, j'aimerais m'essayer à son calcul.

PASCAL: Si un homme le peut, ce serait vous, Monsieur, mais pas plus que l'éternité, l'infini n'entre dans les nombres. Alors on tremble. On n'arrête pas de trembler.
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DESCARTES: Nous ne voyons pas Dieu, je crois, avec les mêmes yeux.
PASCAL: Je crois que vous le déduisez, Monsieur ; vous ne le voyez pas. Il est pour vous comme un principe, et en moi comme une chaleur. Vous le pensez, moi je le sens. Voilà toute la différence.
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DESCARTES: J'aime plus que tout ne rien faire - apparemment à tout le moins. Car le loisir, vous le découvrirez peut-être avec les ans, est un atelier souterrain où la pensée travaille à notre insu.
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Vidéo de Jean-Claude Brisville
L'Antichambre de Jean-Claude Brisville. Pièce intégrale.
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