En cette fin d'après-midi, les hautes tours de la cathédrale Notre-Dame projetaient une ombre salvatrice alentour. Les ors et les polychromes des saints de sa façade, ajoutés aux arabesques de la rosace, attiraient la lumière, formant un contraste unique pour qui s'arrêtait devant elle.
Comme chaque fois qu'il passait à proximité, Armand fut transporté par la majesté de l'édifice.
Elle entendit le tintement du fer, preuve que l'archer avait abandonné sa position et croisait son épée à celle du chevalier. Elle refusa de regarder en arrière, toute entière vers ce souterrain par lequel elle était entrée, convaincue d'une seule chose : l'enfer recommençait.
Richesse et honneurs leur importaient peu. Ils possédaient l'essentiel : la foi. Cette foi qui les avait transportés en Orient pour protéger les pèlerins, puis les avait fait rester au service de Dieu quand Dieu lui-même semblait vouloir abandonner les Templiers.
Elle se tenait droite, de dos. Comme chaque fois, elle s'attardait à la contemplation d'une enluminure ancienne, encadrée au mur, mais il savait que, depuis longtemps déjà, elle ne la voyait plus. Elle se retournerait, c'était leur rituel, une fois qu'elle entendrait la clef grincer dans la serrure.
Il s'empressa de la faire jouer, s'avança, bouleversé une fois encore par la grâce de ce corps svelte, ces traits altiers aux pommettes hautes, au nez fin, à la bouche finement dessinée. Bardes et trouvères affirmaient qu'Isabelle était la plus belle femme des deux royaumes. Cette réputation n'était pas usurpée. Elle était la fille de Philippe le Bel, la sœur de Charles IV, la reine d'Angleterre. La femme qu'Adémar de La Broce aimait.
Richesse et honneurs leur importaient peu. Ils possédaient l'essentiel : la foi.
Elle serra les poings sur cette douleur qui lui retournait le coeur, le ventre, jusqu'à la nausée.