La lumière dans les combles

Depuis que l'armée allemande était là, on aurait dit que n'importe qui était capable de n'importe quoi.

À Przemysl, avoir de la lumière, c'est faire de la réclame : venez voir, j'ai des friandises ! Et ce n'est pas très malin d'attirer l'attention sur l'endroit où on les garde.

Helena pressa fort ma main dans la sienne.
- Stefi, qu'est-ce que c'est, un juif?
[...]
- Regarde notre peau, Hela, murmurai-je. La tienne est un peu plus foncée que la mienne, mais c'est toujours de la peau, non? C'est de la peau qui recouvre du sang, des os, comme chez toutes les autres personnes. Un juif est une personne qui a du sang, de la peau et une famille, certains d'entre eux sont bons, d'autres sont méchants, comme tout le monde. La seule différence, c'est qu'ils ont choisi de suivre Moïse plutôt que Jésus. Mais rappelle-toi que Jésus était juif, lui aussi. Un seul dieu pour les deux, Hela.

A chaque marche que je descendais je me sentais plus lourde, comme si j'avais grandi ou pris du poids. Mais ce poids n'était que de la peur. Parce que j'avais peur. J'avais peur de ne plus jamais les revoir...

« Treize, me dis-je. Treize juifs dans le grenier. » De toute façon, les nazis ne pourront me tuer qu’une seule fois.

- Vous gardez toujours la bouche ouverte ou vous êtes capable de la fermer ?

L'air était saturé de poussière, de fumée, de peur panique...

Le monde est beau, mais les hommes le rendent laid.

La radio bourdonne faiblement dans la pièce voisine. Au-dessus de nos têtes, c’est le silence.
Mais je sais que ce silence est plein de souffles et de battements de coeur. De pensées et de sentiments qui ne peuvent pas s’exprimer à haute voix. Ce silence au-dessus de nous est plein de vie, même si la mort doit arriver dans les minutes qui viennent.
L’absence de bruit ne signifie pas le vide. Pas toujours.
Pas pour moi.

- Nous ne retrouverons jamais ça, dit-il. Même si la guerre finit. Je ne savais pas que je vivais des jours qui ne reviendraient jamais.
J’aurais voulu pouvoir les lui redonner. Enveloppés dans du papier cadeau, avec un ruban tout autour.
- Nous vivons toujours des moments qui ne reviendront pas, dis-je. Alors essayons d’en créer de nouveaux, c’est tout.