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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"zoé", de Alain Cadéo, est de ces livres qu'on ne peut raconter. Par le biais d'un échange épistolaire entre deux êtres solitaires, Henry, la soixantaine, et zoé, âgée d'à peine 18 ans, l'auteur nous fait part de la vision qu'il a de l'existence. Il met en exergue la portée que peuvent avoir certaines rencontres, et ce, sans considération aucune pour le temps qui leur est imparti.
"Pour moi, chaque rencontre importante fut l'objet d'une déflagration silencieuse. Réelles ou rêvées, une minute ou trente ans, les croisements de destins sont la nitroglycérine de nos âmes".
Pour des raisons qui me sont propres, cette approche a eu en moi une très forte résonance. Certaines rencontres, aussi furtives et éphémères puissent-elles être, peuvent parfois avoir valeur d'éternité.
Alain Cadéo aborde dans cet ouvrage bon nombre de thèmes, notamment ce manque d'aptitude que nous, les humains, avons pour la communication, et de fait, la Solitude à laquelle nous nous trouvons parfois confrontés. Comment se fait-il que nous ne soyons pas en mesure de mieux entendre, et pourquoi avons-nous à notre tour tant de mal à être entendus ? J'ai pourtant l'intime conviction, que ce n'est pas faute de notre part à tous d'aspirer à des relations meilleures.
"La vie n'est-elle faite que de quiproquos ? La grande tribu des quiproquos : Un Iroquois rencontre un Esquimau lequel rencontre un Sibérien. L'un parle de son désert de montagnes, l'autre de son désert de glace, le troisième enfin évoque son désert de sel, et les trois ne comprennent qu'une chose : Chacun est seul dans son dé-
sert." Voilà pour ce bien triste dialogue de sourds...
Pour être honnête envers ceux qui me feront l'amitié de me lire, je reprendrai à mon compte les propos de la jeune zoé :
"J'aime les lettres d'Henry. Je ne comprends pas tout mais j'aime la musique de ses mots"
Oui ; il est arrivé que je ne parvienne pas à sonder les profondeurs de sa pensée, mais comme l'auteur est sans conteste doté d'une plume magnifique et tout en poésie, eh bien je faisais comme zoé et me laissais porter par la musicalité de son phrasé enchanteur.
Bien que ce roman ne peut se raconter, il y aurait encore beaucoup à dire, tant l'auteur a abordé de sujets. Je vais donc conclure sur l'hommage que rend Alain Cadéo à la terre, l'hommage qu'il rend à sa générosité et au lien intime qu'elle tisse avec chacun d'entre nous.
"Sainte mère, la terre, cimetière manège, faiseuse de vie, quelques millions de tours et je nais et je meurs, brassé dans tes couleurs ta paix et tes colères. Tu te souviens de moi, du goût de mon placenta et de ma bonne odeur d'humus. Mon code génétique est inscrit dans ta lourde matrice. Je venais de si loin... À peine sur ton dos tu m'offrais sans calcul tes jours tes nuits tes saisons, ton eau et tes nuages, les branches de tes arbres, l'inébranlable fidélité de tes pierres et les scories de tes soubresauts.....Et je sais que la terre se souviendra de moi. Elle a la mémoire de tous ceux qui ont effleuré sa peau."
Moi qui me suis de tout temps plu à rêver d'intemporalité, il me plait de lire dans cette dernière phrase une promesse d'éternité. La promesse d'une certaine forme d'éternité....
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"Nos vies sont toutes des fables, et c'est seulement dans la manière de les conter que se dévoilent leurs lumineuses trames."

Henry voudrait laisser à ses enfants le pur diamant de sa pensée enfermé dans les deux coffres de santal qui contiennent les cahiers de sa vie.
Jour après jour, il couche sur le papier ses élucubrations de vieux forçat solitaire séduit par une petite boulangère au coeur aussi tendre que les miches qu'elle vend.
Leur relation essentiellement épistolaire et presque clandestine est telle un fil tendu d'une génération à l'autre, enjambant les méandres tumultueux de l'agitation humaine.
À travers zoé, c'est peut-être bien à ses enfants que le vieil homme adresse ses mots, à son quadrige dispersé à travers le monde et qui lui manque tant.

Alain Cadéo est, pour moi, une précieuse découverte.
Orfèvre des mots, merveilleux conteur, il nous enchante une fois de plus avec ce très beau roman poétique aux accents philosophiques, qui laisse en nous comme un parfum de nostalgie.
Nostalgie d'un monde meilleur, sans malice, où la communication ne s'encombrerait pas du superflux, mais se révélerait nourriture pour l'esprit, réconfort pour le coeur.

Alain Cadéo écrit comme il parle, parle comme il écrit, avec des mots-oiseaux plus légers que l'air qui se posent tout en douceur sur notre âme agitée.
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J'ai reçu ce roman dans le cadre de l'opération “Masse critique”. Comme je l'ai fait les précédentes fois où j'ai reçu un livre gratuitement pour le lire, je vais l'offrir à la bibliothèque municipale ; lire gratuitement, d'accord, mais je n'aime pas l'idée d'obtenir un profit matériel de ma présence en ligne.

Or donc, Zoé. Les premières pages de ce roman ont failli me faire le refermer immédiatement. Un homme vieillissant y décrit une jeune femme et son désir pour elle, de façon très crue. Je ne suis pas particulièrement prude, mais je ne vois pas l'intérêt de lire cent cinquante pages sur ce ton… Fort heureusement, ça ne dure même pas deux pages, et on peut passer eux choses intéressantes.

Zoé travaille dans une boulangerie. le narrateur, qu'elle surnomme Henry, vit seul, éloigné même du petit village où il va acheter son pain. Ils sont curieux l'un de l'autre, et se débrouillent pour communiquer à l'insu de tous ceux qui les entourent.

Dit comme ça, bonjour la bluette à deux balles, n'est-ce pas ? Pourtant nous sommes sur un autre registre. Il faut déjà noter le style, que j'ai trouvé un peu pompeux au début de ma lecture, mais qui a fini par me charmer. Ajoutez-y de la subtilité, de la délicatesse et de la générosité, et vous obtiendrez un beau roman que j'ai eu du mal à refermer.
Lien : http://www.musarder.fr/blog/..
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Henry est un vieux loup solitaire. Il vit dans un fort isolé à dix kilomètres du premier village. Il passe ses journées à écrire et à sculpter des rochers, il en fait ses gardiens. Tous les deux jours il se rend au village pour acheter son pain. Depuis quelques temps une nouvelle vendeuse égaie le magasin. Zoé, jeune fille avenante de dix-huit ans, aimable avec tout le monde, elle a toujours le sourire. Henry se prend d'affection pour elle.


Très vite Zoé va s'intéresser à ce vieil homme, le seul, gentil, qui ne lui adresse pas de propos sur son physique avantageux, sur sa mise élégante. Elle va commencer à lui écrire des messages. Ses billets elle les insère dans la miche de pain qu'Henry à l'habitude d'acheter. Henry, ravi lui répond et très vite l'habitude s'installe chacun y trouvant son compte. Zoé lui raconte sa vie, lui pose des questions, petit à petit elle lui révèle ses failles. Henry lui fait de longues réponses qu'elle ne comprend pas toujours mais la bienveillance du vieil homme à son égard la rassure. Pour Henry, Zoé illumine ses vieux jours, lui redonne goût à la vie, il redevient (un peu) plus sociable pour être avec elle le plus longtemps possible quand il vient chercher son pain.


"Depuis que Zoé et moi échangeons nos écrits, j'ai la bonne impression d'avoir brisé ma solitude. Elle est avec son écriture ronde, une petite boule de tendresse et d'originalité versée dans le café noir de ma mélancolie. Quand je vais à la boulangerie, c'est un réconfort de la voir exister au milieu des autres. Plus personne ne fait attention à moi. On ne me regarde plus de travers. je suis enfin un vrai client, un habitué. Notre minute est devenue quart d'heure. Elle joue, rien que pour moi, son numéro parfait de boulangère."


" J'aime les lettres d'Henry. Je ne comprends pas toujours tout mais j'aime la musique de ses mots. J'entends sa voix quand je le lis. Et je peux lire et relire, je trouve toujours autre chose derrière chaque phrase. Moi c'est plus simple je lui raconte ma vie, un peu comme ce que je me raconte à moi dans mon cahier mauve."


Ce roman raconte la rencontre de deux êtres, de deux solitudes. Zoé est telle qu'Henry aurait aimé demeurer. Elle a la gentillesse naïve elle ne se méfie pas des gens. C'est une rencontre autour des mots, une rencontre tissée par les mots qui ne peut exister que par ces mots Ce roman est aussi un roman sur l'écriture. L'écriture qui nous permet de définir nos vies, d'en assembler les pièces pour en compléter le puzzle, d'y mettre de l'ordre. Henry se voit comme un dentelier, comme un tisserand qui se sert de la trame des mots pour tisser sa vie. Alain Cadéo nous livre un roman tendre, juste porté par un style plein de poésie. Une très belle découverte.

"Quoi qu'il arrive, n'oubliez pas : rien ni personne n'a le pouvoir de saccager l'innocence. Quoi qu'il arrive nous devons nous battre pour préserver notre aptitude à la Joie."


"Nos vie sont toutes de sable, nos vies sont toutes des fables et c'est seulement dans la manière de les conter que se dévoilent leurs lumineuses trames."
Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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C'est l'histoire d'une relation qui transgresse les règles, les convenances ..Après tout un homme, la soixantaine, qui s'intéresse à une gamine de 18 ans, cela fait un peu "Lolita" de Nabokov ...Eh bien vous avez tout faux! il n'y a rien de malsain, de glauque.Bien au contraire ! C'est l'histoire d'une rencontre, d'un amour platonique d'un grand frère à une petite soeur.

Henry aime la solitude, il s'est entouré, bâti, protégé de cette solitude, si bien qu'il vit loin de tout dans un vieux bunker réaménagé. Son quotidien, c'est sont les mots qu'il dépose inlassablement sur ces feuilles de papier. c'est sa vie, ce qu'il souhaite laisser au monde..
Lorsqu'il rencontre zoé à la boulangerie, Henry se rend compte que cette petite boulangère n'est pas comme les autres. Outre le fait qu'elle soit belle, elle aime les autres et cela se voit. Pour zoé, Henry est différent aussi, enfin un homme qui ne lui fait pas des avances ou ne la regarde pas avec un oeil lubrique.
S'installe entre eux une certaine connivence, un besoin d'échanger autre chose que des banalités. besoin de se raconter, se confier, d'avoir enfin un tuteur pour porter la vie. Car en dehors de toutes apparences, zoé est bien seule, elle aussi, du haut de ses 18 ans, et la vie est parfois difficile.
La vie n'est -elle faite que de quiproquos? La grande tribu des quiproquos : un Iroquois rencontre un esquimau lequel rencontre un sibérien. L'un parle de son désert de montagnes, l'autre de son désert de glace et le troisième évoque son désert de sel et les trois ne comprennent qu'une chose : chacun est seul dans son désert.
Alain Cadéo est un écrivain certes mais c'est aussi, et pour moi c'est important comme distinction, un conteur. Il raconte, il digresse, il s'emballe, il explique, parfois il est difficile de le suivre car c'est à la limite de ma compréhension et au final je m'accroche et il arrive à me faire pleurer. C'est un lanceur de mots, un jongleur, un équilibriste mais sûrement pas un clown !

Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Quelle étrange rencontre que celle d'un vieux monsieur aux cheveux blancs - même s'il n'a que 65 ans - qui vit retiré au fond d'un fortin aménagé et cerclé de douves comme un château-fort, avec une toute jeune et fraîche jeune fille qui lui vend son pain à la boulangerie du village le plus proche.

Timides et discrets, les échanges sont d'abord verbaux, un peu dérangeants pour la jeune fille qui n'est pas habituée à des propos pleins de douceur, de poésie, d'empathie. Il sent qu'elle a vécu des moments lourds de chagrin (la mort de sa soeur Chérie Marine, victime d'une maladie), il ignore encore les parents indifférents - seule Mamy Suzanne la comprend - les collègues lourdingues et le patron un brin pervers, sans parler de Philippe, le petit ami qui n'apporte rien. Mais elle lui écrira tout.

Henry - zoé l'a baptisé ainsi à cause de son look de cow-boy - commande invariablement le même pain, jusqu'au jour où elle glisse un billet dans la mie. Et une correspondance vraie et douce commence.
Chacun écrit pour lui - même, lui dans ses cahiers noirs, elle dans son cahier mauve. Et les mots glissent de l'un à l'autre, sincères, respectueux, empreints d'une poésie douce et belle, d'une grande musicalité (il faut les lire à voix haute pour mieux le ressentir).

Pourquoi ne pas le reconnaître ? J'aurais préféré ne pas arriver au dernier chapitre. Je me demande d'ailleurs si je ne vais le réécrire, juste pour moi !

C'est grâce à DavidG75 que je suis  « entrée en Cadéo », écoeurée jusqu'à la nausée de ce que j'entends ou lis dans les médias, bien décidée à faire une pause salvatrice en cette fin d'année 2020, décidément bien pourrie autant à titre personnel que pour ce qui concerne l'humanité.

Alors, j'attends l'arrivée des autres volumes que j'ai commandés !
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Des personnages attachants, une belle histoire, une écriture délicate, des sentiments et des émotions simples voilà la parenthèse délicate que nous offre ce roman.
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zoé, étudiante et boulangère aussi va s'intéresser à un sexagénaire et pourtant elle n'a que dix huit ans… Très vite s'installe entre eux une certaine connivence, un besoin d'échanger autre chose que des banalités, un besoin de se raconter, de se confier, d'avoir enfin un confident pour porter la vie. Ce roman raconte la rencontre de deux êtres, de deux solitudes. zoé est telle qu'Henry aurait aimé être, elle a la gentillesse, elle est naïve, elle ne se méfie pas des gens. C'est une rencontre autour des mots, une rencontre tissée par les belles phrases qui ne peut exister que par des mots et une force de sentiments.
C'est un roman à lire absolument, surtout si on aime la prose poétique et vivante ! La plume est très belle à mi chemin entre le roman, la poésie et la philosophie ; J'ai lu ce récit d'une seule traite, j'ai beaucoup apprécié cette lecture car les personnages sont vraiment attachants, on pourrait penser à une histoire simple mais elle ne l'est pas tant que ça. Une belle découverte et l'écrivain a bien du talent.
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Je tiens tout d'abord à remercier Martine Cadéo pour l'envoi de ce roman. J'avoue que le synopsis et la couverture m'ont attiré tout de suite.

Dès les premières pages, j'ai eu peur, le premier chapitre ne m'a pas plu et je me suis dit que je me devais de poursuivre pour me faire une meilleure idée... Et heureusement que je ne me suis pas arrêtée là!

Ce livre est un roman mais c'est aussi de la poésie. L'auteur a une plume formidable, des mots tellement beaux, une façon d'écrire très recherchée, une envolée de mots lyriques que j'ai appréciée, même si parfois, je dois le dire, je n'ai pas compris l'intégralité des phrases trop poétiques pour moi. Mais j'ai été sensible à cette plume particulière.

La correspondance entre ces 2 êtres que tout oppose est plutôt belle et même si elle pourrait choquer (une jeune fille de 18 ans échangeant des lettres avec un soixantenaire!), il faut vraiment voir cela comme un lien fort entre un frère et une soeur ou bien une petite fille et son grand-père. En tous cas, c'est comme ça que je l'ai lu... Deux êtres solitaires qui vont se découvrir au fil des mots et des pages...

J'ai une préférence pour la deuxième partie qui pour moi, est plus simple et surtout moins poétique, plus terre à terre si je puis dire. On comprend mieux ces 2 êtres, on les découvre et on se prend d'affection pour eux, et surtout pour zoé pour ma part.

Un roman poétique, touchant et intéressant!
Lien : http://leslecturesdemaryline..
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