Maurice Carême -
Femme - Editions Roger Wastiau - Bruxelles 1972 -
Avec les Eaux-Fortes originales de John Dix.
Dédicacé par l'auteur - Lu en août 2018.
Ce bijou, décidément, la boîte à livres de ma commune m'a déjà bien comblée en matière de lecture, est une véritable trouvaille et découverte pour moi.
Il est composé de 7 séries de poèmes : Laminaire - Bonheur - Émerveillement -
Chansons - Absence - L'anneau des saisons - Magie du temps.
Tous dédiés à la
Femme.
C'est beau, c'est simple c'est émouvant.
Ô
femmes que vous êtes, si les hommes savaient nous parler ainsi,
ils verraient l'émotion naître dans nos yeux et fondre comme neige au soleil, en larmes dans l'espace clos de leur coeur.
Je ne connais de
Maurice Carême que quelques poèmes ânonnés à l'école.
Je découvre ici un homme sachant écrire des poèmes sublimes avec une grande simplicité de coeur. Il a écrit "
Femme" en 1946.
Maurice Carême, poète et écrivain belge, né à Wavre le 1é mai 1899 et décédé à Anderlecht (Bruxelles) le 13 janvier 1978 à l'âge de 78 ans.
Il existe une Fondation
Maurice Carême.
Ci-dessous, un choix de 7 poèmes correspondants aux 7 séries, dans le même ordre.
Très difficile de faire un choix, ils sont tous superbes. Je vais choisir les plus courts.
Plus belle, plus sincère et plus vraie que moi-même,
Tu deviens chaque jour un peu mieux ce que j'aime,
Tu deviens peu à peu cette
femme éternelle
que je n'osais rêver si mienne et si réelle.
Tu es la seule sur la terre
A comprendre mon coeur mouvant.
Aujourd'hui, je pense à ma
mère
Qui lisait dans mon coeur d'enfant.
Tu es la seule sur la terre
A pouvoir lire plus avant.
Un jour, tu le pris dans tes mains
Mon coeur distrait qui n'était rien
Qu'un peu d'argile frémissante.
Tu en fis un beau vase humain,
Et tout ce qu'on y verse chante.
Je ne t'apporte qu'un amour
Naïf comme une pâquerette,
Des chansons maladroites faites
Avec des mots de tous les jours
Et ce corps gauche et sans beauté
Que la vie a trop tôt voûté.
Mais je sais ta bonté pareille
A ce vent d'avril qui recueille,
Au plus profond de la forêt,
Le chuchotement d'une feuille
Mal repliée sur son secret.
Sont-ce mes mains, sont-ce tes mains,
Et sais-je quel est le visage
Que je caresse si lointain
Qu'il prend peu à peu le dessin
D'un paysage à ton image ?
Ne cherche pas plus loin,
Voici de la bruyère.
Mets ta main dans ma main
Et laisse la lumière
Nous montrer le chemin.
Femme, dont le sourire a parfois la tristesse
Des vergers lourds de fruits qu'un dernier soleil dore,
Je voudrais te polir un merveilleux miroir
Où, défiant l'inquiétude et la vieillesse,
Chaque fois plus aimée tu pourrais te revoir.
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