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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ah, quand une rumeur circule dans un village et que chacun donne sa version, ça peut vite tourner au drame. Une BD originale, plaisante à lire
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Une petite ville comme il en existe tant en province.
Ni grande, ni petite.
Tout le monde connaît tout le monde.
Tout le monde a un avis sur tout.
Et comme rien ne se passe, le moindre événement devient le centre de toutes les conversations.
L'événement en question: le fils Gabory serait revenu.
La rumeur enfle, de maison en maison. le fils Gabory est revenu. Comment ose-t-il après ce qui s'est passé ?
Casenave et Rochier on construit leur histoire comme un long dialogue dont les protragonistes changent sans cesse. A chaque case, nous changeons de lieux et de gens, mais la rumeur continue son chemin, chaque phrase amenant un élément nouveau, indiscutable parce que tout le monde le sait bien, même si personne n'a rien vu et si les événements se contredisent entre euc.
La rumeur n'a pas besoin d'être vérifiée. Elle grossit, empoisonne certains esprits.
Jusqu'à ce que...
Je dois reconnaître ne pas aimer les petites villes, pour en avoir pratiquée une pendant plusieurs années. Il y a toujours quelqu'un qui tient quelque chose de source sûre. de préférence quelque chose d'inavouable de préférence. C'est plus grisant.
Dans cette bande dessinée, Casenave et Rochier suivent la rumeur. La véritable héroïne de cette histoire. Les colporteurs et les rares contradicteurs ne sont que des anonymes. Certains auront l'honneur de voir leur rôle s'étoffer, mais pour la majorité, ils ne sont que des visages anonymes, comme on en croise tous les jours. Des gueules quelconques croquées avec talent par Casenave. On fil des pages, le lecteur est pris à témoin, découvre le que l'on reproche au fils Gabory. On découvre surtout toute l'hypocrisie d'une petite ville qui a ostracisé plus ou moins consciemment un indivivu marqué par les circonstances, mais qui a ignoré le comportement d'autres, mieux installés dans la hiérarchie.
Ce livre est la chronique de la violence sociale, lorsqu'un groupe décide d'exclure un individu. Ce mécanisme est implacable, d'autant plus qu'il repose sur uun effet de masse. Pour harceler efficacement, rien de mieux que la bonne conscience de quelques dizaines de personnes de bonne foi, et de petit esprit si possible.
Et la rumeur ne s'arrête pas.
Elle peut même en faire naître une nouvelle...
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L'association entre Gilles Rochier et Daniel Casanave me paraissait improbable. Si j'apprécie les deux auteurs, je les imaginais mal ensemble. Quelle erreur ! le premier signe un scénario des plus originaux : raconter une histoire à partir de on-dit. Casanave dessine alors toute une galerie de personnages d'une bourgade qui discutent d'un fait divers… le tout pèse 80 pages et est publié chez Warum.

Quel bel ouvrage ! S'il est incontestablement expérimental dans sa narration, « Tu sais ce qu'on raconte » est également très accessible. Bien sûr, on se récupère que des bribes de conversation, qui construisent peu à peu l'histoire.

Le point de départ est simple : le fils Gabory est revenu prendre un café. de là, les événements s'enchaînent : pourquoi est-il revenu ? Peu à peu, on découvrir son histoire, sa famille, les raisons de son départ… Et les vieilles rancunes surgissent : et si le môme était venu se venger ?

La multitude des personnages permet de dynamiser la narration. Certains savent des choses, d'autres questionnent… le tout rebondit de case en case et happe le lecteur. À force de ressasser le passé, une nouvelle histoire surgit, dans le présent cette fois-ci. Ainsi, on découvre à la fois le passé du fils Gabory, mais on suit son retour…

On ne va pas se le cacher : quand on ferme l'ouvrage, on s'attendait à une fin plus percutante (quoique…). Une petite pirouette supplémentaire pour atteindre le nirvana des ouvrages conceptuels ? Malgré tout, la fin du livre suffit à combler nos désirs et fait de l'ouvrage une indéniable réussite, tant dans le concept que dans sa réalisation concrète.

Daniel Casanave avait la lourde tâche de dessiner ce livre original, où les personnages récurrents restent des anonymes que l'on voit trois ou quatre fois dans l'ouvrage. Il fallait donner vie aux personnages, même, en les voyant peu. C'est plutôt réussi. Son trait fait merveille pour dessiner une petite bourgade et ses habitants. le choix du dessinateur est particulièrement pertinent ! La bichromie est bien utilisée et met en valeur son trait dynamique.

« Tu sais ce qu'on raconte » est un beau bouquin, le genre que l'on pourrait citer en exemple de narration. Car si les racontars nous apprennent beaucoup de choses, il reste beaucoup de zones d'ombre et le fin mot de l'histoire ne sera pas révélé. Au lecteur, devenu habitant de la bourgade, de se faire son propre avis…
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Après deux ans de silence radio et une sale affaire au cul, le môme Gabory rentre au village. Ca n'est pas sans émouvoir la faune autochtone.

Atypique et agréable narration, qui ne lasse pas, que celle choisie par les auteurs de « Tu sais ce qu'on raconte ». Sur le principe du « téléphone arabe », l'histoire se révèle à nous au fur et à mesure des ragots d'une ville, de la bouche de tous les villageois qui ont leur idée sur la situation, des dossiers sur le môme, par bribes d'informations, tantôt pesées, tantôt infondées, parcellaires et subjectives.

Quel est le vrai du faux dans tout ça ? Connaîtrons-nous jamais le fin mot de l'histoire ? Peu importe, la forme supplante le fond, l'ellipse y règne en maîtresse, car l'enjeu sous-jacent est de placer le lecteur en parfaite immersion, au coeur du village, en plein dans cette confusion collective qui soulève la petite ville, du maire aux gendarmes. Une vraie réussite, un plongeon maîtrisé dans le tapage d'une foule, les raccourcis faciles, entre ouï-dires et racontars (qui fait écho à des tristes périodes de l'Histoire).

On se surprend à tourner les pages de ce livre avec empressement, à mener l'enquête à toute berzingue. Gilles Rochier et Daniel Casanave révèlent avec brio le jeu des conclusions hâtives, l'ineptie de la rumeur, la vacuité du tapage. Brillant de réalisme. Et la chute tombe parfaitement.
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Très bon ! L'art de raconter une histoire sans jamais montrer les protagonistes, en la suggérant par toutes les rumeurs colportées quelques années après, dans tout le village... On arrive à avoir une vague idée de ce qui s'est passé, mais très parcellaire et sujette à toutes les interprétations faites par les cantonniers, la fleuriste, la punk, les couvreurs, les collègues de travail, une petite famille, les notables, les piliers de bistro, une vieille dame, les instits, le médecin, l'infirmière, les cyclistes, et bien d'autres encore... On en apprend plus sur la mentalité de chacun que sur ce qui s'est réellement passé. J'aime beaucoup l'intervention sur la dernière page, qui remet en question le démarrage de la rumeur.
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Daniel Casanave a mis son dessin énergique et naturaliste (= dessin d'observation) au service d'une fable presque surréaliste proposée par Gilles Rochier.

Tout part d'une rumeur, jaillie d'on ne sait où, qui s'insinue par les fenêtres des maisons d'une ville de province, en ressort pour faire un tour par l'épicerie principale, change brusquement de direction sur le rond-point central... on croit alors qu'elle va aller se perdre dans la campagne, s'y dissiper... mais non, elle s'accroche, comme un morceau de chewing-gum collé à une semelle, impossible de s'en défaire ! Cette chose si inconsistante et si humaine en même temps va faire des dégâts sur son passage...

Mettre en scène la rumeur était une gageure, et D. Casanave et G. Rochier ont sur relever le défi. Astucieusement, les auteurs ont situé ce personnage inquiétant, ô combien moderne, dans une ville de province ; désormais la rumeur court à l'échelle du globe, propagée surtout par les médias, qui se livrent une concurrence farouche pour publier tel ou tel "scoop", qui s'avère parfois un gros bobard. La précipitation de la presse à livrer à ses clients une information toute fraîche l'entraîne à commettre des erreurs, voire à fabriquer l'information de toutes pièces.

N'y a-t-il pas une ressemblance avec des commérages, récemment, dans les propos et attitudes de certains chefs d'Etat occidentaux lors de leurs shows télévisés "urbi et orbi" ? Ce comportement fait écho à l'intérêt des journalistes pour les détails salaces de la vie privée des grands de ce monde.

La rumeur est également un phénomène considérable dans le domaine de la finance et de l'économie ; il est possible de bâtir aujourd'hui -certains fainéants de génie en sont capables- une fortune colossale sur une simple rumeur. Cela explique que la rumeur soit devenue une arme politique, en même temps que l'on s'efforce d'y trouver des parades. L'action politique s'en trouve paralysée.

La BD de Casanave et Rochier a le mérite de montrer que la rumeur est profondément humaine, bien plus que n'est la vérité ou l'expérience scientifique. Difficile d'imaginer une société sans rumeur. La rumeur est "quantique".

Qu'il s'agisse d'une ville de province ou de l'échelle planétaire, la mécanique de la rumeur est la même. Si ça se trouve, la prochaine guerre mondiale sera déclenchée par une simple rumeur ?

Un petit album, donc, qui peut amener à une réflexion plus large.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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