Citations sur Au soleil redouté (106)
En résumé, les tabous sont les règles qui empêchent les adultes de vivre, des règles démodées que les enfants ont pour but de faire exploser !
Mieux qu'un cadavre. Pas de cadavre. Juste une disparition ! Réfléchissez, mesdemoiselles. Si vous commencez par un crime, le lecteur se demandera qui l'a commis, comment, pourquoi ? C'est un sacré bon début, je vous l'accorde. Mais si vous commencez par une disparition, le lecteur se posera les mêmes questions, qui, comment et pourquoi, et une de plus : le personnage disparu est-il mort ou pas ?
Tous savent, depuis qu'ils ont atterri aux Marquises, ce qu'est un tiki. Faut dire, ici, ils sont difficiles à rater ! On trouve ces sculptures partout sur les îles de polynésie : mi-hommes, mi-dieux, aux yeux démesurés, aux ventres arrondis, dressés ou accroupis, en bois ou en pierre, géants ou miniatures.
C'est pour cela que cette île, même si je l'aime tant, est une prison. On finit par n'y faire plus que des trucs de prisonniers, des gestes toujours les mêmes, la bouffe toujours la même, les promenades toujours les mêmes... Les Marquises, pour les apprécier, il faut juste y passer , ou être obligé d'y rester pour toujours.
Les cocoteraies, bananeraies, pamplemousseraies glissent jusqu'aux plages en longues langues vertes géantes.
Puis se sont répandues, les maladies jusqu'alors inconnues, la tuberculose, la lèpre, la variole, la syphilis...Mais surtout, avec l'installation des fonctionnaires français et des curés, les Marquisiens ont perdu toute raison de vivre. Interdiction de chanter, de danser, de parler leur langue, de porter des colliers de fruits, de se baigner nus dans les rivières, de s'enduire le corps de coco, de safran ou de tout autre parfum, de se tatouer, d'honorer les morts...
Tu sais qu'à la mort de Gauguin, sa veuve est revenue habiter ici. Elle avait quatorze ans et portait son enfant.
Ici, chaque village est un jardin. L'orgueil des Marquisiens, c'est son entretien. L'intérieur des maisons de lambris et de tôles compte peu, c'est seulement l'endroit où l'on dort. Ce qui importe , c'est le dehors.
L’inspiration est une vague, il faut se laisser porter par elle, et je la sens me soulever.
Ils parlent de la mort, comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer, comme tu regardes un puits
Les femmes sont lascives, au soleil redouté
Et s'il n'y a pas d'hiver, cela n'est pas l'été
Jacques Brel, Les Marquises