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Critique de Dandine


Un salvadorien exile, professeur d'histoire de l'art au Canada, revient a San Salvador pour les funerailles de sa mere. Un retour apres 18 ans d'absence qui tourne au cauchemar. Il deteste tout ce qu'il voit, autant sinon plus qu'il le detestait quand il etait parti. Il cite un vieil ami, Moya (un double de l'auteur?),le seul a qui il voudrait parler, le seul de qui il croit pouvoir etre compris.


Et nous voila partis pour un monologue torrentiel, ininterrompu, de quelques heures, ou il deverse, haineux, tout le degout que lui inspire son pays natal, ses habitants, ses moeurs et ses coutumes. Buvant du whisky, vu qu'il trouve la biere locale infecte, il vomit sa bile sur les politiques, tous des criminels; sur l'eglise qui enterine cyniquement leurs turpitudes et leurs injustices; sur la population, tous des ignares n'ayant jamais lu un livre, tous peureux face aux gangs de “maras" maffieux qui proliferent, tous serviles devant la police et l'armee qui ne sont qu'une autre sorte de bande de malfaiteurs. Tout y passe. Il ne pardonne rien ni personne. La ville, puante, pestilentielle, infestee de bestioles malveillantes, est un chaos architectural sordide, crasseux. L'eau y est contaminee et meme la biere locale provoque la diarrhee. La gastronomie n'est pas en reste, les “supusas au chicharron" dont tous se delectent, graisseuses et indigestes. La famille, le sens donne en cet endroit a la famille, ignominieux, les hommes hantant des bordels sordide avec l'aval de leurs epouses. Sa propre famille, celle du seul frere qu'il ait, abetie par la television, est cupide et ne pense qu'a lui voler sa part d'heritage.


Un monologue qui n'est pas une critique mais un matraquage de tout ce qui est salvadorien. Presque un anatheme. Et le denomme Moya du recit ecoute sans rien dire, sans interferer en quoi que ce soit. Je me demande donc si ce ne sont pas les vraies pensees de l'auteur, du Castellanos Moya reel, qui sont versees la. En tous cas c'est ainsi que cela a ete ressenti dans son pays, d'ou il a du fuir suite a des menaces. Et en fait dans le seul autre livre que j'ai lu de lui, Moronga, il est aussi tres critique du Salvador, qu'il decrit gangrene par les “maras", les gangs, et ou les anciens guerilleros de la guerre civile sont vite devenus des autocrates corrompus. Mais cela n'atteignait pas le paroxisme de la critique de ce livre, cette condamnation sans appel, justement intitulee le degout.


Ce n'est que vers la fin que l'exile imprecateur notifie qu'il a change son nom. Il s'appelle desormais Thomas Bernhard. Ah, bon! Ce livre est donc un exercice de style, dans le genre du celebre auteur autrichien. Des phrases longues a la Bernhard, repetitives a la Bernhard, et un denigrement, mechant et gratuit, de la societe ou il vit, a la Bernhard. Mais la comparaison s'arrete la. Bernhard l'autrichien, si j'essaie de me rappeler de vieilles lectures, a plus d'humour, et il se denigre lui-meme beaucoup plus, ce qui rend ses ecrits plus jouissifs. D'un autre cote Bernhard a ete, malgre quelques critiques, tres bien accepte en son pays, ayant meme recu des prix, alors que Castellanos Moya a ete pratiquement chasse du sien.


Pourquoi des ecrivains tentent de copier des modele qu'ils admirent? Castellanos Moya a bien fait par la suite de developper sa propre veine. Et si je dois donner un conseil, lisez plutot Moronga que ce livre-ci.
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