Très grande fan d'Alexia Tarabotti et du Protectorat de l'ombrelle, c'est donc logiquement que j'ai tenu à me faire une idée sur le premier tome de cette série dérivée qui se déroule dans le même univers, vingt-cinq ans plus tôt. J'avais bien compris qu'il s'agissait d'une série (très) jeunesse, mais je m'attendais quand même à retrouver tout le piquant et le cocasse de l'auteure, ainsi que la succession de péripéties rocambolesques qui fait sa marque de fabrique. Or, au fur et à mesure de mon avancée, mon intérêt, d'abord titillé par les retrouvailles avec cet univers steampunk et victorien à nul autre pareil, s'est littéralement évaporé, au point que j'ai poursuivi ma lecture sans enthousiasme. Disons-le, je me suis ennuyée pendant la moitié de ma lecture malgré les éléments appréciables qu'elle offre.
Quand on lit du
Gail Carriger, on s'attend à retrouver son style d'écriture très ironique, plein de réflexions malicieuses et de comparaisons animalières en tout genre. Ici, la patte de l'auteure est là, mais seulement en surface. On peut excuser cela par le fait que nous sommes en jeunesse, que la plume se doit d'être diluée, mais hélas les vrais fans déplorent de ne pas retrouver le panache que ce style unique confère aux personnages qui gravitent autour de l'héroïne comme c'était le cas dans le Protectorat de l'Ombrelle. Et c'est bien là que le bât blesse en général ; on reste dans le superficiel à tous les niveaux, que ce soit dans les convenances avec un langage qui fait souvent tiquer, ou encore dans les rapports entre personnages juste mignons et utiles à l'histoire mais c'est tout.
Côté intrigue, elle s'annonce prometteuse, mais elle est oubliée en cours de route au profit de la présentation du Pensionnat et lorsqu'on y revient, c'est pour un dénouement rapide et peu palpitant.
La seule chose qui a finalement sauvé l'ensemble, c'est l'univers semblable et différent à la fois. Semblable, car nous sommes toujours dans une uchronie où loups-garous et vampires sont intégrés dans la bonne société londonienne. Différent, car beaucoup plus mécanique avec quantité de références steampunks (dirigeables, valets robotisés humanisés dans leurs réactions…) et beaucoup de descriptions scientifico-techniques.
Outre cela, la voix du personnage principal, Sophronia, est agréable, elle porte bien la narration, et son côté téméraire apporte de la fraîcheur dans cette société guindée à laquelle elle doit s'acclimater. C'est une jeune femme à l'esprit aiguisé et une meneuse née, ce qui est forcément une recette qui marche.
Autre point appréciable, nous retrouvons certains personnages croisés dans la série d'origine. A noter également qu'on aura tous envie d'adopter un Bumbersnoot, le mechanimal au physique de teckel.
Étiquette & Espionnage est le premier tome d'une série jeunesse, vraiment jeunesse, qui offre un univers mécaniquement dense. le concept de l'école pour espionnes était bon, il est d'ailleurs sympathiquement exploité au regard des leçons dispensées, même si elles deviennent vite indigestes. Globalement, à cause d'un manque de profondeur des personnages et d'une évolution assez plate de l'histoire, on finit par s'enliser en cours de route jusqu'à un dénouement qui nous laisse stoïque.
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