Un marchant dit un soir à ses deux grands fils :
- Demain, j'exige que vous me racontiez votre rêve de la nuit. Celui qui refusera sera puni. Compris ?
L'autorité d'un père pouvait-elle s'étendre jusqu'aux rêves ?
Quel mérite y a-t-il à garder un secret, quand nul ne cherche à le percer ? Quel courage y a-t-il à se taire, quand personne ne vous oblige à avouer ?
Sa marche ne dura-t-elle qu'un instant ou toute une vie ? Peut-être l'un, peut-être l'autre. Dans le monde d'en bas, il est impossible d'être précis.
Tant que l'on ne pourra pas compter les grains de sable de la mer ou les gouttes de rosée au printemps, on ne pourra dénombrer les guerriers qu'Ivan-tsarévitch avait tués.
Les parents ont autorité sur les enfants et ils doivent l'exercer. C'est une loi éternelle.
Evariste Galois fait partie de ces êtres qui ne s'apprivoisent pas. Mathématicien de génie, provocateur irrésistible, républicain militant, il a traversé le début du XIXe siècle telle une comète. Flamboyant, éphémère. Mort à vingt ans pour une querelle de pacotille, il aura malgré tout eu le temps de d'être arrêté deux fois, jugé, incarcéré en prison pour crime politique, et, bien sûr, de marquer l'histoire des mathématiques. Evariste a mené, à cent à l'heure, une vie digne d'un roman. Jacques Cassabois nous livre ici le récit de ses dernières années, dont il nous lit le premier chapitre.