Aux Marquises, ce sont toujours les femmes qui font les efforts !
(P.156)
On cesse d'aimer l'autre me jour où on cesse de l admirer.
Avant de mourir je voudrais savoir si ce n’est qu’une question de courage, de volonté, ou si tout ça n’est qu’un piège, si on transporte tout avec nous, un balluchon de misère, on a beau partir au bout du monde ou sur une autre planète, on reconstruira la même maison, la même prison, parce qu’elle est dans notre tête, et que l’ailleurs n’est qu’un leurre.
Le ciel semble avoir été lavé. Les nuages sèchent, plus blancs qu’avant, étendus sur le fil de l’horizon.
C'est l'avantage d'avoir tout perdu, il n'y a plus rien à piller. Et ce qu'il reste on le cache. Pour le trouver, il faut avoir la politesse de nous le demander.
On est cent qui dansons, au bal des bons copains
Mais au dernier lampion, mais au premier chagrin
On se retrouve seul
On est million à rire du million qui est en face
Mais deux millions de rire n'empêchent que dans la glace
On se retrouve seul
On est deux à vieillir, contre le temps qui cogne
Mais, lorsqu'on voit venir, en riant, la charogne
On se retrouve seul
Jacques Brel - Seul -
Imagine, explique Manuarii, les navigateurs estiment qu'il y avait cent mille Marquisiens quand ils ont découvert l'archipel, vers 1800. Chaque vallée était peuplée de centaines de prêtres, de guerriers, de paysans, de sculpteurs, de danseurs, de me'ae pour chaque tribu et de paepae pour chaque famille. Un siècle plus tard, l'archipel ne comptait plus que deux mille habitants...
Tu te rends compte ? Après cent ans de colonisation, seulement 2 % de la population avait survécu, entassés dans les rares villages du bord de mer. Ici on parle d'ethnocide ! La civilisation marquisienne a tout simplement failli disparaître.
- CLEM !
J'ai entendu le cri sous ma douche.
Un cri d'horreur, qui venait du bungalow Ua Pou, celui de Martine. Sauf que ce n'était pas la voix de Martine, j'ai reconnu celle de Maïma. Pourquoi? Pourquoi cette longue plainte désespérée?
Pas moi. Votre mère n'a jamais tué personne, je n'ai pas assez de talent pour cela... Je n'ai tué personne, je ne vous ai même pas fait mourir de chagrin. Vous m'aurez oubliée demain.
Mieux qu'un cadavre. Pas de cadavre. Juste une disparition ! Réfléchissez, mesdemoiselles. Si vous commencez par un crime, le lecteur se demandera qui l'a commis, comment, pourquoi ? C'est un sacré bon début, je vous l'accorde. Mais si vous commencez par une disparition, le lecteur se posera les mêmes questions, qui, comment et pourquoi, et une de plus : le personnage disparu est-il mort ou pas ?