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Critique de meeva


Se laisser porter par une poésie empreinte d'innocence quand il s'agit de l'enfance, de cynisme quand il s'agit de la religion, d'élans lyriques pour sublimer le ressenti de la misère…


Emanuel Carnevali a une vision très lucide du monde dans lequel il vit et de sa situation.
Sa vie est marquée par la maladie et la souffrance.

Quoique, pour la maladie, dans son enfance…
Qui se souviendrait d'une broncho-pneumonie contractée avant un an ?
Qui n'a pas eu la scarlatine (disons plutôt la varicelle de nos jours) et une angine dans son enfance ?

Carnevali semble plutôt victime, comme Mark SaFranko l'a été lui aussi, de la gêne qu'il occasionne aux adultes par son état :
« Je pense que tous les soucis que j'ai causés auraient pu être évités si j'étais mort. Et quelle délivrance c'eut été ! »

D'ailleurs, ça me rappelle « un air de famille » quand Yolande dit :
« Mais Kévin, oh écoute. Je n'en peux plus. Il ne cherche qu'à me contrarier. Tu sais ce qu'il m'a fait mercredi ? Une otite. »


Par contre, son enfance est sans aucun doute marquée par les coups : sa mère le bat, son frère le bat, sa tante bat ses enfants à elle (pas lui). Ensuite, lorsqu'il vit avec son père, celui-ci bat son frère (pas lui, qui n'en vaut pas la peine).


Comme déjà dit par Bruno dans sa critique, « le premier Dieu », qui constitue le récit autobiographique, n'est pas palpitant, réunissant de nombreuses platitudes.
Pour ma part, les « autres proses » m'ont bien plus touché, en particulier « Home sweet home ».

Carnevali est parti vivre aux Etats-Unis, où il a survécu de petits boulots, voyant l'Amérique et ses belles promesses de bien bas.

« Puis, plus loin vers l'ouest, je progresse en pleine misère : les habituelles façades rouges, certaines d'un jaune pisseux, criblées d'innombrables fenêtres noires. Des torchons, bannières de la pauvreté, pendent aux fenêtres ; des vitres grises où la misère écrit, avec la poussière et la pluie, des choses que les locataires sont trop tristes pour vouloir cacher. En face de la tour, les becs de gaz obèses, endoloris par la rouille, affaiblis par des taches de peinture grise, grotesquement solennels. Dans ce quartier, les êtres humains préfèrent la rue au foyer ; aussi sont-ils tous dehors : les enfants jouent, les femmes cancanent, les hommes traînent. Des braises et des cendres échappées des poubelles trop pleines se dispersent sur le trottoir bosselé, ridé et crevassé. »


Carnevali contracte à l'âge adulte une encéphalite léthargique, un truc qui ne se soignait pas dans les années 1920.
Il croit sombrer dans la folie, entouré de souffrances, souffrance lui-même.

« Je suis resté sous l'épave de mon âme à demi détruite, haletant et tremblant. Des centaines de nuits de souffrances ont putréfié mon amertume et maintenant ça pue dans mes narines. »


Il y a en tout cas des points communs entre Fante, Bukowski ou SaFranko, c'est leur goût de la littérature, et le fait que ce sont des émigrés… (et plein d'autres en fait.)


« C'est un foutu métier, crois-moi ! Si l'écrivain dénude son coeur et ses blessures purulentes on le traite de porc sentimental. S'il est réservé, c'est un âne constipé. S'il est réaliste, il ne se porte pas bien ; et s'il est symboliste, le voilà ésotérique et incompréhensible. »





Un air en tête :

« Je n'ai pas d'avenir je n'ai qu'un destin
Celui de n'être qu'un souvenir c'est pour demain
Je n'ai rien à croire je n'ai pas d'espoir
Je n'ai plus de passion je suis en prison
Je n'ai pas de raison mais je n'ai pas tort
Je n'ai pas de maison mais je ne couche pas dehors
[…] »

Extrait de « Je n'ai pas » de Mano Solo :
https://www.youtube.com/watch?v=vb3Tm-604ng



Merci à Babelio d'organiser Masse Critique, merci à LaBaconnière d'y participer.
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