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Critique de jmb33320


« Et, de fil en aiguille, on en vient facilement à l'idée que le vrai monde se trouve de l'autre côté du miroir et que nous sommes, nous, les habitants du reflet. Phil le savait depuis sa petite enfance, et il en savait même un peu plus que les autres : car il savait, lui, qui vivait de l'autre côté du miroir. de ce côté-ci, qu'on lui disait être le réel, Jane était morte et pas lui. Mais de l'autre, c'était le contraire. Il était mort et Jane se penchait anxieusement sur le miroir où habitait son pauvre petit frère. »

On a beau dire, tout spécialement depuis cette rentrée littéraire et la parution de « Yoga » qui a reçu des critiques mitigées, et que je n'ai pas encore lu, Emmanuel Carrère reste pour moi source d'étonnement par la grande cohérence de ses obsessions. Dans cette biographie de Philip K. Dick, parue en 1993, il parvient déjà à tirer la couverture à lui et dévoile beaucoup de ce qui se trouvera dans « le Royaume », par exemple.

Il s'agit indubitablement d'une biographie de ce célèbre auteur de SF qu'était Philip K. Dick dans la mesure où les faits sont bien là, appuyés par des sources vérifiées. Rapidement on sent que le biographe a pris l'option de renoncer à tout recul sur son sujet. Il se produit même une sorte de prise de possession de l'esprit de Dick par Carrère, qui revit à travers lui.

Les deux premiers tiers du livre évoquent précisément les livres écrits dans les années 1950 et 1960, au risque de les divulgâcher, il faut le savoir. Et ils contiennent aussi bien des détails sur la vie privée chaotique de Dick.

J'ai trouvé le dernier tiers plus difficile à supporter, alors que l'osmose entre Carrère et Dick atteint son apogée. Dick n'écrit plus, prend énormément de médicaments mais, si l'on en croit les témoignages et son livre « Substance mort », peu de drogues. Sa paranoïa s'est considérablement aggravée, ce qui se traduit dans ce livre par une multiplication des interrogations théologiques et cauchemardesques autour de sa vie, ses croyances et son oeuvre.

Je n'ai jamais oublié la sensation de grand malaise éprouvé, alors que j'étais jeune ado, à la lecture de « Ubik » et de « le Dieu venu du Centaure », qui remettent en cause l'existence de ce qu'on appelle communément la réalité. Je pensais que cette bio allait me servir de tremplin pour retourner à cet auteur, au moment ou une intégrale de ses nouvelles vient de paraître en Quarto. Ce sera pour plus tard : je ne suis plus si désireux de retourner dans les enfers privés de Monsieur Philip Kindred Dick
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