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Citations sur Le paradoxe amoureux (14)

La passion est peut-être vouée à l'infortune, c'est une infortune plus grande encore de n'être jamais passionné.
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Ce que deux êtres se donnent de plus beau, ce n'est pas seulement leur corps, leurs plaisirs, leurs talents mutuels, c'est une histoire à nulle autre pareille qui les liera à jamais même s'ils doivent se quitter [...] Quant à la souffrance amoureuse, elle est indissociable de la félicité, notre chagrin nous plaît et nous manquerait s'il venait à disparaître, délices et douleur mêlées. On peut bien piétiner l'amour, le maudire, se gargariser de pathos facile, il n'empêche que lui et lui seul nous donne le sentiment de vivre à haute altitude et de condenser dans les moments où il nous ensorcelle les étapes les plus précieuses d'un destin. La passion est peut-être vouée à l'infortune, c'est une infortune plus grande encore de n'être jamais passionné.
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Mais aucune séparation n'est simple et ne consiste à simplement tourner la page : des êtres anciens résonnent en vous longtemps après leur départ, reviennent vous hanter, vous tirer par la manche. Des retours de flamme existent à quinze ou vingt ans de distance pour des rencontres de jeunesse qu'on n'a pas su apprécier. Il est des couples enfin qui persistent à coexister par l'esprit alors qu'ils ont cessé de se voir. La rupture est la voie que leur amour a choisie pour se prolonger sans être importuné par la vie commune.
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Tomber amoureux, c'est rendre du relief aux choses, s'incarner à nouveau dans l'épaisseur du monde, et le découvrir plus riche, plus dense que nous ne le soupçonnions.
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Par sa seule présence, un étranger a fracturé ma vie en deux et je voudrais revenir à moi sans le perdre. La collision amoureuse est l'irruption d'une verticalité dans le calme plat de l'existence ; elle est douleur et jouissance, bourrasque et ressourcement, brûlure et parfum. Comment dompter cet autre qui m'étourdit, me foudroie de sa hauteur ? Par un aveu qui sera tout à la fois supplique et interrogation.
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Tomber amoureux, c'est rendre du relief aux choses, s'incarner à nouveau dans l'épaisseur du monde, et le découvrir plus riche, plus dense que nous ne le soupçonnions. L'amour nous rachète du péché d'exister : quand il échoue, il nous accable de la gratuité de cette vie. Seul, je me sens à la fois vide et saturé : si je ne suis que moi, je suis de trop
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Le sexe, c'est la part barbare et étourdissante de l'homme, ce qu'il peut à peine civiliser ou discipliner et c'est en cela qu'il inquiète puisqu'il n'entre dans aucun grand récit, aucune odyssée de la rédemption ou de la chute. Il y a de la mort dans la pulsion de vie, Thanatos fait partie d'Eros autant qu'ils s'opposent, l'un et l'autre construisent l'homme en le détruisant.
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* . Comment l’amour, qui attache peut-il s’accommoder de la liberté, qui sépare ?
* Il y a progrès dans la condition des hommes et des femmes mais il n’y a pas de progrès en amour.

* La sexualité était une bête qu’il fallait enchaîner, selon les premiers chrétiens ; c’est désormais un animal fabuleux qu’il faut libérer.
Eros était un dieu pour les anciens ; pour les Modernes, il est censé faire de nous des dieux.

* Si la volupté de l’amour est de ne plus s’appartenir, la volupté du moi est de ne jamais s’abandonner. Hommes et femmes veulent éprouver le grand frisson sans se perdre et redoutent d’être floués. D’où cet effroi relationnel des couples modernes qui se cherchent, se fuient, ce ballet d’engagements passionnels et de retraites précipitées. Tout amoureux parle ainsi deux langues, celle de l’attachement fatal et celle de la libre disposition de soi. Toute liaison est vécue comme une chance et comme un étouffoir qui nous vole à nous-mêmes.

* Au final, nous éprouvons pour cette cohorte d’hommes et de femmes que nous avons chéris, brûlés, blessés, mal aimés une reconnaissance insondable : ils nous ont faits ce que nous sommes et un peu de leur substance demeure jusqu’à la fin dans notre chair.

* Entre rêver sa vie et vivre ses rêves, il est un troisième terme : vivre une vie qui nous suffoque sous sa surabondance et souligne la pauvreté de nos rêves. « J’appelle ivresse de l’esprit, disait Ruysbroek, un mystique flamand de la Renaissance, cet état où la jouissance excède les possibilités qu’avait entrevues le désir. »

* Quand l’amoureux bégaie, le séducteur parade : il étale sa dextérité, ses ors et ses pourpres et va vers sa cible, infaillible.

* Là où le Français dit : « Faisons l’amour », l’anglais des séries et des films dit : « Let us have sex ». La différence n’est pas que sémantique, elle reflète deux visions du monde : ici il s’agit d’un besoin pressant et animal comme la faim et la soif, là d’un acte complexe qui donne lieu à toute une érotique, l’amour qui se fait autant qu’il nous fait (André Hardellet), construction subtile plutôt qu’évacuation organique. Bestialité d’un côté, cérémonie de l’autre.

* Se déprendre d’un être, c’est délaisser tous les mondes qu’il incarnait. Et quand il s’en est allé, persistent à graviter autour de nous, comme autant de fantômes, les univers dont il était l’initiateur.

* Deviens ce que tu es, disait Nietzsche. Mais deviens aussi ce que tu n’es pas, éventuellement meilleur. Les Lumières tablaient sur la perfectibilité de l’être humain.

* L’amour produit un nouveau cogito : tu m’aimes donc je suis (Clément Rosset), je t’aime, donc nous sommes.

* Le fameux vers d’Aragon « Il n’y a pas d’amour heureux », est à la fois très beau et très faux : il prend sur toute relation le point de vue de la fin. Il faut soutenir l’inverse : il n’y a d’amour qu’heureux tant qu’il persiste même si la passion s’éteint un jour. Ce que deux êtres se donnent de plus beau, ce n’est pas seulement leurs corps, leurs plaisirs, leurs talents mutuels, c’est une histoire à nulle autre pareille qui les liera à jamais même s’ils doivent se quitter.

* Pourquoi la réprobation est-elle moindre envers un gigolo qu’envers une fille alors qu’ils pratiquent le même métier ? On continue à faire du génital la métaphore du corps féminin, on prend la partie pour le tout. L’homme a un sexe, la femme est son sexe. Le donner pour elle, c’est se perdre.
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Il arrive que certains êtres soient tellement pénétrés l'un de l'autre, entremêlés comme les racines d'un arbre qu'ils forment une seule personne dotée de deux visages et de deux noms, un nous qui ne peut plus se décliner en je séparés. Alors la douleur de l'un devient la douleur de l'autre
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