"Mon esprit est si eternellement renfermé en lui même qu'il est tentant à la fin, de le mettre a nu devant un autre"
L'un espérait, l'autre désespérait : ils ont choisi chacun leur sort et ont été justement condamnés à le subir. Mais vous n'avez pas besoin de ma morale, Mr Lockwood, vous êtes capable de juger aussi bien que moi de toutes ces choses ; vous le croyez du moins, ce qui revient au même.
Les gens orgueilleux se forgent à eux même de pénibles tourment
- Puisse-t-elle se réveiller dans les tourments ! cria-t-il avec une véhémence terrible, frappant du pied et gémissant, en proie à une crise soudaine d'insurmontable passion. Elle aura donc menti jusqu'au bout ! Où est-elle ! Pas là... Pas au ciel... pas anéantie... où ? Oh ! tu disais que tu n'avais pas souci de mes souffrances. Et moi, je fais une prière... je la répète jusqu'à ce que ma langue s'engourdisse : Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrais ! Tu dis que je t'ai tuée, hante-moi, alors ! Les victimes hantent leurs meurtriers, je crois. Je sais que des fantômes ont erré sur la terre. Soit toujours avec moi... prends n'importe quelle forme... rends-moi fou ! mais ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver. Oh ! Dieu ! c'est indicible ! je ne peux pas vivre sans ma vie ! je ne peux pas vivre sans mon âme.
En hiver, rien de plus lugubre, en été rien de plus divin que ces vallons resserrés entre les collines et que ces tertres aux escarpements hardis, couverts de bruyère.
Et ici vous voyez la différence de nos sentiments : s’il eût été à ma place et moi à la sienne, bien que je le haïsse d’une haine qui a empoisonné ma vie, je n’aurais jamais levé la main sur lui. Ayez l’air incrédule tant qu’il vous plaira ! Je ne l’aurai jamais banni de la société de Catherine tant qu’elle aurait désiré la sienne. Dès le moment qu’elle aurait cessé de lui porter intérêt, je lui aurais arraché le cœur et j’aurai bu son sang ! Mais jusque-là –si vous ne me croyez pas, vous ne me connaissez pas- jusque-là je serais mort à petit feu avant de toucher à un seul cheveu de sa tête.
— Laissez-moi... Laissez-moi, sanglotait Catherine. Si j'ai mal agi, j'en meurs. C'est suffisant ! Vous aussi m'avez abandonnée, mais je ne veux pas vous le reprocher ! Je vous pardonne, pardonnez-moi !
— Il est difficile de pardonner quand on voit ces yeux, quand on sent ces mains si faibles, répondit-il. Embrassez-moi de nouveau et ne me laissez pas voir vos yeux ! Je vous pardonne ce que vous m'avez fait. J'aime mon meurtrier... mais le vôtre ! Comment le pourrais-je ?
p. 251 Folio classique
Et ici vous voyez la différence de nos sentiments: s'il eût été à ma place et moi à la sienne, bien que je le haïsse d'une haine qui a empoisonné ma vie, je n'aurais jamais levé la main sur lui. Ayez l'air incrédule tant qu'il vous plaira! Je ne l'aurais jamais banni de la société de Catherine tant qu'elle aurait désiré la sienne. Dès le moment qu'elle aurait cessé de lui porter intérêt, je lui aurais arraché le coeur et j'aurais bu son sang!
Aussi ne saura t'il jamais comme je l'aime; et cela, non parce qu'il est beau,Nelly, mais parce qu'il est plus moi même que je ne le suis.
Miss Linton regardait sa belle-sœur avec indignation.
- Quelle honte ! quelle honte ! répéta-t-il d'un ton irrité. Vous êtes pire que vingt ennemis, venimeuse amie !