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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Emilie Carles, 1900-1979, une institutrice comme on en fait plus…
D'abord, parce que maintenant, on « forme » des Professeurs des Écoles » et ensuite parce qu'on ferme les écoles de campagne, particulièrement en montagne. Or l'école et la montagne sont les deux centres d'intérêt principaux de d'Emilie Carles… Ajoutons à cela un engagement politique autour des mouvements anarchistes et libertaires, ainsi qu'un combat local contre la traversée de sa chère montagne par une autoroute, pour fignoler le portrait.

« Une soupe aux herbes sauvages », très largement autobiographique, raconte la vie en montagne et la difficulté de cette vie même au plus près des montagnards : trente deux chapitres comme autant de chroniques…qui traitent du quotidien.
Un texte de fin de vie - édité en 1977, deux ans avant la disparition de l'auteur - pour cette institutrice qui aura fait de la montagne et de l'école, les deux pôles d'une vie bien remplie ; non pas comme un bilan… comme le témoignage d'un passé révolu.
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Un seul mot suffit quelquefois pour qu'un livre remonte les étages de ma PAL : Briançon, ville de mon dernier séjour de vacances. Allons-y! En fait, Val-des-Prés où Emilie Carles naît avec le vingtième siècle. Fille de paysans, elle raconte sa vie durant 77 ans, traversant deux guerres, dans une vallée enclavée des Hautes Alpes.

Il en fallait alors de la volonté pour travailler aux champs de 5 à 7 heures avant de faire 7 kms pour aller à l'école! Si Emilie a pu poursuivre sa scolarité, elle le doit au démarchage de la directrice. Elles se sont malgré tout heurtées à l'opposition du père mais aussi des frères et soeurs qui travaillaient déjà à la ferme. On voit ainsi toute l'importance qu'eurent les bourses car si en plus il avait fallu payer!
Elle sera institutrice quand même mais cumulera ce métier avec les travaux de la ferme.
Quelles difficultés ensuite pour faire accepter son mariage parce que le futur n'avait pas de biens! c'était un ouvrier plutôt anarchiste, il faudra de la volonté à Emilie pour braver la vindicte familiale.
Que de médisances dont sera aussi victime le couple d'Emilie! les infox fonctionnent à la montagne.

Le récit est un peu moins enjolivé que dans les romans terroirs que je lis habituellement du type : "De la grive aux loups" de Claude Michelet. Son intérêt réside dans le vécu d'Emilie et de sa famille, avec, en plus, la révolte contre l'hypocrisie du milieu paysan. Ce n'est pas un portrait idyllique des hommes de la vallée qui est dressé, surtout lorsque la guerre exacerbe les comportements des "arriérés".
Lorsqu'Emilie Carle défend sa vallée de la Clarée contre le projet d'une autoroute traversante, elle écrit au président de la république en 1976 : "j'ai toujours vécu dans cette vallée, sans aucun doute la plus belle des Hautes Alpes...".

Au final, je suis allé dans les guides pour découvrir ce coin "Rien n'est beau comme ce couloir de verdure, de chardons bleus et de digitales où la route serpente et s'élève, traverse les villages de Val-des-Prés et Névache et croise des chapelles, des chalets petits et rustiques noirauds. Au bout, tout au bout comme un monde irréel de rocs arrondis et de pâturages nets comme du gazon anglais, semés de fleurs multicolores" nous dit le Guide du Routard des Alpes.
Mince, je suis passé à côté de cette vallée et le livre a décuplé ma frustration. Au moins l'aurai-je découverte et ai maintenant envie d'y aller, d'autant que l'Etat a renoncé à ses projets infrastructurels.
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Ce récit autobiographique d'une petite paysanne devenue institutrice engagée, c'est un peu le chant de la terre et du travail des hommes.
Cette soupe, ce bouillon de culture, ce chemin de vie parsemé des cailloux de la perte (la mère jeune, le frère à la guerre,la soeur puis plus tard la petite Nini) n'est nullement triste, car Emilie Carles l'a arpenté avec force et courage, cueillant par ci par là les herbes du bonheur jusqu'à sa rencontre avec Jean, son engagement politique à ses côtés,son féminisme et son admiration pour son homme, celui qui n'hésite pas à élever des pupilles en plus des siens quitte à manger des pissenlits.
On ne peut qu'admirer nous aussi cette femme têtue et dynamique qui a eu du mérite pour sortir de sa condition, n'hésitant pas à parcourir sept kilomètres aller,sept kilomètres retour jusqu'à Briançon, un cartable pupitre au cou pour réviser son brevet avant de s'en revenir, après sa journée d'études, labourer les champs auprès de son père.
A lire et à méditer. Autres moeurs autre époque!
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C'est un témoignage et une biographie vraiment touchants et émouvants.
La rudesse de la vie paysanne est fort bien décrite, l'attachement à la terre plus qu'aux enfants, les mariages arrangés qui, contrairement à ce que je croyais, avaient également lieu chez les plus pauvres, pour des questions de patrimoine, l'absence de bonheur, le travail à outrance et la fatalité comme horizon, et, petite lueur d'espoir, les changements lents dans les mentalités des gens.

Ce bouquin est un condensé d'humanité, toute, la belle et la moche, et son auteure est une femme absolument admirable, qui a porté à bouts de bras toute sa famille, frappée d'un nombre de malheurs considérable, et qui garde son espérance en l'humain tout du long, quand bien même ces humains ne sont guère recommandables...

Il est quand même à noter que l'absence d'attachement, d'amour familial, même, provoque nombre de désastres familiaux. La religion également, puisque, quelque part, elle en est à la base. Quand on est si puritain qu'on en est à pratiquer la sexualité avec des chemises de nuit à ouvertures "bien placées", comment voulez-vous qu'une quelconque sensualité ou tendresse en découle. Alors Emilie a tout rejeté de la religion, qu'elle a pris comme bouc émissaire, et je doute qu'elle aurait pu faire autrement car la survie, ça passe avant tout le reste, au final. Mais nul doute que l'ambiance familiale a aussi joué un rôle non négligeable dans l'ensemble des événements qui nous sont décrits ici, en plus de l'ambiance historique, car traverser deux guerres mondiales, avec les "progrès" des technologies fulgurants du 20ème siècle, c'est ce qui est arrivé de pire à cette génération, les pauvres... Comment voulez-vous que les générations post 1945 en sortent indemnes ? Impossible...
Nous vivons en France la plus longue période de paix qu'il y ait eu en ce moment-même. Rien que de cela, je suis reconnaissante.

Et je vous le dis en vérité : je croise les doigts pour que ça n'arrive jamais, mais avant d'arriver à envoyer mon fils comme chair à canon à la guerre, il faudra me passer sur le corps...
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Contrairement à ce que pourrait faire croire son titre, cet ouvrage n'est ni un conte rural, ni un recueil de nouvelles sur le quotidien paysan, mais une autobiographie. Mieux, un témoignage. Celui d'Emilie Carles, fille d'agriculteur née dans les Alpes et femme à la forte personnalité.

Dès son plus jeune âge, elle va se battre pour pouvoir poursuivre ses études alors qu'elle est destinée aux travaux des champs. Plus tard, elle bravera son père en épousant un ouvrier. Mais ses combats ne sont pas seulement personnels. Militante anti-armes, elle va également se révéler être une fervente défenseuse de la vallée de la Clarée. Elle veut protéger ces paysages de la construction d'une voie rapide et, par sa force de conviction et sa détermination, parvient, avec l'aide des habitants, à mettre fin au projet. Aujourd'hui, la vallée est classée et protégée et Emilie Carles est devenue la fierté du Val-des-Près.

C'est un ouvrage qu'on lit comme les souvenirs d'une proche. Les drames s'y succèdent plus souvent que les joies mais Emilie reste là, forte, emplie de convictions et portée par ses idéaux libertaires et pacifistes. Elle croit en son métier d'institutrice et veut ouvrir les consciences. Elle refuse de subir sa condition de femme et de paysanne et se fiche des convenances. Elle tombe mais se relève.

Ce livre m'a été offert lorsque j'étais (beaucoup) plus jeune mais ni sa couverture, ni son titre ne m'avaient tentée. Ce n'est que bien plus tard que je me suis décidée, assez réticente, à débuter sa lecture. Et ce fut une bonne surprise. Pas un coup de coeur mais un agréable moment. Même si l'impression de "je suis une super-héroïne" m'a parfois fait un peu tiquer, on ne peut nier que la vie et les combats d'Emilie Carles ont été courageux et qu'elle a fait preuve de modernité : née en 1900 et morte en 1979, elle était à la fois anticléricale, antimilitariste et anticonformiste.

Ce livre a fait l'objet d'un téléfilm.
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Une belle leçon de vie et de courage.

Émilie Carles ne mâche pas ses mots lorsqu'elle revient sur les injustices, les compromissions, les magouilles minables dont elle a parfois été la victime, mais elle revient vite à l'amour de ses montagnes et de l'humanité. Les portraits qu'elle dresse de son père, de son mari et de bien d'autres sont toujours nuancés, et le récit de sa vie et de celle de la vallée et de ses habitants est un témoignage important de ce que signifiait être un paysan de montagne au début du vingtième siècle.

Je ne m'attendais pas à tant de force et de conviction dans ce livre dont le titre pourrait laisser penser - à tort - qu'il ne s'agit que d'une apologie un peu fleur bleue de la vie en pleine nature. Émilie Carles nous conte au contraire avec simplicité les dures conditions qu'il faut accepter pour pouvoir chanter les beautés de ces terres ingrates.
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"Je suis Emilie CARLES, institutrice à la retraite, ..., et j'ai toujours vécu dans cette vallée, sans doute la plus belle des Hautes-Alpes".

Avec beaucoup d'humilité, Emilie CARLES nous raconte sa vie dans ce beau pays qu'elle aime. Elle nous parle de sa famille, de ses drames et de ses joies ; elle nous brosse un portrait éclairé de ses contemporains, notamment des campagnards fiers dont le quotidien est régi par des codes figés et archaïques.
Elle décrit sa vie, faite de hauts et de bas, sans s'apitoyer et sans porter de jugement.

Emilie CARLES force le respect par sa volonté, son courage et sa patience.

Un livre plein de sagesse.
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Ce livre ne m'inspirait pas mais alors pas du tout, il faut dire que ni le titre, ni la couverture ne sont tentants et pourtant, j'ai passé un bon moment en compagnie d'Emilie Carles. Emilie Carles est née avec le siècle en 1900 dans un tout petit village des Hautes-Alpes, où les habitants, coupés du reste du monde, vivent en grand partie en autarcie, récoltant leurs terres, élevant leurs bétails, fabriquant ce dont ils ont besoin...
C'est cette vie que l'auteure va nous raconter dans ce livre, écrit à la fin des années 70, il n'y a donc pas si longtemps que ça. Cette vie rude et cruelle, où la première chose qu'un enfant apprend c'est qu'il faut travailler dur du matin au soir, sans être malade, sans se plaindre, sans avoir aucune autre ambition que de rester dans le village et de reprendre les rênes de l'exploitation familiale.
J'ai aimé toutes les anecdotes que l'auteure raconte dans ce livre, son désir de voir évoluer les choses, elle qui a eu la chance d'aller à l'école et d'apprendre suffisamment pour pouvoir devenir institutrice, son parcours personnel, qui est très enrichissant quand l'envie de baisser les bras peut nous surprendre, en revanche, j'ai moins aimé l'aspect politique que prend le livre au fur et à mesure des pages, même si cela reste minime, ces passages m'ont un peu lassés.
J'ai été vraiment très surprise que les gens puissent vivre comme cela au début du siècle dernier dans les petits villages montagnards, je savais que la vie était dure, que tout le confort était loin d'exister, mais je ne m'attendais pas à ce que les gens vivent avec leurs bêtes dans la maison pour seul chauffage, que la vie d'un tout petit soit aussi insignifiante, que les plaisirs même les plus simples soient quasi inexistants... Bref, ce livre est une vraie découverte du monde rural à la montagne, mais aussi une vraie leçon de vie, je l'ai lu en 2018 soit 40 ans après sa sortie, mais je pense que ce livre a dû remuer plus d'une personne à sa sortie.
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Une soupe aux herbes sauvages, ce sont les mémoires de cette femme Emilie, qui est née en 1900 dans un petit village isolé du Briançonnais. On suit son parcours, ses difficultés, la vie de sa famille à travers la pauvreté, la guerre, le manque d'éducation …. Ainsi que ses combats pour améliorer la vie des siens, pour l'éducation, la réflexion et le libre arbitre mais aussi pour protéger sa vallée de l'urbanisation forcée ….

Ce livre m'a été prêté par mon amoureuse. Je lis assez rarement des livres type « mémoires » mais ce fut un vrai plaisir. Malgré quelques longueurs je l'ai trouvé très intéressant et la fin si actuelle à vraiment raisonné en moi.
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Pas amère la soupe d'Emilie.

Biographie d'une institutrice de montagne à une époque reculée dont seuls nos aïeuls peuvent se rappeler. le récit d'Emilie nous transporte dans ses montagnes hostiles, où les gens sont durs à la tâche et rétifs à la nouveauté. Où les mentalités séculaires et ataviques ont du mal à accepter la nouveauté, surtout quand elle vient d'ailleurs. Emilie continue son petit bonhomme de chemin, fidèle à ses idées, à sa conception de la vie. Un récit tout simple, écrit avec le coeur. Un téléfilm en a été tiré avec Annie Girardot. Je me méfie des films et ne l'ai donc pas vu. Je n'ai pas voulu que mon plaisir de lecture soit altéré par les images. Un réel bonheur de lecture que le récit de la vie de cette femme exemplaire, une mère courage admirable.
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