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Critique de JeanLouisBOIS


Critique de Patrice de Plunkett:

Pascal Bruckner publie chez Grasset le fanatisme de l'Apocalypse. Non, ce n'est pas un plagiat du grand classique de feu Norman Cohn, Les fanatiques de l'Apocalypse (Payot 1983) ! On ne peut pas confondre l'historien Cohn et le polygraphe Bruckner. Ni leurs livres… Spécialiste des courants révolutionnaires du XIe au XVIe siècles, Cohn (traduit en dix langues) possédait son sujet. Dénonciateur (sur commande) de l'écologie contemporaine, Bruckner raconte n'importe quoi. Il s'est d'ailleurs fait remonter les bretelles ce matin par les auditeurs de France Inter, à la grande gêne des animateurs du 7-9. [1]

Mais le grand grief de Bruckner envers l'écologie, c'est – dit-il – qu'elle nous « culpabilise » et qu'elle réintroduit ainsi la notion « chrétienne » du péché. Economiser l'eau au robinet pour ménager les nappes phréatiques, c'est (selon lui) le retour de « l'ascétisme » chrétien. Conseiller aux gens le vélo dans les Cévennes plutôt que le Boeing pour les Caraïbes, c'est le retour de l'intolérance. Etc.

Bruckner est-il paresseux ? Visiblement il n'a pas étudié le sujet dont il prétend parler. Confondre les objecteurs de croissance et la deep ecology, c'est énorme [2]. Accuser les écologistes radicaux de poser de vastes problèmes et de n'apporter que de petites solutions, c'est inepte [3]. Répéter (vingt ans après Luc Ferry) des slogans écolophobes qui étaient déjà inexacts en 1992, c'est révélateur.

En effet : si le pamphlet de Bruckner sonne faux, c'est que son livre est – visiblement – une commande d'éditeur selon le réflexe commercial du mimétisme : « tiens, si on refaisait le coup de X. ? », ou : « si on refaisait le coup de Z. ? » Plusieurs bides ont eu lieu en 2010-2011 pour avoir voulu « refaire le coup d'Allègre ».

En écoutant les boniments de Bruckner ce matin, on avait aussi (hélas) l'impression de lire telle ou telle publication catholique française, encore rivée au libéralisme économique et prenant l'écologie pour la cour de Belzébuth… Un de ces articles, ou de ces livres, qui n'étudient jamais les dossiers d'environnement ni les responsabilités humaines, mais noient le poisson en invoquant la Gnose et le Millénarisme – comme si ces coquecigrues avaient un rapport avec le sujet. Bruckner applique le même procédé : il cherche à impressionner avec de grands mots vagues (« Apocalypse » [4], « catastrophisme », « adorateurs de la Terre »), sans leur donner la moindre substance ni prouver qu'ils concernent la question.

Mais Bruckner est tout de même plus cohérent que les écolophobes catholiques. Libéral antichrétien, il accuse l'écologie de nous culpabiliser et de restaurer la morale du péché : Bruckner est logique quand il rejette les responsabilités de l'homme au nom de l'hédonisme du consommateur. Mais les cathos écolophobes sont illogiques – voire suspects – quand ils font la même chose. Un chrétien catholique sait que l'homme a été constitué responsable de la Création par le Créateur, qu'il n'a pas le droit d'exténuer la planète (se mettant ainsi lui-même en danger), et qu'il doit donc modifier son système économique. C'est d'une simplicité biblique et facile à comprendre ; tellement facile qu'on s'étonne de voir certains regarder ailleurs dès qu'on leur en parle.
Lien : http://actualitechretienne.w..
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