Elle n’avait laissé vagabonder son esprit qu’une fois en Méditerranée. A quoi ressemblait donc son futur époux ? Elle n’avait pas réussi à apprendre grand-chose sur lui. On ne lui en avait brossé qu’un portrait très succinct: il était jeune, et déjà d’une vingtaine de royaumes se trouvaient à cette époque attachés à la Couronne d’Angleterre. Dans son souci d’étendre son empire à l’ensemble du littoral égéen, la reine avait aussitôt décidé qu’Aldrina comblerait parfaitement les vœux du souverain.
Si, à dix-huit ans, la perspective de changer de vie avait effrayé la jeune fille, celle de régner sur un pays, aussi petit fût-il, l’avait en revanche enivrée. Et puis, Saria jouxtait la Grèce dont l’histoire et la mythologie la fascinaient depuis sa plus tendre enfance.
On ne la lâchait jamais d’une semelle ! Si seulement elle avait pu s’enfuir… La douceur d’une promenade solitaire dans le jardin ou, mieux, la sérénité d’une plage à parcourir… Elle se lamentait en silence :
« Comme nous étions heureuses, maman et moi, l’année où, à force d’économies, elle avait loué une petite maison au bord de la mer ! Je voudrais tellement y retourner et vivre les pieds dans l’eau ! »
Grisée par tant de luxe, elle avait d’abord négligé un aspect du mariage : qu’un homme se tienne à ses côtés, qu’il la guide, la protège. Il l’aimerait… Que connaissait-elle de l’amour ? L’innocence inhérente à sa jeunesse la remplissait d’anxiété.
Ce serait une grossière erreur si elle admettait connaître le prince Terome de réputation. Un jeune homme dépravé, certes, mais auquel le prince Inigo n’avait certainement rien à envier !
Je ne supporte plus d’être continuellement assaillie, sollicitée par tout le monde ! Je suis contrainte de subir un nombre incalculable de discours, c’en est une véritable torture !