Le salon vide
Je voyais la maison qui serait mienne, un jour,
Quand j’étais une enfant sensitive et rêveuse.
Surtout, j’imaginais dans une fièvre heureuse
Le salon délicat où j’attendrais l’amour:
Sur le tapis épais où le pas serait sourd
Le feu dessinerait des formes lumineuses,
Près des livres, j’aurais mis des fleurs si nombreuses
Que l'air, trop parfumé, serait opaque et lourd.
Me voici maintenant, paisible et satisfaite,
J’ai pu réaliser d’une façon parfaite
Le salon merveilleux de mes rêves d’enfant.
Mais je n'attends plus rien ! Avec mes fleurs fanées,
Hélas ! Je suis plus pauvre et plus triste qu’avant:
J’ai perdu la ferveur de mes jeunes années.