"-Mais pourquoi ?" Il se mit à bafouiller. "Je veux dire, fait-il si chaud dans un astronef qu'il faille adopter une tenue... aussi sommaire ? Ou bien y a-t-il une autre raison ?
-Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Bien sûr, il ne fait pas chaud dans les astronefs. La plupart du temps, on y porte des combinaisons de matière plastique transparentes.
-Des combinaisons transparentes ?
-Evidemment. Voyons, monsieur Winton, où voulez-vous en venir ?"
Il se passa nerveusement la main dans les cheveux.
"Je voudrais bien le savoir. Ces costumes. Des combinaisons de matière plastique transparentes... Comme sur les couvertures d'Aventures Extraordinaires ?
-Mais, voyons, bien sûr. Pourquoi illustrerait-on ainsi les couvertures d'Aventures Extraordinaires si nous ne portions pas vraiment ces tenues ?"
Il chercha une réponse, il n'en trouva pas.
Mais il jura que c’était bien la dernière fois qu’il s’infligeait la torture de la voir d’aussi près. Ce qui aurait pu valoir le coup s’il avait eu, ne fût-ce qu’une chance sur un million… Mais il n’avait pas la moindre chance de…
La première tentative pour envoyer une fusée sur la lune, en 1954, se solda par un échec. Par suite sans doute d'un défaut de construction de l'appareil, la fusée retomba sur la Terre, tuant douze personnes.
Pour permettre en effet d'observer depuis la Terre son arrivée sur la Lune, la fusée état munie, non pas d'une charge explosive, mais d'un potentiomètre Burton qui devait fonctionner durant tout le voyage à travers l'espace, et accumuler un formidable potentiel électrique qui, en se déchargeant au contact de la Lune, produirait un éclair plusieurs milliers de fois plus brillant que celui de la foudre, et d'une force destructrice plusieurs milliers de fois supérieure.
Par bonheur, la fusée retomba dans une région faiblement peuplée des Catskill, dans la propriété d'un riche directeur de journaux. Celui-ci, sa femme, deux invités et huit domestiques furent tués par la décharge électrique qui anéantit totalement la maison et abattit les arbres à cinq cent mètres à la ronde. On ne retrouva que onze corps. On suppose qu'un des invités, un journaliste, se trouvait si près du centre de la déflagration que son corps fut complètement désintégré.
Une autre fusée, qui arriva à bon port, celle-là, fut lancée un an plus tard, en 1955.
(extrait de "Le grand éclair" premier chapitre de "L'univers en folie" paru à "présence du futur" en 1970)
Était-il possible que ce fût le monde où il avait toujours vécu et que ce monde qui lui semblait familier, le monde de ses souvenirs ne fût qu’une création de son esprit ?
Mais alors, si c’était bien cela le monde de la réalité, si ses souvenirs antérieurs à sept heures ce soir étaient bien de faux souvenirs, alors, quelle était sa place dans le tableau ? Était-il un espion d’Arcturus ? Cela ne semblait pas plus impossible qu’autre chose.
Les Martiens avaient eu l'idée, somme toute ridicule, de refuser toute forme de colonisation. Leur civilisation était aussi développée que la nôtre, à ceci près qu'ils n'avaient pas découvert la navigation interplanétaire - sans doute parce que, ne portant pas de vêtements, ils ignoraient tout des machines à coudre.
Il boucla les courroies en se disant : "Eh bien, je suis rudement content d'avoir été déçu."
"Il existe un nombre infini de points sur la tête d'une épingle.Il existe donc autant de points sur la tête d'une épingle qu'il y en a dans un univers infini... ou dans une infinité d'univers infinis. Et l'infinité à la puissance infinie n'est toujours que l'infinité. Comprenez-vous cela ?
- A peu près.
La 42 ème rue aux mains des criminels! Des monstres en provenance de la Lune déambulant dans les rues de Greeneville! Le général Eisenhower commandant les armées du théâtre vénusien des forces terrestres en guerre avec Arcturus! Quel était cet univers insensé
La musique s'arrêta brusquement à la radio. Une voix déclara :
Bulletin spécial d'informations : second avertissement aux habitants de Greeneville et des environs. L'espion d'Arcturus signalé voici une demi-heure n'a pas encore été appréhendé. Les gares, les routes, les astroports sont étroitement surveillés et des perquisitions sont en cours. Tous les habitants doivent être en état d'alerte.
Ne sortez qu'armés. Tirez à vue. Des erreurs peuvent être commises et sans doute ne manqueront-elles pas de se produire, mais nous vous rappelons encore que mieux vaut la mort de cent innocents que de voir s'échapper l'espion qui peut causer la perte de plusieurs millions de Terriens.
Faites donc feu au moindre doute !
Nous répétons le signalement...
Du coin de l'œil, il aperçut le poing de Winton arriver vers son visage et il l'esquiva en s'écartant, laissant le poing passer au-dessus de son épaule. Puis, avec Winton toujours entre Slade et lui, il se courba, la tête visant la poitrine de Winton. Et de toutes ses forces, il envoya Winton rouler sur Slade.
Slade trébucha en arrière dans la bibliothèque. Il y eut un bruit de vitres brisées. Le revolver partit, et l'explosion retentit dans la pièce comme celle d'une charge de dynamite.
Le revolver roula sur le tapis. Keith donna une dernière poussée qui envoya Winton et Slade contre la bibliothèque, puis plongea pour saisir le revolver. Il réussit à mettre la main dessus.
Il recula, les tenant tous deux en respect. Il avait le souffle court, et, maintenant que le plus dur était passé, sa main tremblait. Cela avait marché : on pouvait s'emparer d'un revolver comme le faisaient les héros dans les nouvelles qu'il achetait, on le pouvait quand on n'avait rien à perdre.