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EAN : 9782020261975
235 pages
Seuil (04/09/2002)
3.65/5   162 notes
Résumé :
Peut-on esquiver l'ennui par l'adoration, la lassitude par l'érotisme? Telle est la question que Franz s'est posée dans ses amours avec Rebecca. La réponse fut une fascination du bonheur dans la haine, qui finit par tout détruire. Cette cruauté, Franz va pourtant la transmettre à un autre couple...
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il s'agit là d'une histoire d'amour totalement inclassable. Sur un bateau en partance pour l'Inde, un jeune couple perdu dans on ne sait quelle quête genre paix intérieure rencontre Franz, un homme étrange et ambigu qui nuit après nuit, va narrer à son compagnon de hasard sa rencontre avec Rébecca et les excès auxquels cette passion l'a porté.
Très vite Franz et Rébecca sentent qu'ils ne peuvent se contenter d'une histoire d'amour classique par peur de l'ennui qui menace tout couple installé dans l'absence de surprises et de fantaisies. Et comme Rébecca est d'une beauté sublime, fascinante, d'une énergie hors norme, d'un orgueil démesuré par sa judéité, et que Franz ne demande à la fois qu'à l'adorer et à la détruire comme à se laisser adorer et détruire par elle, ils vont rechercher tous les excès et toutes les démesures qui vont les conduire sur des territoires qu'aucun couple normalement constitué n'ose explorer.
Attention on n'est pas chez Sade, on est au-delà de l'érotisme, au-delà même de la pornographie, et mieux vaut prévenir les petits coeurs sensibles que certaines scènes seraient totalement insoutenables si elles ne sortaient de la plume d'un orfèvre de la langue qui laisse aller ses fantaisies dans le vocabulaire le plus délectable avec le seul souci de la qualité exceptionnelle de son style. Les pages et les pages de description du postérieur parfait de Rébecca sont un morceau de bravoure et de la très grande littérature.
Et malgré tout l'ennui s'installe au sein de ce couple, alors on cherche autre chose, on explore encore d'autres horizons, des déserts où règnent souffrance et désespoir, jouissance du mal, humiliations et abandons.
Comme s'il n'y avait d'issue pour ce couple maudit que dans la perfection de la destruction qui va les lier de façon indissoluble et pour l'éternité.
De quoi détruire aussi – ou prévenir, ou aguerrir, ou renforcer dans ses certitudes, le compagnon de voyage qui écoute bouche bée et repu de dégoût les errements du héros qu'il n'a même plus la force de faire taire.
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Âmes sensibles s'abstenir. Un des premiers romans qui m'a réellement angoissée à la lecture. Et dérangée aussi. Lu vers 12-13 ans. Je pensais que c'était une histoire d'amour. Certes, c'en est une. Mais avec du recul, certainement pas une histoire que j'aurais dû lire à 12 ans… Je l'ai relu plus tard, vers 25 ans car il m'a vraiment marquée. Pascal Bruckner sert avec « Lunes de fiel » une réflexion sur le thème de l'amour, du désir, de la fidélité, des moeurs, des relations amoureuses (ou non). Ou plus exactement des relations étranges, atypiques, voire malsaines.

Ce que dit la 4e de couverture : « peut-on échapper à la monotonie du couple ? Esquiver l'ennui par l'adoration, la lassitude par l'érotisme ? Telle est la question implicite que se posent les personnages de ce roman à bord du paquebot qui, dans les derniers jours de l'année 1979, les mène de Marseille à Istanbul. le récit que l'un d'entre eux, Franz, fait à un autre voyageur, Didier, de ses amours avec une certaine Rebecca, également présente, sert de fil conducteur à leurs interrogations. Récit dont l'enjeu caché ne manquera pas d'infléchir à son tour les relations du voyageur et de sa compagne, Béatrice, avec laquelle il part en Inde où ils n'arriveront, bien sûr, ni les uns ni les autres. » Ces confessions intimes de Franz à Didier plongent ce dernier dans l'odieuse intimité du couple, entre désir forcené et fascination perverse.

L'écriture de l'auteur est magnifique, ciselée et d'une très grande portée évocatrice. Mais ce n'est pas tout, ce roman est avant tout un roman de la cruauté. J'ai éprouvé tour à tour des sentiments de dégoût, de pitié, de fascination, de répugnance même. L'atmosphère est très pesante et de plus en plus à mesure que ça avance. J'ai eu l'impression de faire du voyeurisme, d'une certaine façon, d'être piégée, impuissante et condamnée à regarder ces personnages descendre en enfer.



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Pascal Bruckner est l'une des incarnations de ces philosophes médiatiques nés sur les ruines de mai 68. A l'instar de Bernard-Henri Lévy ou André Glucksmann, il tient des tribunes dans les journaux, publie de multiples essais et plus largement participe activement au débat d'idées dans notre pays. Il acquiert la notoriété au milieu des années 70 avec le nouveau désordre amoureux – rédigé avec son ami Alain Finkielkraut. Ils y dénoncent notamment la recherche éperdue du plaisir née de la révolution sexuelle et la tyrannie qu'elle engendre. Depuis, l'évolution des rapports amoureux fait partie de ses thèmes de prédilection. Il s'y illustre non seulement dans des essais mais aussi à travers des oeuvres romanesques comme cette Lune de Fiel, son second roman, paru en 1981, qui fit scandale à sa sortie en raison de quelques scènes érotiques très osées.
Un jeune couple d'enseignants fraîchement marié - Didier et Béatrice - larguent les amarres pour un ailleurs fantasmé en direction de l'Inde. Ils rencontrent sur le paquebot qui doit les mener à destination un couple étrange composé d'un homme usé et repoussant en fauteuil roulant, Franz, et d'une jeune femme extrêmement sensuelle et provocante, Rebecca. Didier va très vite être fasciné par ce couple mal assorti et détonnant. Bon gré mal gré, au fil de la traversée, il va accepter de suivre chaque soir Franz dans sa cabine pour que celui-ci lui raconte à la manière d'un conte des Mille et une Nuits la fascinante, exemplaire et terrifiante histoire de son couple. Ce récit va bouleverser irrémédiablement la vie de Didier.
Lune de fiel est un conte cruel et jusqu'au-boutiste sur l'usure du couple et la quête impossible de l'éternel désir. Il n'est pas étonnant que ce roman ait été écrit par un philosophe car tout se passe comme si Bruckner voulait jouer avec le concept ‘'couple'' en le poussant jusqu'à ses extrêmes limites et en lui faisant subir les pires outrages pour tester sa résistance.
Le roman débute par un somptueux coup de foudre. Franz découvre Rebecca et Rebecca découvre Franz. C'est une révélation pour l'un et l'autre. Mais la passion est par essence éphémère et là où la grande majorité d'entre nous accepte son lent effacement pour qu'autre chose s'installe de plus profond, de moins animal et instantané, eux le rejettent. le couple installé, sorti des affres du désir est un non-sens et une petite mort pour Franz et Rebecca.
« Je voyais autour de moi les individus s'abimer dans la médiocrité, vieillir en se résignant, abandonner un à un les élans de leur jeunesse pour les marais du fonctionnariat conjugal. Je voyais des hommes audacieux, des femmes libres que la vie à deux avait démobilisés, affadis, dont la cohabitation avait émoussé l'acuité. Je haïssais le mimétisme des concubins, leur docilité à adopter les défauts du conjoint, leur complicité gluante et jusqu'à leur trahison qui les unit encore. »
Vanité ? Romantisme ? Cynisme ? A vous décider. Quoi qu'il en soit, afin de combattre la métamorphose de leur idylle, les deux tourtereaux décident de voguer vers des horizons à ne pas mettre sous tous les yeux. La morale et la décence n'y ont plus leur place. le grand amour devient ondiniste et scatologique. Puis la cruauté et l'humiliation entrent dans le jeu… Nous suivons, fascinés et écoeurés, ce couple en quête de vertiges de plus en plus corrosifs et nous les voyons se détruire l'un l'autre pour conserver ce « nous » rêvé plus vivant que celui des autres.
Il n'y aura qu'une issue fatale à cette course perdue d'avance. Puisque rien n'arrive à contenter la soif de passions humaines, que le désir s'émousse inexorablement, mais qu'un lien indéfectible est né, Franz et Rebecca n'ont plus d'autres choix que de se dévorer l'un l'autre dans un terrible jeu d'amour et de mort.
Construit sous la forme du récit initiatique d'un jeune candide sur la réalité du grand amour et son irrémédiable retour de bâton, le livre de Bruckner offre une partition teintée de romantisme noir et de cynisme assez fascinante. L'auteur propose des pages d'un lyrisme épatant, notamment dans les moments les plus extrêmes de la passion des protagonistes. Un sacré tour de force que de traduire l'amour absolu dans des séances de défécation…
Le récit, hitchcockien en diable, tient le lecteur en haleine de bout en bout et réserve quelques excellents retournements de situation et une chute implacable. Les personnages de Franz et de Rebecca ont la puissance trouble de figures iconiques. Bref, tous les ingrédients sont là pour faire de cette Lune de fiel un superbe moment de lecture pour celles et ceux qui ont le coeur bien accroché et sont prêts à regarder l'amour sous un prisme inédit, aussi passionné que destructeur.

Tom la Patate

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J'ai d'abord vu le film et j'ai voulu voir si le roman était aussi sombre. J'ai en effet, peut-être plus, retrouvé cette athmosphère glauque, cette déscente aux enfers du personnage principal à qui tout échappe peu à peu dans ce voyage en bateau. le texte de Bruckner est moderne, au style rapide et incisif, sans longues descriptions. L'ambince est très pesante, peut-être un peu trop pour tout lecteur.
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Quelle drôle d'ambiance ! Déjà, c'est un huis clos sur un bateau. Ensuite, les personnages sont tous positivement étouffants : le narrateur manipulé qui ne s'en rend même pas compte, sa compagne d'une pathétique banalité, la belle séductrice et l'infirme qui les tient tous dans son poing.
Après quelques passages érotiques voire chauds, je m'attendais à ce que ça parte en vrille davantage mais non, cela tourne au triangle amoureux.
Pas mal pensé, bien écrit, mais franchement daté, je suis restée à distance de cette histoire et de ces personnages.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je voyais autour de moi les individus s'abimer dans la médiocrité, vieillir en se résignant, abandonner un à un les élans de leur jeunesse pour les marais du fonctionnariat conjugal. Je voyais des hommes audacieux, des femmes libres que la vie à deux avait démobilisés, affadis, dont la cohabitation avait émoussé l'acuité. Je haïssais le mimétisme des concubins, leur docilité à adopter les défauts du conjoint, leur complicité gluante et jusqu'à leur trahison qui les unit encore.
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Dès l'abord, elle fut pour moi de ces êtres essentiels qui vous portent aux limites, quand les autres, nous le devinons, ne nous dépayseront jamais. Elle avait un air fou et caressant, prêt à tout pour me plaire, elle rayonnait avec une façon de s'abandonner en se mettant hors de mon atteinte qui me chavirait. Cette distance subtile, à laquelle je prêtais des desseins extravagants, avait le don de me captiver en m'inquiétant. Qu'importe, je la faisais rire, inventant des bon mots, célébrant l'opulence des faits les plus anodins, tirant de la banalité une faculté de renouvellement infinie.
Les vrais rencontres nous jettent hors de nous-mêmes, nous mettent en état de transe, de création permanente.
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On ne blesse bien que les êtres chers. Il n'y a aucun plaisir à malmener des inconnus. Et puis tout ce que nous nommons civilisation repose sur l'approfondissement de la cruauté. La férocité prospère aujourd'hui dans les mots, se spiritualise en raison du discrédit porté sur la violence physique. Notre génération, qui tire orgueil d'avoir congédié la sauvagerie, l'a contrainte à revenir masquée.
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Et puis tout ce que nous nommons civilisation repose sur l’approfondissement de la cruauté. La férocité prospère aujourd'hui dans les mots, se spiritualise en raison du discrédit porté sur la violence physique. Notre génération, qui tire orgueil d'avoir congédié la sauvagerie, l'a contrainte à revenir masquée. On ne dose plus sa force avec ses poings et ses muscles, on l’affûte avec son esprit ou sa langue. Notre société y a gagné en raffinement mais elle n'a pas encore établi de châtiments pour la réparation des immenses dégâts commis par le persiflage et la calomnie. Ajoutez que tout est bon pour intimider l'autre, y compris les multiples idéologie de la libération qui ont fleuri sous nos climats depuis un siècle : c'est même l'un des charmes particuliers de notre époque que de pouvoir offenser les individus au nom de leur liberté.
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Je détenais sur elle un pouvoir sans bornes. J'avais cassé le ressort de sa volonté, l'avait rivée à moi par un carcan de fer. J'avais délaissé son corps pour camper en maître dans son cerveau où je faisais régner la terreur. Je dominais son âme, modulais ses pensées, retrouvais dans sa bouche des phrases que j'avais prononcé une heure avant, et son système nerveux était entre mes mains un jouet dont je manipulais le clavier en tout sens comme une calculatrice. Elle était ma caricature vivante, mon ombre, mon reflet grotesque, la victime coopérait avec le bourreau à sa propre destruction. Elle devenait une créature frénétique, toujours pendue à mes bras. Elle s'accrochait à moi comme de la vermine, trouvant à son cauchemar une sorte de raison de vivre immonde qui la maintenait à flot. La persécution lui permettait d'échapper à la solitude, et la crainte de me perdre s'était insinuée en elle au point de lui faire mesurer tout le vide d'une existence dont je serais absent.
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• Recherche bien-être éperdument On revit quelques uns des meilleurs moments de l'émission où il a été beaucoup question de santé et de bien-être avec notamment les conseils avertis de philosophes, de sociologues, Raphaël Enthoven, Pascal Bruckner, Christophe André, Perla Servan-Schreiber mais aussi ceux de Michel Cymès.

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