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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La couverture du livre, rose pimpant, est trompeuse. La lecture est un choc, qui me fait vaciller. Je suis immédiatement happée par cette écriture, sous forme de journal, souvenirs de l'enfance en morceaux qui reviennent, jour après jour. le style est très simple, sans effets, et la lecture intense. J'y reconnais le monde de mon enfance, la campagne, le village, les poules qu'on n'aime pas, la mort des animaux, la complicité qui affleure chez un grand-père bourru, l'envie de liberté et les peurs de l'enfant. Mais cet enfant là a d'autres raisons d'avoir peur, la violence et la mort tellement proche.

Souvenirs d'un enfant précocement chargé de responsabilité et d'un voisinage périlleux avec la mort, ces fragments de mémoire, allers-retours dans le temps, forment un parcours clair, la construction d'un homme, une voie et une voix. Un premier roman qui donne envie de continuer à suivre cette voix.

"23.07.07
Mon chien et ma mère se ressemblent. Ils font les mêmes crises d'épilepsie sur le tapis de la chambre ou sous la table de la cuisine.
Mon chien a mordu le fil électrique de l'aspirateur de ma mère un jour de ménage. Logiquement il a tout pris dans la gueule. Ma mère est morte avant mon chien. J'ai le faible espoir qu'il passe au travers, la pensée magique que tout va s'arranger puisqu'on m'a déjà pris ma mère."

"15.04.08
Je lui ai dit que je veux qu'elle me fasse un masque et une cape de Zorro. Ma grand-mère prend un vieux jean et elle taille dedans. le premier soir, j'attends qu'il fasse bien noir et je passe le muret derrière la maison, juste devant le fossé. Je m'arrête pile à l'endroit du persil qui pousse contre le mur de la maison. Là où j'ai l'habitude de pisser. L'obscurité est totale. Est-ce qu'on voit les étoiles ? J'essaie de rester le plus longtemps possible dans le noir avec mon masque et ma cape sur le dos. Je ne bouge pas. J'écoute mon courage gronder."
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Des dizaines de vignettes expurgent une enfance de violence domestique et de tendresse obscure.

Ce premier roman de Manuel Candré, à paraître le 30 août 2012 chez Joëlle Losfeld, impressionne par sa violence subtile.

Sous forme de dizaines de vignettes plus ou moins longues, telles que pourraient s'écrire les verbatims issus de séances de psychothérapie, le narrateur dévoile, dans le désordre, mais selon une savante construction littéraire, des bribes de son enfance agitée, entre maladies des proches, omniprésence des morts, explosions de violence et de brutalité parentales, souvent noyées dans une épaisseur d'alcool effrayante...

Et pourtant... Une obscure tendresse perce bien dans la colère qui sourd du narrateur tout au long de ces réminiscences aux allures passagères de confessions. "Faire parler" rétrospectivement les enfants est un art littéraire difficile, dont Manuel Candré, à l'instar jadis du James de "Ce que savait Maisie" ou plus récemment du très réussi "Je n'ai pas peur" de Niccolo Ammaniti, se sort avec brio.

Même si ce récit ne représente pas exactement mon "genre de beauté" personnel, j'en sors impressionné.

"Ce jour-là, il fait beau et la fenêtre est grande ouverte. le voisin Boulet passe la tête pour dire bonjour. C'est un petit vieux tout sec avec un béret. Boulet, il est d'humeur à faire des blagues. Il a vu que mon grand-père tient une bonne caisse et, planté devant la fenêtre, les deux mains sur les hanches, il crie, feignant l'indignation. Quoi ? Toi, Candré, un communiste, tu manges des raviolis, ce plat de Mussolini. Mon grand-père s'empourpre, une position intenable se fait jour dans son esprit envapé. Il se lève comme un ours, Oh Bon Dieu, Boulet, t'as raison, prend l'assiette et la fout tout entière par la fenêtre. Puis il se retourne vers ma grand-mère, exultant du soulagement éprouvé. Boulet pleure littéralement de rire dans le jardin, ma grand-mère fume de rage. Cette histoire, et quelques autres, faisaient la fierté de la famille. Être ivre, de gauche, si possible impulsif, tout ça définit une sorte de patrimoine familial qu'on peut revendiquer la tête haute. Les raviolis de pépé, c'est un peu la Mona Lisa des Candré, un chef-d'oeuvre qui contient tous les principes du maître. Mon père aimait m'en raconter une autre impliquant mon grand-père et sa mère. Une histoire dégueu avec un suppositoire qui vole et des harengs qui cuisent dans la cheminée... Une de mes préférées avec celle des raviolis."
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