Voici un roman singulier, surprenant, prenant qu'on ne peut mettre dans aucune case.
Quand on aborde "
En vérité", la couverture interroge avec des roches qui s'abattent sur quelqu'un sous un parapluie, comme une métaphore de la fragilité de l'homme et de l'absurdité de la vie. On se demande alors ce que peut cacher cette couverture.
C'est un polar qui n'en est pas vraiment un car le propos réel n'est pas de suivre une enquête mais comment elle se répercute sur le narrateur,
Emile Blanchard, policier du quai des Orfèvres. On connaît d'ailleurs vite le meurtrier de trois hommes qui ont été assassinés et dont on a sectionné la langue avec les dents.
Ce qui est intéressant, c'est la déréliction d'Emile, ses tendances suicidaires, sa lâcheté, son pessimisme ainsi que la mort comme l'autre face de l'amour ou inversement.
C'est cynique, noir, violent mais l'auteur assène quelques vérités percutantes, en particulier sur la justice, sans avoir l'air d'y toucher. A certains moments, j'ai cru lire ou entendre du Audiard ou du Dard.
Le style est parfois déroutant mais finalement on y prend goût; j'ai apprécié d'être bousculée par le rythme percutant parfois syncopé comme si Emile manquait d'air, de sortir de ma zone de confort littéraire;