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Citations sur Je suis une île (45)

Le silence d'une absence permanente diffère curieusement du silence temporaire. Il parait plus profond car il n'y a ni tension ni anticipation.
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Notre maison a été bâtie avec des pierres de l'île. Ses souvenirs sont tissés dans le paysage, cousus d'antiques noms gaéliques et norrois. Ma bouche s'enroule autour de leurs formes qui ne me sont pas familières. Le norrois est anguleux, dur comme les montagnes des fjords, tandis que le gaélique est doux comme les champs. Les pierres et les souvenirs sont l'ossature géologique et culturelle de l'île. Les histoires s'échangent autour de tasses de thé, de petits verres et de scones beurrés, et sont transmises par ceux dont les noms sont gravés par les maçons de l'église dans des pierres verticales au fil des générations. Acquérir le droit d'avoir sa place ici est aussi ardu qu'arracher ces rochers au sol de l'île. Ce droit est offert joyeusement à chaque enfant qui naît ici, ainsi qu'aux personnes liées par le mariage au petit groupe uni de familles locales. Vous ne pouvez l'obtenir qu'en déversant le sang de votre vie, de vos joies et de vos chagrins dans la terre sombre et peu profonde de cette île.
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Il n'est pas toujours aisé de vivre tranquillement quand le ciel est immense à ce point et que le vent souffle, se déchaîne, courageux, irascible et violent, enveloppe le paysage magnifique, nous incitant à tenter de mesurer nos petites vies à sa grandeur, dans la colère comme dans l'amour. Peut-être que l'échelle du paysage réduit tellement les émotions humaines que, dans un effort d'être comprises, les voix des insulaires se font plus acerbes, courageuses, magnanimes, généreuses, cruelles ou méchantes. C'est un très beau monde où la fierté obstinée, la haine de la différence et la peur du changement règnent en maîtres. A bien des égards, ce monde demeure féodal, avec son propre système d'honneur prompt à s'indigner mais lent à pardonner. Le pardon est une qualité aussi difficile à exhumer que les roches dans le sol.
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J'ignore ce qui chez les goélands invite vos yeux à s'élever au-dessus de l'horizon, à aller chercher un ciel plus lointain, par-delà le voisinage immédiat, plus haut. Pourtant, toujours, lorsque je perçois leur lamentation, mon cœur s'emballe, et autre chose en moi ose se laisser emporter. Comme si, à l'intérieur, quelque chose se détachait, se désenchevêtrait de tous les liens ténus et étroits filets qui vous prennent au piège d'une existence que vous savez trop comprimée pour vous.
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Avant, je n’aimais pas du tout l’eau froide, pourtant, ici, j’en suis venue à adorer son étreinte choquante et glaciale. Chaque jour, quel que soit le temps, je me lève tôt et je me rends sur le rivage. J’ai beau me raconter que je ne suis pas bizarre de m’adonner à une telle activité, parfois, je me pose quand même des questions. Je me dis que ce n’est pas une compulsion, simplement un appel irrésistible.
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Quand nous nous retirons du bruit de la vie moderne , nous ne découvrons pas simplement un monde intérieur , mais aussi une conscience plus profonde des instincts que nous avons perdus . Nous mettre à leur diapason exige du temps et du silence . Etre présent avec tous nos sens nous permet d'imaginer et d'habiter le monde autrement. Cette intuition réside en chacun de nous . Se connecter à nous-mêmes nous permet de nous enfoncer dans nos instincts plus sauvages et dans notre moi plus profond , sans inhibitions.
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Je veux trouver la clé du passage secret qui nous permettra de rentrer nous mettre au chaud . Je rêve de glisser cette clé étincelante dans sa serrure. Chaque jour , j'essaie de percer ce mécanisme impénétrable. Mais plus j'essaie, plus les rouages subtils se déplacent, aussi rapides et capricieux que les rafales de vents salins venues de la mer . Certains jours , il vous epuise , ce vent cinglant qui vous malmène comme si vous n'étiez qu'un vulgaire débris à la surface de l'eau. Ca fait mal d'être perpétuellement balloté par sa force .
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Ca aide de brûler la colère jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement ,et de considérer ensuite de nouveau le monde avec amour .D'évaluer et de réévaluer les amitiés et les connaissances , et de savoir celles qu'il faut garder et celles qu'il faut laisser tomber .
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La nature est clémente mais nos prévisions sont intransigeantes. A chaque jour ses arbitrages . Quand vous commencez à calculer le coût de la vie, vous vous demandez où part tout votre argent, et pourquoi il vous en faut autant pour simplement continuer à respirer. Parfois , vous avez l'impression que même le ciel réclame son dû. Il y a là une ironie qui ne cesse de m'échapper . La terre prodigue ses cadeaux , mais l'entretenir vous saigne à blanc .
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Notre silence sur le sujet du chagrin rend la mort invisible, pourtant, pendant tout ce temps-là, nous savons que la vie n’est qu’une pause furtive, une bouffée d’air belle et brève, avant que la mort ne nous étreigne tous. Je me demande comment nous pouvons supporter cette contradiction, et pourquoi nous sommes à ce point immunisés et résistants au chagrin d’autrui, voire tout bonnement incapables de le supporter. Est-ce parce que nous essayons d’éviter notre propre mortalité ?Nous mettons nous instinctivement sur la défensive quand nous percevons la faiblesse de quelqu’un d’autre, de crainte d’ouvrir en grand la porte de notre vulnérabilité ? Je suis choquée par le peu de place que nous accordons à la douleur d’autrui.
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