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Myriem Bouzaher (Traducteur)
EAN : 9782253072713
252 pages
Le Livre de Poche (17/03/2004)
3.93/5   355 notes
Résumé :
Italie, été 1978, un hameau dans les Pouilles. Des gamins sillonnent la campagne brûlante. Suite à un gage, Michele repère un abri abandonné : là, dans un trou, un enfant, enchaîné comme un animal. Ballotté par les angoisses de ses neuf ans et ce lourd secret, il va découvrir la terrible vérité des adultes. Les monstres existent, et ils portent parfois des masques familiers...
Oppressant comme un polar, intriguant comme un conte : Niccolò Ammaniti signe un ro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (74) Voir plus Ajouter une critique
3,93

sur 355 notes
“Quand on tombe dans l'eau, la pluie ne fait plus peur.”
(proverbe russe)

Il semblerait que Niccolò Ammaniti a écrit son premier roman, "Branchies", dans le cadre de la procrastination, à l'époque où il rédigeait une thèse sur les neuroblastomes. Quel dommage que toutes nos procrastinations n'aboutissent pas aux mêmes résultats !
Considéré comme l'un des plus talentueux écrivains italiens de ces dernières décennies, l'auteur a gagné sa notoriété grâce à ce court roman, "Je n'ai pas peur" (2001), une très agréable découverte babéliote, lue d'une traite.
J'y ai retrouvé des sensations de ma première lecture de "Stand by me" de Stephen King, relevées par une pincée de poivre noir à la William Irish, mais tout cela reste très subjectif : "Je n'ai pas peur" est un récit profondément italien, bien ancré dans l'été particulièrement caniculaire de 1978, dans un petit patelin au sud de l'Italie, Acqua Traverse.

Le petit Michele passe ses vacances entre les champs de blé mûr et des chemins poussiéreux chauffés à blanc, en compagnie de ses camarades du village. En relevant un défi idiot, il va s'aventurer dans une maison délabrée sur une colline proche, et il trouvera quelque chose de très inquiétant. Quelque chose qui va changer le reste de cet été chaud et léthargique en cauchemar, et qui le mettra pour la première fois de sa vie véritablement face à la mort.

L'histoire, racontée du point de vue d'un petit garçon de neuf ans, nous permet d'entrer à la perfection dans le monde poétique des garnements de la campagne, où il reste encore beaucoup de place pour le mystérieux et le surnaturel. Mais l'auteur ne se laisse pas envahir par le sentimentalisme : ce monde enfantin est, certes, plein de camaraderie et de compassion, mais aussi d'alliances secrètes, trahisons et violences entre copains. Et juste un étage au-dessus se trouve l'incompréhensible et impitoyable monde des adultes.
Ceci n'est pas encore tout à fait compris par le petit Michele, qui regarde son guignard de père avec une mansuétude presque paternelle, mais le Michele adulte, qui revoit toute l'histoire avec recul, le sait très bien.
Les deux lignes narratives sont étroitement liées l'une à l'autre : le cruel monde des enfants copie celui des adultes par sa hiérarchie basée sur la loi du plus fort.
Dans le trou puant où le garçon fait sa découverte, les jeux et l'imagination enfantines se superposent à la dure réalité, injuste et sans compromis, des adultes ; l'endroit devient une sorte de porte symbolique entre les deux. Tout comme Alice au Pays des Merveilles, Michele tombe dans un trou pour découvrit un monde qui ne tient pas debout, qui ne donne plus aucun sens, mais qui s'appelle, hélas, la vraie vie.

Ammaniti sait raconter de façon suggestive, presque cinématographique, avec une grande maîtrise de la gradation. Soleil de plomb, terre brûlante, champs de blé sans fin, virées sauvages à vélo, maison en ruine, moments mortifères de danger et de stress intense, revirements et surprises sont décrits avec la précision des vidéoclips en couleur. La trame narrative n'est pas embellie par des fioritures inutiles ; la quantité et le caractère des effets dramatiques sont dosés plus que raisonnablement. Par bonheur, le livre se dispense aussi des considérations moralisatrices sur le bien et le mal, le crime et le châtiment, le courage et la lâcheté, que l'histoire pourrait potentiellement offrir. Avec son style solide et sa sincérité, le roman devrait ravir un large public, y compris les lecteurs exigeants.
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C'est l'été, chaud , très chaud dans un petit , un très petit village des Pouilles . Désoeuvrés, Michele , sa soeur Maria , Salvatore , Antonio dit " Rackam" , Remo et Barbara font du vélo dans la campagne , toujours en quête de quelqu'exploit à accomplir , comme cette course , par exemple qui verra Michele recevoir un gage...Et oui , dernier , et pas question de faire valoir qu'il a aidé sa petite soeur de cinq ans , non , pas question ...Et puis , le gage , il n'est pas si dur que ça , traverser le premier étage d'une maison délabrée au plancher pourri....A neuf ans , pas question de céder à la peur même si l'on risque de s'écraser au sol , quatre mètres plus bas..
Et , oui , pour avoir passé les vacances à parcourir la campagne sur des vélos dont l'état laissait à désirer, on retrouve dans ce début de roman le plaisir des premières libertés , des premières bêtises , le groupe et son " chef " un peu " dur " envers sa troupe , les retours tardifs et souvent peu glorieux et houleux à la maison ; il faut dire qu'il passait vite , le temps....Ah , nostalgie....Il faut dire qu'on s'y croirait vraiment , tant c'est décrit avec justesse et finesse...
Bon , je m'égare , quoique, connaissant maintenant certains et certaines d'entre vous , je suis certain qu'elle va vous émouvoir , cette première escapade , vous allez vous dire , " j'ai l'impression de revivre quelque chose...."
Oui , oui , c'est bon, j'avance. Donc , Michele , il arrive en fin de parcours , bientôt le gage aura été réalisé et on pourra repartir vers d'autres aventures....Allez , un dernier effort , la fenêtre, Michele prend son élan, saute et atterrit sur ...sur quoi , au juste , sur...heu , un tas de ... ah , mince , je ne me souviens plus ...c'est dommage car , à partir de ce moment - là,......Vrai , vous m'en voulez pas ? Non parcequ'à partir de là , les vacances vont prendre une tournure inattendue , pour les enfants et leurs parents.....et on ne saura plus vraiment qui est qui , qui a fait quoi , qui sont ces démons qui ont pris possession des lieux , des âmes et des corps........
Et c'est entre la description d'une vie quotidienne extraordinairement rapportée et des mystères de plus en plus sombres que l'intrigue va peu à peu glisser vers une situation de plus en plus insupportable et effrayante.
C'est du noir , du bon roman noir qui vous tient en haleine , qui finit par vous sortir de votre " béatitude " pour vous enfoncer dans la noirceur absolue...
Allez , pour les plus sensibles , les...10 premières pages sont...comment on dit ? ..." cool " .Oui , après , ça se gâte..
C'est un roman très bien écrit, vif , alerte et ...noir . Bon courage et...bonne lecture.
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Eh bien moi, je peux vous assurer que j'aurais peur !
Ce pauvre Michele, petit garçon italien connait la peur de sa vie et arrive à la surmonter.
Car il a un coeur gros comme ça.
Je ne vous en dis pas plus.
Sachez juste que cela se passe dans un « village » de 4 maisons, perdu au fin fond des Pouilles, l'été 1978, accablé par une chaleur intenable.
Michele vit avec sa maman, une belle femme sensuelle, son père, un chauffeur de poids lourd qui revient de temps à autre à la maison, et sa petite soeur Maria, fan de Barbie. Il a des copains (enfin, cela dépend lesquels) qui l'accompagnent dans ses escapades à vélo. Une escapade, notamment, va le mener .... aux confins de ses cauchemars les plus horribles.
Mais non, il n'a pas peur ! C'est ce dont il veut se persuader, en tout cas.

Cette virée dans l'horreur totale, je l'ai vécue avec lui, grâce au style vivant et rempli d'empathie de Niccolo Ammaniti. Ma lecture a été rapide, sans temps mort. Cet auteur a le don de mêler les descriptions très réalistes de la vie quotidienne à l'exception insoutenable, par le biais de Michele.

Je vous recommande cette histoire vue par les yeux innocents d'un petit garçon qui croit – qui croyait – en la bonté des adultes. Vous aurez envie de le prendre sous votre aile et de le protéger à jamais.

NB. NE LISEZ SURTOUT PAS LE RESUME SUR BABELIO NI LA QUATRIEME DE COUVERTURE car tout est dévoilé !!!
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Quinze ans me séparent de ma première lecture de ce roman pour mon cours d'italien et le souvenir ne s'est pas estompé..
Je l'ai repris il y a un mois pour le lire à voix haute à mon épouse, en version française cette fois, le charme est resté intact.
le très beau billet de Suzanna m'a incité à vouloir, moi aussi, rendre hommage à ce livre.

La trame ne peut en être dévoilée, sachez seulement que l'action se déroule à Acqua Traverse, minuscule bourgade d'Italie, lors d'un été particulièrement chaud.

L'histoire nous est contée par Michele, petit garçon de neuf ans, avec ses mots d'enfant, il nous révèle ses sentiments, ses peurs, irraisonnées parfois, justifiées souvent.
À travers lui se dessinent deux mondes, celui des enfants, leurs bandes et leur chef de bande, leurs moqueries, leurs trahisons et à côté, celui des adultes, mais ne croyez pas que celui-ci soit meilleur, bien au contraire.
A l'occasion de la perte d'un gage, il va faire une découverte qui changera sa vie…

C'est raconté par un enfant, mais ce n'est pas un conte de fées.
Il a raison de se persuader de ne pas avoir peur.

C'est un portrait noir, non pas noirci par l'enfant, celui-ci restant candide, mais noir par le regard que le lecteur pose sur les faits que Michele relate.
le livre se lit facilement et m'a tenu en haleine jusqu'aux dernières lignes.
Je vous le recommande chaleureusement.

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Village pauvre au sud de l'Italie, été caniculaire. Petit garçon sensible et généreux, Michele avait neuf ans en 1978. Vingt ans plus tard, il raconte ces vacances entre ses jeux avec les copains et le drame dans lequel il s'est trouvé impliqué.

Si on n'a pas lu la quatrième de couverture, on commence par s'installer confortablement dans les souvenirs du narrateur. On peut y trouver quelques échos avec ses propres 'grandes vacances' d'enfant à la même époque. Ambiance de bande de garçons, avec l'inévitable caïd un brin sadique qui décide pour les autres et distribue des gages.
Mais le récit bascule vite, le ton change, la gorge se noue, la tension monte : dira, dira-pas ? sauvera ou pas ? quid des relations familiales ?

Comme dans 'Moi et toi', Niccolò Ammaniti excelle à happer son lecteur, à le surprendre, mais aussi à l'émouvoir avec des personnages attachants et des situations dramatiques.

Un minuscule léger bémol : la prose est parfaite, on sent la voix de l'enfant à travers celle de l'adulte. Mais de loin en loin, quelques dérapages voulus avec "l'oubli" du subjonctif. Dommage, c'est artificiel et superflu.

--- Je poursuis ma découverte de l'auteur.

Roman adapté au cinéma en 2003 - titre de la VF "L'été où j'ai grandi".
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis réveillé pendant la nuit. A cause d'un vilain rêve.
Jésus disait lève toi et marche à Lazare. Mais Lazare ne se levait pas. Lève-toi et marche, répétait Jésus. Lazare en avait rien à faire de ressusciter. Jésus, qui ressemblait à Severino, celui qui conduit le camion-citerne de l'eau, se mettait en colère. C'était pas malin ! Quand Jésus te dit lève-toi et marche, tu dois le faire, surtout si tu es mort. Au lieu de ça, Lazare restait étendu, tout desséché. Alors Jésus le secouait comme un pantin et Lazare finissait par se lever et il lui plantait ses dents dans la gorge. Fous la paix aux morts, il disait, les lèvres barbouillés de sang.
J'ai écarquillé les yeux, tout en sueur.
Ces nuits-là, il faisait tellement chaud que si, par malheur, vous vous réveillez, il était difficile de vous rendormir.
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[Ma soeur] avait deux [Barbie], une normale et une toute noire avec un bras écaillé et sans cheveux.
C'était moi qui l'avais arrangée comme ça. Un soir, j'avais vu à la télé l'histoire de Jeanne d'Arc et j'avais pris la Barbie et je l'avais jetée au feu en hurlant : "Brûle, sorcière ! Brûle !". Quand je m'étais aperçu qu'elle brûlait vraiment, je l'avais attrapée par un pied et je l'avais lancée dans la marmite du minestrone.
(p. 127)
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- " Arrête avec ces monstres , Michele. Les monstres existent pas. Les fantômes, les Loups-garous, les sorcières, rien que des conneries pour faire peur aux grands benêts comme toi. C'est des hommes que tu dois avoir peur, pas des monstres".
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Allez savoir ce qui se passait dans la maison abandonnée.
Peut-être qu’il y avait des sorcières, nues et vieilles, autour du trou en train de rire sans dents et peut-être qu’elles sortaient l’enfant du trou et le faisaient danser et lui tiraient le zizi. Peut-être qu’il y avait l’ogre et les romanichels qui le rôtissaient sur le gril.
Je ne serais jamais allé là-haut de nuit pour tout l’or du monde.
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Les fantômes, les Loups-garous, les sorcières, rien que des conneries pour faire peur aux grands benêts comme toi. C'est des hommes que tu dois avoir peur, pas des monstres.
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