AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,12

sur 112 notes
5
17 avis
4
11 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis
Beauté sauvage d'un changement de vie radical, régénérateur et rédempteur…Ce livre m'a touchée au point d'infuser mes idées de clarté et d'humanité. Un coup de coeur serti par une écriture belle à tomber…

« Notre souffle forme un nuage blanc quand je frotte vigoureusement son épaisse robe avec mes mains gercées. Des tessons tremblants de glace déversent sur nous une pluie blanche et chatoyante. Nos silhouettes sont illuminées par une lueur dorée tandis que le soleil commence à se lever et que la journée semble d'une immense beauté dans sa réalité physique et sa simplicité nue ».

Ce livre est l'histoire de l'auteure, Tamsin Calidas, sous forme de témoignage…Un prénom et un nom aux sonorités de promesses d'île que je murmure désormais avec émotion, presque avec sensualité, avec respect assurément. Cette londonienne a quitté sa vie citadine pour s'installer sur une petite île des Hébrides en Écosse. Elle et son mari ont tout plaqué, laissant de côté leurs carrières de haut vol, pour pouvoir vivre davantage en lien avec la nature, comme nous sommes nombreux parfois à l'imaginer, à le rêver, mais bien peu à le faire de manière aussi radicale, dans un « croft », sorte de micro-exploitation rudimentaire, sur une île éloignée de tout, au climat hostile, là où les falaises sont taillées de façon anguleuse par les embruns salés et les vents venus de la mer produisant un son de cornemuse, là où les clochettes des bruyères se font éclatantes tandis que les collines roussies s'assombrissent en hiver, là où les rivages nus scintillent de berniques qui s'accrochent aux rochers. Là où « le vent chante à travers les vieilles charrues abandonnées tel un métier à tisser invisible qui continue à entremêler les fils de la terre et ses souvenirs, tramant chaque jour un passé et un présent différent ». Là où les ciels d'automne tourmentés peuvent devenir noirs et frappés avec fureur, là où les fleurs sauvages au printemps se font aquarelle polychrome. Là où le silence est si intense qu'il en devient poreux. Sur cette petite île d'un vert brillant dans le soleil étincelant, minuscule joyau des Hébrides.

Tamsin Calidas a réussi à atteindre un mode de vie d'une simplicité âpre et extrême qu'elle a appris à aimer au-delà des mots. Tamsin Calidas, femme-île, bercée par les eaux, fouettée par les vents, adoptée par les oiseaux, vénérée par ses animaux, à la peau tannée, aux joues sèches, aux mains blessée, à la force rugueuse, une petite poignée de vent en guise de voix.

Mais, quelle est la contrepartie, du moins le processus pour atteindre une telle osmose avec la nature et d'une telle connaissance de soi ?… En vivant désillusions sur désillusions, au point que l'idée même de mort soit réconfortante.
La stérilité mine le couple qui se brise, l'argent vient à manquer au point de devoir glaner des végétaux pour se nourrir et de ne pouvoir se chauffer, les deux mains se cassent, la solitude est extrême, l'ostracisme des insulaires est menaçante, la seule amie décède…Réduite à néant, ce dépouillement total la conduit tout d'abord à l'amertume, au ressentiment, rendant la narration répétitive et douloureuse… jusqu' à l'acceptation permettant à la douleur la plus aigüe de marquer son coeur. En vivant en accord avec le principe de destruction et d'altération de l'univers. En lâchant prise. En se débarrassant de routines éculées. En se laissant guider par le vent qui offre une source de force et de renouveau. En se laissant mordre par la mer glaciale, tous les jours, cette eau des origines, primordiale, quelle que soit la température, quelles que soient les conditions météo. En communiant avec la faune et la flore environnante.

D'année en année, son instinct devient connecté aux multiples indices livrés par la nature, aux moindres petits signaux que son corps assimile :
« C'est le milieu de la matinée. le toit en tôle ondulée de la vieille grange aux agneaux est pris d'assaut par un vent de nord-est, inhabituel en cette fin d'été. La poussière dans la cour se soulève, tourbillonne en rafales ; l'air lourd est chargé, saturé du parfum épais de la pluie. Mais hormis un éclat couleur de plomb, le ciel demeure clair. C'est déroutant de regarder le ciel et de constater qu'il est en décalage avec lui-même. Cela aiguise l'instinct, le met sur le qui-vive. Je sais qu'une véritable tempête est imminente, file à l'horizon, pas uniquement parce que j'ai aperçu les goélands blottis contre les mangeoires, ni parce que les moutons se sont réfugiés dans les bois dans la partie sud-ouest du croft, ni tout bêtement parce que j'ai vu le mercure chuter dans le baromètre. Je le sais pour toutes ces raisons, mais surtout à cause du goût fade et gris caractéristique qui stimule la production de salive dans ma bouche. Je lève la tête pour humer et goûter un peu plus l'air. Ce goût émoussé sur les bords est le signe annonciateur soit d'un problème, soit d'un changement ».

Cette connexion devient même interconnexion réveillant ses instincts ataviques profonds, puisant dans ses pulsions anciennes et ses souvenirs ancestraux, élans animistes durant lesquels « le temps parait à la fois passer en un clin d'oeil et simultanément dilaté à l'extrême ».

Ce beau livre publié aux jeunes éditions Dalva, aux pages souples et généreuses, nous offre, à chaque début de chapitre, de petites photos, photos de ses animaux, fragments de lèvres et de sourire, de bouts de doigts gelés enveloppant une tasse chaude , de paysages austères et puissants, photos qui m'hypnotisaient et me permettaient de bien me rendre compte du réalisme du récit, notamment celles où nous la voyons s'immerger dans l'eau glaciale.

"Tout doit s'effondrer pour que le renouveau puisse advenir"

J'ai vécu sur cette île aux côtés de Tamsin Calidas le temps de ce livre, vécu ce sentiment de gratitude et de résilience. J'ai ressenti sa capacité à s'endurcir, à enfoncer ses racines peu profondes comme elle le pouvait, à la manière d'un chardon, en s'adaptant et en luttant.
Ce fut une lecture marquée par une forme de douce sororité, de compassion, d'apaisement donnant furieusement envie de l'épauler et, comme elle, de se reconnecter à la nature sauvage. Pour autant, ce coup de coeur n'est pas qu'affaire de compassion et d'empathie. Il s'explique aussi par cette façon lumineuse qu'à cette femme de réussir à mettre en mots des vérités indicibles qui vibrent en moi…

«La vision du monde que vous développez est déformée. Vous niez l'existence de la noirceur parce que tout votre être s'accroche à la lumière. La vie est une lutte acharnée entre sentiment d'appartenance à un lieu et déracinement ».
Commenter  J’apprécie          10839
Gros coup de coeur pour ce livre dont le titre a attiré mon attention. La photo de couverture également, son nom : Tasmin Calidas... sans savoir exactement pourquoi.
Pour achever le tout, je me suis lancé dedans sans chercher à connaître les tenants et aboutissants, sans savoir si c'était un roman ou un récit.
Alors, quand à un certain moment, plutôt vers la fin, je me suis dit : "Dommage que ce soit un roman, une telle introspection ne peut être basée que sur du vécu" suivi de "mais c'est quoi finalement ce truc?", j'ai compris que j'étais en présence d'un récit de vie. Quelle vie !
Donc, chers amis vous l'aurez compris, ce qui suit n'est absolument pas objectif : je suis littéralement tombé sous le charme de cette personnalité hors du commun qui s'exprime dans ces pages. de ses mots également.
Au point d'aller visiter son site, de l'écouter y lire un passage de son livre avant d'écrire ces quelques lignes.
On peut dire que c'est un récit de vie, de survie, mais c'est bien plus. C'est une invitation à la réflexion sur ce que peut vouloir signifier communier avec la nature. Chaque jour. Chaque saison. Avec chaque élément. Seule mais avec de la vie autour.
Sans pathos, avec rugosité et tendresse, elle dresse le portrait de son évolution psychologique, de ce chemin intérieur qu'elle s'impose et qui dévoile assez pudiquement un caractère exceptionnel.
C'est un billet d'invitation pour certains amis susceptibles de se laisser entraîner dans ce genre de littérature introspective. Lisez-la au plus vite.

Commenter  J’apprécie          580
Merci à Babélio et aux éditions Dalva de m'avoir permis la lecture de ce magnifique témoignage qui se lit comme un roman .
Tamsin Calidas et son mari Rab ,las de la vie londonienne ,décident de tout quitter pour s'installer sur une île des Hébrides au large de l'Ecosse pour y mener une vie plus proche de la nature .Et ils vont s'accrocher à cette nouvelle vie malgré l'ampleur de la tâche et la froideur des îliens seulement leur couple va bientôt s'effriter et Tamsin va se retrouver seule et désargentée à affronter les difficultés quotidiennes de la vie à la ferme .Un magnifique témoignage à lire et relire !!!
Commenter  J’apprécie          230

C'est une autobiographie.
attention je vais spoiler, mais ce n'est pas comme si il y avait une "intrigue" à ne pas dévoiler .
Le nombre d'épreuves que traverse cette femme est impressionnant: agressions à Londres,
stérilité et désir d'enfant déçu, trompée par son mari et échec du couple,
victime de l'ostracisme des habitants sur l'île, du sexisme et du racisme, accidents (elle a les deux mains cassées et un grave accident auparavant ) mort en voiture de sa meilleure amie ... Extrême dénuement, elle endure le froid, elle en arrive à un mode "survie" en se nourrissant de brins d'herbes et d'écorces d'arbres. Elle songe à mourir, tant elle est épuisée physiquement et psychiquement.
Déjà, un immense respect pour toutes les épreuves surmontées par cette femme, sa force morale incroyable .
J'ai beaucoup aimé ses descriptions de la nature sauvage, maritime et celtique, son rapport cosmique avec les éléments et les animaux, son amour pour tout être vivant, la profonde spiritualité à laquelle elle aboutit .
Le style littéraire
n'est pas celui d'un auteur (sur les considerations existentielles) ; cela m'a dérangée dans la lecture au début et j'ai pris le parti de ne pas y attacher de l'importance .
La traduction en français aurait pu peut-être améliorer cela ?
Mais en conclusion, j'ai aimé ce livre .
Commenter  J’apprécie          170
l'histoire d'un couple qui fuit Londres pour s'installer sur une île écossaise très isolée. Leur rêve va se confronter à la réalité : des habitants globalement peu ouverts (et souvent racistes), très vite un manque d'argent et une vie très rudimentaire...je ne vous raconte pas la suite mais Tamsin Calidas dont c'est visiblement l'histoire, malgré toutes les difficultés et les mauvais sorts du destin, va s'accrocher à ce bout de terre et va apprendre à vivre avec la nature. J'avoue qu'à partir du moment où elle se retrouve quasiment seule j'ai trouvé ça longuet ! Une île oui mais à petites doses pour ma part : )
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          160
Coup de coeur intersidéral pour Je suis une île et le récit de Tamsin Calidas.

Entre témoignage et récit autobiographique, Tamsin Calidas nous raconte son changement de vie. Un cap à 360° pour cette londonienne qui plaque tout pour aller s'installer avec son mari sur une île des Hébrides en Ecosse. Dans les pages d'un journal, ils trouvent leur bonheur : une ferme entourée de champs, de plénitude, de nature. Au départ ce ne sont que 4 murs et des conditions de vie spartiates puisqu'ils habitent une caravane le temps de la rénovation mais en quelques lignes, l'auteure nous livrera des sources de bonheur multiples. Se reconnecter à l'essentiel, profiter de l'instant, communier avec la nature, apprendre de la faune et de la flore. Son récit est parsemé d'embruns et d'iode et c'est un peu comme si nous aussi nous nous installions dans ce croft sur les falaises de l'île.
Tamsin Calidas m'a touchée par tant de bienveillance et de simplicité. Adopter ce nouveau mode de vie, c'est aussi revenir aux sources, apprécier l'authentique, se lever aux chants des oiseaux, respecter chaque vie, chaque pousse, chaque animal qui l'entoure. A la force de ses mains, pleine de volonté, elle n'aura de cesse de prouver aux natifs de l'île qu'elle mérite son lopin de terre et qu'une femme aussi, peut le faire.
Je ne dirai pas que ce récit est féministe car l'auteure n'a aucune prétention. Elle livre un récit tellement vrai, tellement simple et touchant qu'on n'a qu'une envie : faire de même ! Mais cette nouvelle vie qui s'annonçait sous les meilleures augures sera difficile : d'abord parce que la stérilité du couple finira par les éloigner et les briser, le manque d'argent également et surtout l'agressivité des insulaires qui voient leur arrivée d'un mauvais oeil.
Je pense qu'il faut beaucoup de résilience et d'acceptation pour encaisser tant de désillusions et de violence pour une seule personne et trouver la force d'en ressortir grandie. C'est le cas de l'auteure qui se retrouve avec les deux mains cassées et devra tout de même gérer son croft avec un tel handicap.

J'ai été absolument subjuguée par ce récit et la combativité de cette femme. La force intérieure qu'elle possède est incroyable et mérité d'être saluée. J'ai été aussi bouleversée par la communion qu'elle entretient avec la nature et les animaux, tout particulièrement avec sa chienne. Une telle connexion entre deux êtres, tant d'amour à donner et à partager, ce récit est criant d'humanité et de bienveillance. La superbe couverture aux éditions Dalva y est aussi pour beaucoup. Tamsin Calidas a parsemé son récit de quelques photos qui nous vont droit au coeur. Cette jeune maison d'éditions est à garder dans le viseur car assurément se cachent quelques pépites parmis leurs rangs !

Un formidable coup de coeur que je recommande à tous les amoureux de la nature. Une ode à la vie !
Commenter  J’apprécie          152
🌊 Quel beau récit de vie tellement éprouvant !
Quel courage !
Je suis admirative !

🌊 Tamsin Calidas décide de quitter sa vie citadine de Londres pour aller s'installer avec son mari sur une île isolée des Hébrides écossaises où ils sont tombés amoureux d'un croft, une petite ferme en ruine.
Ils élèvent des moutons, le travail est pénible entre la ferme et la rénovation qui n'avance pas mais ils ne ménagent pas leurs efforts, c'est pour eux une vraie déconnexion et une renaissance.
Ils vont pourtant très vite déchanter ... La dure réalité va transformer le rêve en cauchemar et les espoirs en désespoirs, le couple se brise ...
Pas facile pour une femme seule de se faire une place sur cette terre sauvage entre la ferme à gérer, le manque d'argent, l'hostilité des habitants et la nature toute aussi hostile de cet archipel d'Ecosse.
L'île et la mer recèlent des trésors mais Tamsin va devoir aller au bout d'elle-même et y puiser tout son courage et sa force pour survivre, pour apprivoiser cette terre, pour l'aimer jusqu'à se fondre en elle et devenir cette île.

🌊 Chapeau bas Madame Calidas !
Vous avez écrit votre biographie comme si c'était un roman et c'est ce qui rend votre histoire d'autant plus impressionnante car quand vous racontez toutes les épreuves que vous avez traversées, on se souvient soudain que ce n'est pas une fiction et on se dit juste que c'est fou ! N'importe qui d'autre serait parti ! Et quand je dis "épreuves" le mot est faible car entre la peur, le froid, la faim, la solitude, la haine, l'ostracisme et tout ce que je ne peux pas dévoiler, vous avez tenu bon contre vents et marées telle une guerrière. 💪
Quant à votre plume, elle est tout simplement magnifique, elle nous fait tellement bien ressentir votre communion avec la nature que j'ai eu plusieurs fois la gorge nouée, votre amour pour les animaux est très touchant !
Nous sentons l'odeur de la mer et ressentons le bruit du vent, nous ne sommes pas votre île mais vous nous en imprégnez si bien que nous y vivons le temps d'une lecture à l'image d'un parcours philosophique empreint de suspens.
Pour moi qui ai peur de l'eau, c'est une expérience juste inimaginable mais ce récit est un voyage qui prend aux tripes et j'étais triste de vous quitter quand je suis montée dans le ferry pour rentrer en Vendée. 😉 🌊
Commenter  J’apprécie          120
Si j'avais su que j'avais entre les mains un récit de vie, je n'aurais pas lu le livre et j'aurais eu tort.
Quelle vie et quel talent pour tout raconter !
Tamsis Calidas nous emmène dans un long voyage où elle nous fait partager les différents moments de sa nouvelle vie depuis qu'elle et son mari ont quitté Londres pour vivre sur une île. Tout y est : les difficultés du début, l'hostilité des voisins, les disputes du couple, la solitude, le deuil, l'amitié, l'adaptation, la résilience...
Que dire de l'écriture ? J'ai pris le temps qu'il fallait pour savourer les magnifiques descriptions de la nature et des saisons. J'ai adoré les réflexions justes sur la vie et les épreuves traversées :
'Il y a toujours des périodes sombres dans l'existence, mais la lumière n'en est que plus vive quand elle se manifeste'.
'Je suis une île' est un coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          113

Quitter une vie urbaine confortable mais stressante pour s'installer en couple dans une île isolée des Hébrides écossaises , tel était le rêve de la narratrice. Mais d'emblée, sans expérience de l'élevage , en butte à l'hostilité des gens du cru dont la mentalité insulaire est particulièrement exacerbée, les difficultés tant matérielles que psychologiques font que la narratrice va se retrouver seule.
Seule face aux éléments, seule face à l'ostracisme dont elle est victime, seule face à une grande pauvreté.
N'importe qui d'autre serait parti. Pas elle. Elle choisit de rester et ce durant quatorze années. Elle relève tous les défis , se baigne dans une eau glacée chaque matin, bonnet sur la tête en plein hiver, va s'expliquer avec celui qu'elle soupçonne d'être à l'origine des formes de violence dont elle a été victime directement ou indirectement, se forge une nouvelle mentalité, un nouveau corps : "On émerge de cette expérience avec des contours taillés autrement, on est transfiguré. Certains de ces changements sont les bienvenus, mais d'autres peuvent vous laisser en deuil de la personne que vous étiez avant, et que vous avez perdue". Un récit éprouvant.

Commenter  J’apprécie          102
Il en est de certaines lectures qui tout doucement s'instillent en vous, vous emporte insidieusement sans que vous en rendiez forcément compte, distille en vous quelque chose d'indéfinissable et qui vous porte vers une réflexion tout aussi vertigineuse que bienfaitrice.
Et bien "Je suis une île" est de celles-là.

D'abord, une pensée toute particulière pour HordeDuContrevent qui par sa somptueuse critique de cet ouvrage a su éveiller ma curiosité quant à cette auteure, cette maison d'édition dont le credo est de mettre "à l'honneur des autrices contemporaines. À travers leurs textes elles nous disent leur vie de femme, leur relation à la nature ou à notre société. Elles écrivent pour changer le monde, pour le comprendre, pour nous faire rêver." J'ajouterai dans le cas présent nous renvoie également à nous-mêmes.
Et me sortir de ma zone de confort, au propre comme au figuré

2 livres me sont revenus en mémoire, lors de l'avancée au fil des pages que je prenais le temps de lire pour m'en imprégner
- Un effondrement d'Alexandre Duyck ;
- Tomber sept fois, se relever huit de Philippe Labro.

Peut-être est-ce aussi car ce roman provoque une sorte d'effet miroir qui ne peut laisser indifférents certains....

Car au risque de ma lancer dans des assonances, plusieurs adjectifs me viennent à l'esprit à l'évocation de l'histoire de Tamsin Calidas :
Expérience, accoutumance, vigilance, puissance, transparence, violence, persistance, résonance, et résilience.

Expérience car "C'est toujours pendant une forme de traversée, le passage d'un espace à un autre, que votre coeur s'ouvre et que tous vos rêves commencent." Et expérience car la lecture de cet ouvrage s'apparente à la lecture d'un livre qui ne ressemble à aucune autre.

Accoutumance car : "Lorsque j'emprunte cet itinéraire quotidiennement pour me rendre au travail, j'ai conscience d'être en proie à un sentiment d'agitation perturbant. le fait de trimer jour après jour peut vous pousser à vous poser toutes sortes de questions ouvertes. Vous en venez parfois à lever les yeux vers le ciel pour y trouver des réponses, les épaules redressées, parées contre une angoisse existentielle sans cesse renouvelée." Et accoutumance aux mots posés par l'auteur sur le papier.

Vigilance car "L'humanité est une chose vulnérable et vigilante". Et vigilance tant on en éprouve pour l'héroïne.

Transparence car "Le stress est invisible ; subtil et insidieux, il se renforce au fil du temps. L'angoisse est pareille à un feu qui se consume lentement.". Et transparence tant les mots parfois bruts, les sentiments exacerbés, disent tant de nous, de nos peurs, de nos joies, de nos craintes, de nos peine

Violence car "Parfois, votre vie peut vous paraître étriquée à la manière d'un pull devenu trop petit pour vous depuis longtemps, qui entrave tant vos mouvements qu'un besoin pressant de vous étirer pour vous en défaire s'empare de vous. Depuis des années, je désirais secrètement tirer d'un coup sec sur ce dernier fil pour me libérer." Et violence car elle peut parfois s'avérer salvatrice, ou comme un déclic dont seul notre inconscient a le secret.

Persistance car je dirais à l'instar d'une lecture récente et dont une citation convient parfaitement à celui-ci également : "de même que le stylo quitte la surface de la page entre deux mots, de même les pieds du marcheur se lèvent et s'abaissent entre deux pas ; de même que le cerf continue de courir quand son bond l'arrache au sol, et que le dauphin continue de nager quand il saute et jaillit par-dessus les vagues, de même l'écriture et la navigation sont des activités continues, une ligne ininterrompue, la persistance d'un même courant, d'un même élan." Et persistance dans ma mémoire de ces mots et images qui ont émaillés ma lecture.

Résonance car cette femme-île va devoir entrer en résonance avec le milieu avec les éléments bruts, avec l'environnement, avec la nature, avec l'île elle-même. Et résonance car "cette histoire nous rappelle que d'étranges forces sont toujours à l'oeuvre, souvent invisibles, au sein du paysage. Dans ce vol tourbillonnant, ce que j'ai vu, c'est que la prédation et la protection sont les deux facettes d'un même instinct." Et résonance comme peut l'être la vie parfois. Et résonance également tant je suis doué "pour nourrir les autres des trésors rutilants de ces cueillettes, mais j'ai beau être calme, j'ai toujours eu bien du mal à m'en nourrir."

Résilience car :" Il est effrayant de se regarder, de regarder ses faiblesses, dans toute leur nudité crue. de comprendre vraiment que la vie n'est qu'un unique souffle intense et tremblant.Cela me fait peur d'en être arrivée là. Je sais que mon existence est différente des autres. J'ai appris à vivre chaque jour avec de moins en moins. À présent, je vis avec tellement peu que j'ai du mal à savoir ce qu'il manque.Vient un moment où nous savons que quelque chose ne fonctionne pas. Ce moment est venu puis reparti pour moi, sauf que j'ai continué, en m'épuisant, mais en me battant. C'est comme nager sur place, avec le courant chaque jour un peu plus fort qui, lentement, irrésistiblement, m'entraîne vers le fond. J'ai simplement continué à faire les choses, parce que nous adhérons tous à une règle simple : nous ne cessons jamais d'essayer. Personne n'a le droit de laisser tomber. On peut s'arrêter, mais jamais passer la main." Et résilience car parfois quelque chose, quelqu'un, une force inconnue, une force surhumaine dans son acception littérale vous pousse à sortir du gouffre. Peut-être aussi parce tout doit s'effondrer pour que le renouveau puisse advenir ?

Tamsin Calidas écrit : "Les belles choses se produisent souvent quand on s'y attend le moins."
Je me permets d'écrire : Les belles lectures se produisent souvent quand on s'y attend et le moins....
Mais c'est bien là que réside la force de la lecture au travers des autres trouver une part de soi-même, ou la retrouver tout simplement.
Et tout simplement j'ai envie de prononcer un merci...
Commenter  J’apprécie          83



Lecteurs (375) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}