Citations sur Les autodafeurs, tome 3 : Nous sommes tous des propag.. (34)
- C'est quoi son truc à ta soeur ? Elle a des yeux de chat ou quoi ?! me demanda Lorenzo, un poil vexé, en se posant sur le banc à côté de moi.
J'étais concentré sur Inès, mais Néné répondit à ma plce.
- Ouais, des yeux de chat, la précision d'un laser, la froideur d'Hannibal Lecter et la mémoire d'un ordi...n'essaye même pas de lutter, mec, c'est perdu d'avance !
Il n'y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Cherchez bien, vous verrez que même les héros les plus modernes, comme ceux d'Hunger Games...ben ils ne pissent pas ; ils passent des jours à se battre, à s'entretuer et à s'embrasser...mais jamais il y en a un qui s'éloigne pour avoir un peu d'intimité !
Alors je sais ce que vous allez me dire la même chose que ma prof de français quand je lui avais posé la question : " L'auteur fait une ellipse, parce que faire pipi/caca n’apporte rien à la narration" .... certes !
( p 269/270)
- T'es vraiment trop con ! J'en ai rien à faire de cette nana, t'as vu sa dégaine ? Pas un poil sur le caillou, des muscles de mec et cet air agressif qu'elle a ! C'est pas une fille, c'est un rottweiller, j'étais même surpris de l'entendre parler tellement je m'attendais à la voir aboyer.
- Ttttt, on ne me la fait pas à moi, me coupa Néné. Si elle ne t'intéresse pas, explique-moi pourquoi tu as pris une douche juste après l'avoir rencontrée alors qu'on te supplie tous de le faire depuis des jours ? Alors ? T'avais chaud ? T'as vu de la lumière dans la salle de bains alors t'es entré, ou t'as enfin compris que tu ne pourrais pas servir d'arme chimique contre les Autodafeurs ?
Les États ont arrêté d'apprendre à lire, à écrire et à dessiner aux enfants autrement qu'à l'aide d'un clavier et d'un écran.
L'écriture manuscrite et le dessin ont mis moins de quinze ans à disparaître et, avec eux, les livres, papiers et crayons.
Devenus inutiles, les livres ont fini par être détruits pour laisser place à de grandes bibliothèques numériques permettant aux États de contrôler la totalité de ce que nous lisions et écrivions. D'ailleurs la majorité des livres n'était plus "lue" mais "vue", transformée en films prédigérés et prémâchés pour des populations pressées et passives ayant renoncé à tout effort intellectuel. (p.300)
Après des siècles d'insouciance, quand les hommes ont pris conscience que les ressources n'étaient pas inépuisables et que leur course effrénée à la consommation, tout en creusant les inégalités, les conduisait à leur perte...ils ont eu peur.
nous avons suivi la piste du "Livre qu'on ne peut pas lire.
Pendant une fraction de seconde, j'ai cru que j'avais mal entendu et j'éclatai de rire.
-Mais je croyais que c'était une légende, un truc comme l'Atlantide ou le Père Noël, le mythe fondateur de la Confrérie qui n'était là que pour donner une assise solide à notre Ordre à une époque où les hommes avaient besoin de merveilleux pour se fédérer.
Je sursautai ; malgré la cagoule de plongée qui masquait partiellement son visage, cette délicate voix de bourrin ne laissait aucun doute sur l'identité de son propriétaire.
- BG !
Oui, je sais, j'aurais pu faire mieux que de crier bêtement son nom. Par exemple, un truc du genre :
. Emphatique : Entre ici, Bernard-Gui, avec ton terrible cortège...
. Ironique : Tiens, je ne savais pas que la conférence annuelle des gros cons se tenait dans le coin !?
. Courtois : BG, quel plaisir de te revoir, et comment va ton père ?
. Grossier : Je savais que la merde flottait, mais grâce à toi je découvre qu'en plus elle sait nager.
. Poétique : Un jour comme celui-ci, de sang tombé du ciel,
Au beau milieu de trompes d'azur et de chevaux bipèdes,
La masse écumeuse du grand large
Créa BG qui, telle une vague, surgit de l'onde marine.
Oui, j'aurais pu mais, un, n'est pas Cyrano qui veut et, deux, sur le coup j'avais pas des masses d'inspiration...
Tous ensemble, nous étions les milliers de phrases d'un grand livre.
Ce que voulaient les Autodafeurs, c'était nous réduire à une unique page, une seule et grande page vierge pour imprimer leur toute petite, rachitique et misérable histoire (...)
La chose qui me faisait si peur depuis toujours, celle que je m'efforçais de tenir à distance pour ne pas souffrir, parce qu' aimer c'est se mettre en danger, c'est souffrir de la souffrance des autres, c'est pleurer leur disparition, c'est mourir de leur mort, se perdre dans leur absence. Césarine.